Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

DEUX TYPES D’HUMANITE…

DEUX TYPES D’HUMANITE…

A longueur de colonnes ou de plateaux de télévision, les grands médias nous bassinent avec le sort cruel du soldat israélien Shalit, des six infirmières bulgares incarcérées en Lybie, de Johnston, le journaliste de la BBC enlevé dans la bande de Gaza ou encore de la franco-Colombienne, Ingrid Betancourt. Nous sommes conviés à compatir avec le sort de ces personnes et à nous mobiliser pour exiger leur libération. Les gouvernements occidentaux, la Communauté Européenne, l’ONU etc…mènent une campagne tous azimuts pour obtenir leur libération au nom des « droits de l’homme ».

Il n’y aurait rien à redire à cela si toute cette agitation ne contrastait pas avec le silence, la désinvolture et le mépris dont font preuve ces mêmes médias et gouvernements soi-disant démocratiques quand il s’agit de victimes non-occidentales. Comme s’il y avait deux types d’humanité : l’humanité supérieure dont l’incarcération, la séquestration ou l’enlèvement est insupportable, intolérable même d’une part ; l’humanité inférieure, qui, lorsqu’elle subit les mêmes avanies, n’a droit qu’à deux phrases dans les grands journaux ou trois phrases dans les journaux télévisés.

Prenons le cas du soldat Shalit ! Tous les jours, ou presque, depuis quarante ans, l’armée israélienne n’a de cesse de tuer des enfants, d’abattre des militants politiques, de démolir des maisons d’habitation, de détruire les infrastructures et l’économie de Gaza et de la Cisjordanie, bref de tenir en otage 4 millions de Palestiniens, sans que cela déclenche la moindre réaction de protestation de la part des « droits-de-l’hommistes ». De temps à autre, brièvement, CNN, la BBC ou TF1 sont quand même bien obligés de nous montrer les petits cadavres de jeteurs de pierre palestiniens, mais comme dès le lendemain ou le surlendemain, il y en aura, de toutes façons, de nouvelles victimes du même type, on n’insiste pas. On finit même par s’habituer à la litanie qui suit :

« Ce matin, trois Palestiniens ont été tués à Gaza…Les syndicats se sont réunis pour discuter d’une action commune au sujet de…Le président Bush a reçu à la Maison Blanche le président…Le Real Madrid a battu l’Athletico de Madrid par 2 buts à Un… L’indice CAC 40 a grimpé à… »

Pas un jour ne passe sans que nous n’entendions que des Palestiniens, des Tchétchènes, des Tibétains soient massacrés. Pas un jour sans qu’une barque de clandestins ouest-africains ne se renverse dans le détroit de Gibraltar ou au large des îles Canaries, livrant au courant des dizaines de corps sans vie. Pas un jour sans qu’en France, un Arabe ou un Noir ne soit la victime d’une agression, d’une discrimination ou d’une exclusion quelconque. Pas un jour sans que des dizaines de clandestins mexicains et sud-américains ne se noient dans le Rio Grande ou ne meurent de soif dans le désert du Nouveau-Mexique ou de l‘Arizona, quand ils ne sont pas froidement abattus par des milices de citoyens étasuniens. La liste serait longue des humiliations, des souffrances et des crimes dont sont victimes tant de peuples à travers le monde.

Or que constate-t-on ? La vie de ces dizaines de milliers de gens ne pèse rien face à la seule vie du soldat Shalit ou celle des six infirmières bulgares. On pourrait même se livrer à une arithmétique sinistre et calculer combien vaut une vie d’habitant du Tiers-Monde par rapport à celle d’un habitant de l’Occident. Il est clair qu’on aboutirait au résultat suivant : un soldat israélien enlevé vaut deux cents enfants palestiniens abattus ; une infirmière bulgare incarcérée vaut cent Tchétchènes ou Tibétains chassés de leurs terres et bombardés au napalm. Et Ingrid Betancourt a de la chance d’être Franco-Colombienne car elle aurait été Colombienne tout court que personne ne se soucierait de son sort. J’exagère ? Très bien ! Citez-moi donc le nom d’un seul ou d’une seule otage colombien (ne) des FARC ! Car il n’y a pas que Mme Betancourt a être retenue en pleine forêt. Je prends le pari que vous êtes incapable de citer le nom d’un seul autre otage. Et pourquoi ? Parce que nous subissons tous un véritable matraquage de la part des grands médias occidentaux qui cherchent à faire le monde entier s’apitoyer sur le sort de deux touristes anglais ou français enlevés dans les montagnes du Yémen ou tel ingénieur étasunien kidnappé sur un champ pétrolifère au Nigéria, mais qui passe complètement sous silence les 250.000 victimes civiles irakiennes provoquées par les deux guères impérialistes menées par Bush père et fils. Qui banalisent les milliers de tués en Palestine, au Kurdistan et en Tchétchénie.

En fait, cette différence dans l’évaluation de la valeur humaine des victimes repose sur un processus d’anonymisation de celles qui sont issues du Tiers-Monde d’un côté et d’hypermédiatisation, de l’autre, des victimes occidentalo-israéliennes. Petit exercice : souvenez-vous du nom d’un seul enfant palestinien tué par l’armée israélienne ou d’un seul militant palestinien emprisonné ? Non, je présume. Et pourquoi ? Parce que ces noms sont prononcés juste le jour du décès de l’enfant en question ou celui de l’incarcération du militant et sont aussitôt oubliés le lendemain alors qu’à l’inverse, les noms du soldat Shalit ou d’Ingrid Bétancourt nous sont martelés jour après jour, semaine après semaine, mois après mois. Oui, il y a bien deux types d’humanité pour l’Occident : celles qui sont dignes d’être défendues et celles qui ne le sont pas. Car après tout, le soldat Shalit est un combattant ! Il fait partie d’une arme d’occupation qui bombarde, démolit, massacre. Qu’il soit enlevé est dans l’ordre des choses ! Dans les guerres, les victimes ne peuvent pas, quand même, être d’un seul et même côté. Quant aux six infirmières bulgares, de quel droit les pays européens s’immiscent-ils dans les affaires de justice libyenne pour exiger la libération de personnes jugées coupables ? Est-ce qu’un pays arabe quelconque a jamais exigé du tribunal de Bobigny qu’il libère tel militant islamiste ? Est-ce que la Côte d’Ivoire exige la libération de Youssouf Fofana ?

Quand on voit donc des Nègres-à-blancs antillais, pseudo-philosophes et grands bavasseurs du droit-de-l’hommisme, parader dans les structures hypocrites de l’Etat français, tel que la HALDE, on est en droit de se demander si ces gens-là agissent par cynisme, par haine de soi ou par bêtise pure et simple. Ou, explication plus vraisemblable, parce qu’ils sont achetés. Oh, pas bien cher ! Contre deux-trois billets d’avion et quelques nuits d’hôtel à Paris…

{ {{Raphaël Confiant}} }

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.