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Covid-19 : contestation et désobéissance aux Antilles : quelle sortie de crise possible ?

Jean-Marie Nol
Covid-19 :  contestation et désobéissance aux Antilles : quelle sortie de crise possible ?

  La société antillaise accorde une grande importance à la culture de la contestation, au respect de la tradition et au principe d'égalité. Mais elle est aussi régulièrement secouée par toutes sortes de rébellions, de dissidences ou de désobéissance, voire par de véritables révoltes. 

 Si les formes de la contestation relevées sont variées et graduées, un ressort commun anime les Martiniquais et Guadeloupéens : celui de la défense de leurs droits et libertés. On se bat donc pour ses idées, jusqu’au bout s’il le faut. On défend ce que l’on croit être la meilleure solution, même si elle est irréaliste, et cela au prix d’un éventuel conflit qui fait souvent la part belle à la politique de la terre brûlée. Une réputation de peuples contestataires , habitués à battre le pavé et à bloquer le pays pour préserver ses avantages sociaux. Derrière cette image d'Épinal, que nous disent les défilés de rue sinon l'existence d'un fondement culturel à l’état d’esprit contestataire des martiniquais et guadeloupéens comme on peut l'entrevoir dans l'actuel mouvement de contestation syndical antivax ? 
 
 Politiquement, sur quoi cette colère pourrait-elle déboucher ? L’incertitude est totale. S’agit-il d’un soubresaut dans l’histoire des conflits sociaux en Martinique et Guadeloupe du secteur public et privé ou d’une simple parenthèse dans une histoire de bras de fer avec l'Etat ? Mais tout indique encore que cette crise inédite anti vaccination fera le lit de l’extrémisme. Et pourtant, la Martinique tout comme la Guadeloupe devraient être bientôt rattrapées par le tristement célèbre variant Delta, qui a tué des centaines de milliers de personnes en Inde. Les cas explosent et l'inquiétude des CHU grandit à une vitesse grand V. Ce virus devrait rapidement s'imposer comme le variant dominant à travers le monde et risque de ruiner l'économie de la Martinique et de la Guadeloupe, si rien ne bouge en matière de vaccination.  Tout simplement parce que désormais, un voile pèse sur le rebond économique. Tous les décideurs économiques et politiques ont en tête le risque du variant Delta.  La charge virale des personnes infectés par le variant Delta serait jusqu'à 1 260 fois supérieures à celles des personnes infectées par la souche d'origine, relève une étude chinoise. Si ce schéma se confirme aux Antilles, l'incertitude grandira et la consommation et l'investissement pourraient en pâtir. De fait, il y a des interactions puissantes avec la vaccination et l'économie. Un scénario catastrophe : on verrait à la fois l’épidémie repartir du fait des rassemblements et les deux pays plongés dans le chaos. La défiance envers le pouvoir est plus grande en Martinique et Guadeloupe qu’ailleurs en France. « Les gens qui se plaignent constamment vivent leurs malheurs deux fois. D’où leur humeur chagrine », disait l’académicien Jean Dutourd. Si les Français ont la plainte facile, les martiniquais et guadeloupéens ne sont pas en reste. En effet, l'on a assisté à une nouvelle mobilisation ce samedi 24 juillet, à l'appel des syndicats contre l'instauration du pass sanitaire et la vaccination obligatoire pour le personnel de certaines entreprises mais également et surtout du personnel soignant d'ici la mi-septembre. Le hic, c'est que la loi sur le pass sanitaire a été adopté par le parlement ce dimanche. De fait, ce mouvement de contestation risque de se retrouver dans une impasse sachant également que 50 millions de français seront vaccinés en août 2021 et qu'il existe des chances infimes que le gouvernement recule sous la pression d'une petite minorité. A ce jour que je sache la Martinique et la Guadeloupe sont encore soumises à l'identité législative de l'article 73 de la constitution française. Mais certains, au détriment de la raison, ne sont pas prêts à lâcher le morceau, quitte à faire fi du caractère indivisible des lois de la République qui s'appliquent mécaniquement à tous les territoires de la République française. Jusqu'où ira le déni de réalité des syndicats et collectifs antivax ?.... C'est aussi Camus écrivain français et prix Nobel de littérature qui disait que :"Etre un Homme c'est savoir s'empêcher". Pour ma part, je comprends savoir s’empêcher, comme raison garder, savoir se limiter, éviter des débordements préjudiciables, évaluer les choses, peser les risques et les bénéfices. .
  Comment Monsieur Cotellon le directeur du CHU de la Guadeloupe et Monsieur Garel le directeur du CHUM vont-t-ils gérer les suspensions de salaires pouvant à terme conduire aux licenciements de ceux qui ne veulent pas obtempérer aux injonctions et ça malgré le flou de la dernière mouture de la loi ?... Une situation à venir kafkaïenne pour les autorités judiciaires à moins que le conseil constitutionnel n'y mette son grain de sel. 
 
  La fragmentation entre vaccinés et non vaccinés va être à notre avis très forte car il y aura à minima deux grands blocs. Une partie de la population sociologiquement aisée et composée de chefs d'entreprises, de libéraux et de fonctionnaires, optimiste, à l'aise dans la mondialisation, qui épouse la vaccination et se projette dans l'avenir. Et puis celle qui pense que sa situation se détériore, qui demande de la protection et plus de justice. C'est la population plus populaire composée d'ouvriers, d'employés, de précaires, de chômeurs, qui défient l'autorité de l'Etat et rejette en bloc la vaccination et le pass sanitaire. Cela s'exprime déjà par une fracture culturelle et politique entre les Martiniquais et Guadeloupéens. Cette dichotomie se traduit aussi par une crise de confiance dans les institutions. Dès lors, faut-il un changement institutionnel ou statutaire ? Le sentiment d'être mal représenté par les martiniquais et guadeloupéens est massif et doit être traité, mais je ne crois pas que la solution aux problèmes des deux îles soit d'abord institutionnelle même si l'on sait que cette problématique devrait s'imposer à terme. Le traitement du malaise identitaire doit être priorisé à partir du combat contre les inégalités éducatives et sociales. Souvent pessimistes et critiques envers l'action publique, défiants à l'autorité, rabat-joie, passéistes, certains français de l' Hexagone et aussi par mimétisme une partie des Antillais ont tout simplement une drôle de façon d'exprimer leur mal être par des actions dures de révolte et souvent jusqu'au-boutiste, mais moi  j'y vois à travers certaines prémisses liées à la crise sanitaire actuelle, un prélude à l'instauration d'un régime autoritaire en France à compter de l'année 2022 après la présidentielle, et donc nul doute que nous en supporterons tous  bientôt mécaniquement les conséquences liberticides. 
 
Jean-Marie Nol, économiste 

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