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CONNAISSANCE SPIRITUELLE ET PACIFICATION DU DESIR DE SAVOIR

CONNAISSANCE SPIRITUELLE ET PACIFICATION DU DESIR DE SAVOIR

{{ {On nous a demandé si la culture indienne aux Antilles se limitait au folklore et aux saris…

Nous ignorons hélas jusqu’à quel niveau portait la conception philosophique de nos ancêtres indo-antillais, la plupart des livres de ceux qui étaient lettrés ayant été confisqués ou bannis par le Catholicisme dominant.

Mais voici à titre purement documentaire, et pour sortir du patrimoine gréco-latin dominant, vacances obligent, un texte d’un niveau certain écrit par un philosophe de l’Inde du Sud du siècle dernier, qui inspirera peut-être nos lecteurs.} }}

{{NISARGADATTA MAHARAJ (1897-1981)}}

{{ {CONNAISSANCE SPIRITUELLE ET
PACIFICATION DU DESIR DE SAVOIR} }}

A partir du moment où l'être humain devient conscient, il cherche à être de plus en plus heureux. C'est l'origine de toutes les formes d'activité dans l'univers.

C'est ainsi que l'univers lui-même a atteint l'existence, par l'intermédiaire de la forme atomique (atmique) de la conscience. Mais quelle est cette conscience atomique ?

Il n'y avait rien - pas même rien, aucun semblant - avant qu'apparaisse la connaissance de soi. Dans cet état sans état s'est dressé la connaissance de l'existence, la prise de conscience de son propre être.

En fait, il n'y avait ni temps, ni espace, ni cause. La conscience était sans cause, il est donc futile de vouloir en chercher une. Il n'avait pas de temps, on ne peut donc pas la dater. Il n'y avait pas d'espace, on ne peut pas non plus la situer. Voilà pourquoi les Védas, Shrutis et les grands yogis, comme Shankara, déclarent, s'appuyant sur l'expérience intuitive, qu'il n'y a ni cause, ni temps, ni espace. Il n'y avait pas non plus de soleil, car il n'y avait pas d'espace lui permettant d'exister, et pourtant la conscience atomique était là, elle était ressentie comme telle et il n'y avait rien d'autre.

Pourquoi ? Parce qu'il n'y avait rien, ni au-dessus, ni au-dessous, à même d'en prendre conscience. Seule la conscience d'être était là. Combien de temps a duré cet état ? Il n'existe aucune possibilité de réponse. Le grand miracle est que cet état d'existence était présent et avec lui un désir cosmique et sa réalisation immédiate. C'est ainsi que le miracle s'est matérialisé, miracle désigné plus tard par le mot Dieu.

En conséquence l'homme était convaincu que partout où il y avait Dieu, il y avait miracle et que partout où il y avait miracle, il y avait Dieu. Cette conviction l'a conduit à souhaiter que Dieu lui soit propice. Mais il n'est pas parvenu à comprendre la nature essentielle de Dieu.

Chaque peuple différent possède sa forme particulière de dévotion et cette forme se perpétue. Que Dieu et ses miracles soient une seule chose est exacte, mais l'interprétation de cette vérité est multiple. Ici par exemple, elle est différente de ce qu'elle est ailleurs ; pour eux Dieu est unique, pour nous c'est le contraire.

Celui qui ne désire que la vision de Dieu, rien d'autre, peut seul la découvrir, comprenez cela. Et la merveille des merveilles est qu'il atteint également la béatitude. Seule la scintillante conscience du Commencement participe à cette béatitude, car elle seule a la nostalgie de l'harmonie parfaite.

La conscience a traversé de multiples incarnations. Ces incarnations sont des changements de forme, de qualité et de situation correspondant aux intérêts et aux désirs de cette conscience. Quelle est l'origine de tout cela ? C'est la persistance de ces désirs, de ses "vouloirs". Une des qualités de la conscience est la possibilité spontanée de prendre toute forme souhaitée. La conscience atomique primordiale est en accord avec ces "vouloirs" et leur réalisation est instantanée. C'est ainsi que la conscience est devenue multiple et omniprésente.

Cet ensemble - chacun dans sa nature et forme propre - bien qu'apparemment multiple est unique dans son essence, il a seulement étendu son être et inclus toutes ses possibles variations. L'énergie d'un atome unique s'est diversifiée en un grand nombre de centres, chacun possédant ses propres particularités et sa propre volonté.

Cette situation a créé de multiples conflits. À chaque instant la volonté de ces centres innombrables s'exerce de façon différente. Chaque "vouloir" entrant en lutte avec les autres, il ne pouvait en résulter qu'une grand confusion.

Généralement, l'atome de volonté ignore le "pourquoi" et le "comment" de son désir, mais sa réalisation se doit d'être là. Le résultat concret des désirs de ce "vouloir" atomique peut être observé au moment de la destruction cosmique, quand l'univers entier est réduit en cendres.

Mais les "vouloirs" imprégnés d'amour ne sont pas, eux, tous effacés. Les grands moments de joie de ce monde sont dus à ces "vouloirs". La qualité de l'énergie individuelle alimentant le vouloir est toujours opérante, elle appartient à son essence et relève de la Force Première.

Personne ne peut devenir conscient de soi-même en dehors de cette qualité. Quiconque a l'expérience du Soi le doit à cette qualité. Se considérer comme quoi que ce soit d'autre est un péché, une dégénérescence ; c'est créer la dualité. L'énergie primordiale qui a scintillé à l'origine a éprouvé un désir, à la suite de quoi elle est devenue multiples centres de "vouloir". En réalité elle est une et homogène mais, en raison de l'ignorance, elle paraît hétérogène.

La créature se considère comme une chose différente mais, en réalité, il n'y a aucune transformation de la fibre originelle. La seule chose différente est cette idée stupide de différence. Elle peut être effacée par la pratique de upasana. Par cette pratique l'unité ultime sera atteinte.

Il a été déclaré plus haut qu'il n'y ni temps, ni espace, ni cause, au moment du premier frémissement de l'énergie atmique. À quoi bon, direz-vous, parler de toutes ces caractéristiques et ces différents concepts ?

La raison est la suivante. Le tressaillement de cette énergie atomique est nommé par le Vedanta : Le Grand Principe. La qualité essentielle de ce principe est la conscience. Cette conscience, "consciente d'être consciente", se déploie instantanément en éther (akasha). Comment pourrions-nous être conscient du temps si cette conscience n'existait pas ? Ce vaste déploiement de l'éther est l'espace. On peut en déduire que les trois ne sont qu'un Seul, Unique Grand Principe.

C'est une seule qualité qui a transformé ce principe en espace, temps et cause. Ensuite sont apparus les trois Gunas et les cinq éléments. La rapidité de cette opération est littéralement inconcevable. La conscience se transforme en éther, qui a son tour devient espace. Le scintillement originel s'est déployé en espace et il est devenu air. L'air a réuni sa force vive et le feu est né à l'existence. La vibration du feu s'intensifia, il devint froid et là était l'eau. L'eau se refroidit encore et elle se transforma en terre.

Toutes ces caractéristiques des formes précédentes sont cristallisées dans la terre et les vibrations de ces formes se trouvent en elle. En vertu de ces différentes qualités sont apparus d'innombrables êtres vivants et d'innombrables végétaux ; mais au sein de tous le tressaillement de la Force Première est présent.

Le scintillement originel qui a précédé l'éther est présent dans chaque électron, dans chaque proton et il augmente continuellement sa puissance. Aussi longtemps que la palpitation de l'atome est effective, chacun de ses éléments est en mouvement. Le Principe originel imbibe l'ensemble de la manifestation et tous ses composants. Qu'ils soient matière inerte ou êtres vivants, la Force Première est en eux continuellement agissante.

La créature ignorante pense qu'elle peut "faire" quelque chose, que cela peut être bien ou mal ; elle se ressent comme heureuse ou malheureuse. mais la conscience originelle ne perçoit rien d'autre qu'elle-même.

Elle n' a pas d'organes, néanmoins elle agit au travers d'innombrables organes. Elle n'est jamais polluée et ne pourra jamais l'être. La conscience, enfermée dans cette structure physique dérisoire, souffre de ses propres limitations. Les multiples centres de conscience entourés d'adjonctions limitatives, pensent être différents de la source originelle. Mais il n'y a qu'un être, qu'un esprit, qu'une qualité ; sans forme, sans parties, au-delà du temps, au-delà de l'espace, débordante d'immensité : la pure conscience qui est Une.

Il n'y a là aucune possibilité de différence, de distinction.

Tout arrive au moment voulu en accord avec la loi qui nous domine tous. Mais la créature, abusée par le souci de désirs dérisoires, de "moi" et de "mien", souffre inutilement ; elle se limite seulement à sa personne. Mais tout se matérialise au moment adéquat. Quand Ravanah devient intolérable, Râma apparaît pour vous soulager. Quand Kama devient tyran, Krishna est là pour la contrer.

Voilà comment se maintient l'alternance des hauts et des bas. La force qui contrôle tous ces événements est toujours la même. Elle ne change jamais. Il n'est pas possible qu'il existe un Dieu à une époque et un Dieu différent à une autre, c'est pourtant ce que pense la créature ignorante. Un élément unique donne naissance à la magnificence de cet univers manifesté. En l'absence de cet élément simple, il n'y a qu'absolu silence.

Quand cette qualité unitive est reconnue et totalement acceptée, le cœur se fond dans le Cœur, la confidence dans le Confident. Il existe alors un sens suprême de l'unité originelle de toutes choses, un sens de l'inaliénable et mutuelle unité de toutes choses. Et en plus, une claire conscience de l'appartenance à l'Un de tous les différents caractères présents dans la manifestation.

Alors la suprême réalité est atteinte ; c'est appelé le Soi suprême. Tout temps, tout espace et toutes causes sont devenus Un pour l'éternité. Seul l'Un est omniprésent et éternellement actif. Il ne connaît ni gain, ni perte, ni mort. Il est non-né, sui-generis, éternel et pourtant il naît à chaque instant et se manifeste à chaque époque.

Toute connaissance intellectuelle et spirituelle s'arrête ici.

Texte écrit en langue Marathi par Nisargadatta Maharaj dans les années 1950.

{{Traduction de Paul Vervisch}}.

Source : [ICI->http://tinyurl.com/22gw4e]

Sri Nisargadatta Maharaj (mars 1897 - 8 septembre 1981) est considéré comme un très grand Maître du 20ème siècle de la doctrine de la non-dualité... Il mena une vie d'humble petit commerçant à Mumbai (Bombay), où il vendait des "bidies" ou petites cigarettes indiennes. Le style direct de son enseignement intéressa occidentaux et orientaux, notamment au travers du livre « I am That », qui a été traduit en de nombreuses langues (en français : « Je suis »).

_ En savoir plus sur
_ Nisargadatta Maharaj : [ICI->http://tinyurl.com/2llkw6]

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{{En savoir plus sur les bidies (ou beedies) [ICI->http://tinyurl.com/3ymg3p]}}

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