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DISPARITION DE PIERRE PINALIE

DISPARITION DE PIERRE PINALIE

Ceux qui connaissaient {{Pierre Pinalie}} le savaient malade, et n’ont pas été vraiment surpris de son décès, sauf que, peut-être, intervenu un peu brutalement – mais la mort apparaît toujours brutale. Sa disparition a été saluée par la Presse locale, car il avait été fort médiatisé de son vivant, étant jugé, à tort ou à raison, « atypique ». Mais atypique pourquoi, en somme ? Le simple fait qu’il fût leucoderme ne devrait pas faire oublier qu’il était, somme toute et avant tout, linguiste de profession et humaniste de conviction. Et c’est cet humanisme qui l’a conduit, tout naturellement, à mettre ses talents professionnels au service de la langue de son pays d’adoption. Peut-être eût-il agi de même pour le catalan s’il avait fait sa vie à Barcelone, ou pour le kabyle s’il avait choisi la Djurdjura. Loin de lui rendre hommage, c’est un comportement parfaitement réducteur que de mettre l’accent sur sa « blanchitude », comme certains se croient obligés de le faire.

Reste que les derniers mois de la vie de Pierre Pinalie ont été tristement marqués par la consternante polémique qui l’a opposé à ses anciens amis du GEREC-F, et singulièrement à Raphaël Confiant – et pas toujours pour des raisons purement linguistiques. J’en ai été personnellement très affecté, comme on l’est par le divorce d’un couple ami. Je ne me suis jamais mêlé au débat public, ne possédant pas les éléments nécessaires pour me permettre de porter un jugement. En outre, je n’avais nullement qualité pour le faire. Et, de plus, je me suis souvent trouvé en désaccord (pour des raisons différentes) avec l’un comme avec l’autre, surtout lorsque la querelle a pris – de part et d’autre – des allures violentes et outrancières. Je me suis borné à exprimer à l’un et à l’autre ma façon de penser, et ils m’ont répondu, toujours à titre personnel et privé, comme ils estimaient devoir le faire. Les deux hommes m’honoraient de leur amitié (j’espère ne parler au passé que pour l’un d’entre eux), et aucun d’entre eux ne m’a jamais réclamé l’exclusive ni le monopole de mon estime. Il est donc hors de question que j’apporte ici ma pierre , ni pour ériger à Pinalie un mausolée panégyrique, ni pour une lapidation post-mortem.

Sur le plan professionnel – et bien que n’étant pas moi-même linguiste – je pense qu’il convient de rendre aux travaux de Pierre Pinalie l’hommage qu’ils méritent, car sa contribution ne fut pas mince.
Sur le plan personnel, je crois sincèrement, je le répète, qu’il était un humaniste sincère et un homme de cœur. Peut-être est cela qui l’a conduit parfois à s’engager en des combats douteux pour des causes qui ne l’étaient pas moins. Certains ont pu parler, à son encontre, de double langage, l’accusant de souffler le chaud et le froid en fonction de ses interlocuteurs. Si c’est le cas, je le déplore, mais je ne l’ai jamais personnellement vérifié ; il est vrai que nos rapports étaient très épisodiques.

Je me souviens d’une série d’émissions sur la langue et la culture créoles qu’il animait le soir à la radio avec Mandibèlè… Je me souviens d’une rencontre qu’il a animée à l’Atrium lors de l’édition du premier roman de Jean Bernabé… Je me souviens d’une rencontre à la rédaction d’Antilla, alors que le magazine avait publié un de mes articles pour le vingtième anniversaire de l’assassinat de Che Guevara… J’ai encore quelques autres souvenirs de ce genre, et c’est eux seuls que je tiens à conserver. Pas les souvenirs qui blessent, pas les souvenirs qui fâchent.

Pierre était un ami, et j’en suis fier. A ce titre, je lui accorde le droit d’avoir pu parfois se tromper. Je reste convaincu qu’il l’a fait de bonne foi.

{{Miki Runek}} – août 2009

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