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"Dézafi" (1975) de Frankétienne, le premier roman en créole haïtien

"Dézafi" (1975) de Frankétienne, le premier roman en créole haïtien

      Dans nos pays, il y a des gens qui ne manquent vraiment pas d'air. Pour le dire plus simplement : qui font preuve d'un culot monstre.

     Par exemple, ces temps-ci, une manifestation a été organisée en Martinique autour de l'œuvre du célèbre écrivain haïtien FRANKETIENNE, auteur du tout premier roman jamais écrit en créole haïtien : "Dézafi" (1975). Le tout premier-premier, rappelons-le, fut écrit un siècle plus tôt par le Guyanais Alfred Parépou : "Atipa" (1885). Malheureusement, il ne fut pas diffusé, fut même considéré comme perdu avant d'être miraculeusement retrouvé à la Bibliothèque du Congrès à Washington et republié en 1982. Tel ne fut pas le cas de "Dézafi" lequel fut un vrai événement en Haïti.

     Sauf que l'élite haïtienne de l'époque, très franco-centrée, dut vite déchanter : l'ouvrage était très difficile à lire et d'aucuns le qualifièrent même d'illisible. C'est que FRANKETIENNE n'est pas un romancier au sens classique du terme qui construit une intrigue avec un début, une fin et un épilogue. Il est avant tout un poète, un immense poète, et quelqu'un qui a toujours cherché à briser les barrières entre les genres. Il est aussi homme de théâtre et comédien lui-même. Bref, "Dézafi" est un texte inclassable, un véritable tourbillon lexical qui déroute le lecteur non spécialiste du créole. Ce roman-poème-pièce-de-théâtre-essai utilise, en effet, un lexique propre aux gens du vaudou qui n'est guère familier aux 20% de lecteurs francophones haïtiens et même aux 40% de lecteurs créolophones (grâce aux différentes campagnes d'alphabétisation et à un journal comme Bon Nouvel).

   Ceci pour dire qu'un hispaniste, un angliciste ou un spécialiste de littérature française aura le plus grand mal à pénétrer dans cette oeuvre, sauf à se rapporter à l'auto-traduction qu'en fait l'auteur sous le titre "Les Affres d'un défi" (1979) lequel auteur écrit dans sa préface qu'il ne s'agit pas vraiment d'une...traduction. Ce n'est donc pas rendre justice à la puissance de "Dézafi" et au génie de Frankétienne, ce Grimo (Chaben) Fondamental, que d'en confier l'analyse, dans une manifestation publique financée par les impôts des contribuables, à quelqu'un qui n'est pas un créoliste.

   Cela porte un nom : c'est de l'escroquerie intellectuelle...

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