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DU CHLORDÉCONE EN EUROPE

Par Raymond Bonhomme
 DU CHLORDÉCONE EN EUROPE

Un insecticide, le Kelevan, a été abondamment utilisé en Europe pour
lutter surtout contre le doryphore de la pomme de terre. Il se dégrade
dans le sol en quelques semaines et le principal produit de cette
dégradation est le chlordécone, très stable, qui va se retrouver
pendant plusieurs siècles dans les sols, les eaux, les animaux et les
plantes cultivées.

Le Kelevan est un insecticide de synthèse produit à partir de la
condensation de chlordécone et d’éthyl levulinate ; son «CAS
number» (numéro d’enregistrement dans la banque de données du
Chemical Abstracts Service, www.cas.org) est 4234-79-1. La majeure partie
(99 % selon [1]) du chlordécone produit aux USA (environ 1600 tonnes
entre 1951 et 1975 [3]) a été exportée en République Fédérale
d’Allemagne où elle a servi de base pour la fabrication du Kelevan,
commercialisé aussi sous la forme de Despirol (poudre mouillable
contenant 50% de Kelevan). Le Kelevan a été distribué en Allemagne par
Spiess and Sohn, Chemical Fabrik, à destination surtout de l’Europe de
l’Est et de l’Irlande. Parmi les produits chimiques à usage agricole
commercialisés par Sandoz (industriel suisse) il est signalé que
«l’Europe de l’Est fait grand usage de l’insecticide Despirol…»
[7].

Le Kelevan a été utilisé surtout comme insecticide pour le contrôle du
doryphore de la pomme de terre (Leptinotarsa decemlineata, «Colorado
potato beetle») [10]. Mais il a servi également comme moyen de lutte
contre le charançon du bananier (Cosmopolites sordidus, «banana root
borer») et contre d’autres charançons des betteraves (Tanymecus
palliatus) et du maïs [10] et [11]. “Reference has been made to the use
of Kelevan in central and southeastern Europe [6] and in South America”
[1].

La dégradation de ce Kelevan est assez rapide, mais elle conduit à la
formation de chlordécone : “It is degraded quite rapidly by
biotransformation and abiotic degradation to other caged structure
products. The half-life of kelevan in soil has been reported to be 5-12
weeks. However, its major metabolite, chlordecone, persists in the soil
for several years” [10].

En Espagne l’autorisation d’utilisation du Kelevan a expiré en 1975,
mais en République Fédérale d’Allemagne l’interdiction date
seulement de 1982, et de 1984 en ex-RDA. En Hongrie et dans l’URSS, le
Kelevan était toujours enregistré en 1986 [10], et il a été banni
seulement en 1999 en Estonie. Parmi les 10.000 tonnes de pesticides
non-utilisés en Pologne, et donc stockés dans 350 « tombes », les
insecticides organochlorés représentent 114 tonnes dont 20 tonnes pour
le Kelevan [2].

Les pesticides Despirol P et Novozir MN 80 (un fongicide contenant un
dithiocarbamate), récemment introduits ([8], en 1973) peuvent être
considérés « as toxic chemicals to fish », la dose létale de kelevan
pour la perche étant de 5,0 mg/l, et de 0,1 mg/l pour la truite
arc-en-ciel. Cette publication présente une description clinique, et des
photos patho-anatomiques, de l’intoxication.

Lorsque le Kelevan est appliqué à 0,6 kg/ha, ses résidus se retrouvent
dans le sol et dans les racines de pomme de terre en cours de végétation
[5]. Avec une application, recommandée, de 0,3 kg/ha, des résidus de
Kelevan et de chlordécone, respectivement de 0,02 et 0,04 mg/kg, ont
été retrouvés dans des carottes cultivées après une culture de pomme
de terre traitée. Des résidus ont également été trouvés dans les
feuilles et les racines de betteraves et dans des colzas d’hiver et de
printemps (jusqu’à 0,06 mg/kg) [4].

Conclusion de l’article [10] : “No carcinogenicity studies are
available for Kelevan. However, there is sufficient evidence of the
carcinogenicity of its metabolite chlordecone in animals. In view of the
sparsity of available data, it is impossible to arrive at an informed
evaluation of Kelevan with regard to its danger for workers, the possible
consumer hazards from food residues, or its impact on the environment.
Thus, as Kelevan is converted to chlordecone in the mammalian body and in
the environment, and as the available toxicity data are similar to those
on chlordecone, the evaluation for chlordecone [9] should also largely
apply to Kelevan, unless further data to the contrary become available.
In practice, this means that, unless Kelevan is indispensable, it should
not be used”.

[1] Cannon, S.B., Veazey, J.M., Jackson, R.S., Burse, V.W., Hayes, C.,
Straub, W.E., Landrigan, P.J., Liddle, J.A., 1978. Epidemic kepone
poisoning in chemical workers. Am. J. Epidemiol., 107, 529-537.

[2] Czaplicki, E., Podgorska, B., Rogalinska, M., Stobiecki, S., 1996.
Environmental Fate of POPs in Agricultural Location . Experience of
Poland. Stocholm Convention on Persistent Organic Pollutants (POPs)
http://www.chem.unep.ch/pops/POPs_Inc/proceedings/slovenia/czaplicki.html

[3] Epstein, S.S., 1978. Kepone-hazard evaluation. The Science of the
Total Environment, 9, 1-62.

[4] Figge, K., Rhem, H., 1977. On the behavior of the insecticide
“kelevan” and its metabolites in the ecological system potato field.
Z. Pflanzenkrankheiten und Pflanzenchutz, 84, 385-409.

[5] Krasnykh, A.A., 1980. Despirol residues in soil and potato. Khim.
Sel'sk Khoz., 18, 53-54.

[6] Maier-Bode, 1976. The insecticide kelevan. Residue Reviews, 63,
45-76.

[7] P. R. Mooney, 1979. Les semences de la terre. Une richesse publique ou
privée ? traduit de l’anglais par P. Chagnon, publié par Inter Pares
(Ottawa) pour le CCCI et l’ICDA.
www.etcgroup.org/upload/publication/pdf_file/573

[8] Svobodova, Z., Kocova, A., 1973. The toxicity of Despirol P and
Novozir MN 80 to fish. Bul. Vyzk. ustav. ryb. hydrobiol. Vodnany, 9, 2,
36-40.

[9] World Health Organization, 1984. Chlordecone. International Programme
on Chemical Safety, Environmental Health Criteria 43, Geneva.
http://www.inchem.org/documents/ehc/ehc/ehc43.htm

[10] World Health Organization, 1986. Kelevan. International Programme on
Chemical Safety, Environmental Health Criteria 66, Geneva.
http://www.inchem.org/documents/ehc/ehc/ehc66.htm

[11] World Health Organization, 1987. Kelevan. International Programme on
Chemical Safety, Health and Safety Guide No 2, Geneva.
http://www.inchem.org/documents/hsg/hsg/hsg002.htm

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