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... DE LA MUSIQUE AVANT TOUTE CHOSE (VERLAINE)

Thierry Caille
... DE LA MUSIQUE AVANT TOUTE CHOSE (VERLAINE)

                Le propre de la musique est de nous fournir, par le jeu des instruments, par le jeu des mouvements de l'esprit, des sensations, au sens rimbaldien. Ces sensations peuvent devenir des émotions. Ces émotions peuvent devenir des sentiments selon la nature de ceux qui l'écoutent. Il existe des chants révolutionnaires comme il existe de lancinantes et douloureuses mélopées. Nul ne peut s'approprier la musique car elle puise au plus profond de nous-même dans la diversité des destins et des histoires. Nul n'est feudataire de la musique qui telle un goéland flotte dans le temps, les cultures et les destinées. Mais elle porte souvent l'indicible, le peu de temps, le peu de mots. La musique n'absout aucun crime, aucun meurtre. Elle peut élever l'âme ou l'avilir selon les inclinaisons de l'âme qui se complait à la chute ou vise les cimes lointaines et escarpées de l'existence. Baudelaire en a parlé mieux que moi. Je veux humblement apporter quelques réflexions sur près de 40 ans d'expérience, de fréquentation solitaire des salles de concert en Europe. J'ai cru et je crois toujours que la musique pouvait changer le monde. Je parle de musique classique et d'opéra.          
            Par exemple je ne comprends pas que les dignitaires nazis aient écouté à Berlin, le Philharmonique dirigé par Herbert von Karajan, interpréter la célèbre 9ème symphonie de L.V. Beethoven, sans que cela n'ait modifié leurs objectifs abominables. L'adagio de cette symphonie, si subtil, si raffiné, si tendre est une invitation à l'humanisme le plus fort, le plus amoureux. Que dire du 4ème mouvement, le fameux hymne à la joie, sur des paroles de Schiller :alle menschen werden bruder, tous les hommes deviendront des frères. Les dignitaires nazis n'ont pas entendu cette symphonie, forfaiture, mascarade. Que dire de notre Marseillaise, un chant révolutionnaire dont les paroles laissent songeur : « … qu'un sang impur abreuve nos sillons ».C 'est quoi qu'un sang impur ? Que dire de l'hymne allemand, une partition de Joseph Haydn, avec des paroles ajoutées : Deutschland über alles, l'Allemagne au-dessus du monde. On est douteux si l'on touche aux symboles des nations,  le drapeau, l'hymne national … des fadaises. Et des larmes à l'œil, des larmes de crocodiles et d'imbéciles. Les nationalismes étriqués ont montré, au cours de l'histoire, leur ultime avatar, la négation de l'homme et ce à mille lieues, faut-il le rappeler, du monde d'Édouard Glissant, visionnaire sur le chemin que doit prendre l'humanité.

            Mais parlons de musique … Parlons de l'Hatik-wah, l'hymne national d'Israël depuis 1948. Le texte original a été écrit en 1878, et la musique adaptée d'une vieille mélodie populaire de Roumanie, en Moldavie. Cette mélodie est reprise dans différents pays d'Europe et figure le thème central du fameux poème symphonique la Moldau de Betrich Smétana, écrit lui aussi en 1878. Cette chanson connue alors encore sous le nom Tikvaténu (Notre espoir) est habituellement chantée dans les congrès sionistes à partir de 1901.  Depuis 1933, ce chant a été adopté comme hymne officiel du sionisme puis il est devenu l’hymne national israélien à la création de l’État en 1948. La loi officielle décrétant les symboles nationaux israéliens n’a été votée par la Knesset qu’en novembre 2004. C’est aussi le chant officiel de la résistance du ghetto de Varsovie  au début des  années 40. En voici les paroles :

Tant qu’au fond du cœur
l’âme juive vibre,
et dirigé vers les confins de l'Orient
un œil sur Sion observe.

Notre espoir n’est pas encore perdu,
cet espoir vieux de deux mille ans
être un peuple libre sur notre terre,
terre de Sion et de Jérusalem

être un peuple libre sur notre terre,
terre de Sion et de Jérusalem.

Une controverse a eu lieu en 2007. Le premier ministre arabe de l’histoire d’Israël Ghaleb Majadleh, a refusé de chanter Ha-tiqwah. Dans la polémique qui a suivi, le journal Haaretz a publié une mise en cause des paroles de l'hymne, qui devrait, selon Bradley Burston, pouvoir être chanté par tous les citoyens israéliens : « Israël a besoin d'un nouvel hymne, un hymne que les Arabes puissent chanter » … Peine perdue !

Maintenant voici la musique, une plainte douloureuse, mélancolique, un chant, une supplique, aussi lancinant que l'appel du muezzin à la prière ...

Je ne peux accepter que cette mélodie roumaine, que la Moldau de Smétana serve le nationalisme israélien, sur une terre qui ne leur appartient pas, pas plus que la musique qui sert ce nationalisme. Je ne peux accepter qu'une mélodie aussi triste et blessée serve un État belliqueux et racialiste. En voici une autre version, où tout est présent, le violon solo, la colombe de la paix, un tempo plus lent suivi d'un chapelet de « shalom » à n'en plus finir. Que veut dire la paix pour l'État d'Israël ? Propagande et martyrologie, négationnisme du peuple palestinien.

Je ne peux accepter que la musique soit dévoyée par un peuple qui a compté le plus de grands musiciens. Je pense à Ménuhin, Haifetz, Horowitz, Barenboïm, Rubinstein, Oïstrakh, Perlman et tant et tant d'autres. Aucun ne fut sioniste jusqu'à Albert Einstein dans un autre domaine qui refusa la place de Président d'Israël.

Pensant à la musique, je pense au Requiem de Gabriel Fauré, compositeur français de la fin du XIXème siècle, requiem que l'on critiqua comme étant une messe des morts pour les anges. C'est- bien à ceux-là que je veux dédier ce requiem : les 451 enfants palestiniens, tués par l'armée israélienne au cours du Blitz sur Ghaza, dans l'opération Plomb durci (source personnelle) en 2008., opération patiemment préparée pendant 6 mois, dans le secret, par l'armée et le gouvernement israéliens. Leurs rires, leur innocence, leurs jeux d'enfants ont été anéantis et ils se soucient peu aujourd'hui de la politique de la terreur voulue par leurs voisins israéliens et les errements du Hamas. Boucliers humains s'est contenté de dire le gouvernement israélien. Qui se souviendra dans quelques années de ce crime contre l'humanité, qui portera la mémoire de cet holocauste. Ce conflit est sans fin quand je vois les soucis d'Olivia Zémor, présidente courageuse de France-Palestine, l'acharnement de la justice française contre elle, pour des peccadilles, justice aux ordres. Alors je veux dédier le morceau le plus connu de ce requiem aux 451 sourires éteints des anges de la bande de Ghaza. Dans ma révolte, j'avais imaginé une république d'enfants israéliens et palestiniens comme il y eut la croisade des enfants … Avortée... Place à la musique de Fauré ...

Reciescant In Pace. Qu'ils reposent en paix. Quel repos ? Quelle paix ? Les formules sont pauvres ...Quand nos mémoires sont lancinantes et cruelles...

La Musique

La musique souvent me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile;

La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile
J'escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile ;

Je sens vibrer en moi toutes les passions
D'un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions

Sur l'immense gouffre
Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !

                                                                       Charles Baudelaire

 

                                                                                                          Thierry Caille

Photo du logo : ceci n'est pas une arme de guerre

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