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CONGRES D'ECRIVAINS EN GUADELOUPE : POUR LA POLYPHONIE DE L'ECRITURE CARIBEENNE

CONGRES D'ECRIVAINS EN GUADELOUPE : POUR LA POLYPHONIE DE L'ECRITURE CARIBEENNE

Excellente idée en soi que de tenir un Congrès d'Ecrivains de la Caraïbe en Guadeloupe en ce Novembre 2008 - si on se dit, qu’à côté de ses nombreux musiciens et sportifs de toute catégorie et tout niveau, notre région brille presqu'autant par le nombre de ses écrivains médaillés et nobélisés. M'enfin ! Césaire fut honoré, qui plus est par d'émouvantes images d'Euzhan Palcy. Le Bois-Debout de Saint-John Perse à Capesterre, centre de souffrance cannière pour de nombreux esclaves, suivis de centaines de kouli, puis siège de l'école réhabilitatrice de Dany Bébel-Gisler, a été visité. Des auteurs primés, dont un Prix Nobel, Sir Derek, ont authentifié de leur présence la hauteur de l'événement. Peut-être attendait-on, à tort ou à raison, une plus grande mise en valeur de notre fonds d'ici-dans.

Que les tympans des visiteurs vibrent au-delà des sempiternels anglais-français-espagnol, qu'ils rencontrent aux abords des machines à café, outre les omniprésents gros pieds, nos plus divers et moins cravatés producteurs de littérature locale. Qu'ils puissent flâner à travers quelques stands de bouquinistes-pays...

Qu'ils puissent prendre langue avec auteurs créolographes et éditeurs-marqueurs plus artisanaux aussi, ceux qui, selon l'éloge mot-valisier de Tony Delsham à propos des Editions Lafontaine, "tripatouillent"... Jala n'en est pas moins une pionnière qui, bien avant Astérix et depuis des décennies, produit des livres trilingues - en anglais, français et créole! - pour enfants et grands enfants.

Qui n'aura noté par ailleurs la brillante absence de ceux qui, à côté de l'omiprésente Afro-caribéanité, représentent un important aspect de la réalité historique du peuplement de l'espace caribéen, et un courant littéraire de poids? Non pas que les organisateurs aient voulu consciemment exclure une phénotypie particulière d'écrivains ! Mais, comprenons-nous bien, belle omission on ne peut plus dûe à la soudaineté de l'annonce de l'événement, et à la rapidité des préparatifs. Brinda J. Mehta, professeur d’études françaises à l’université Mills College, Californie, décrit dans son récent ouvrage "Diasporic Dislocations" la virtuelle omission de l'écriture indo-caribéenne, féminine dans le cas de son étude, dans le paysage littéraire des événementialistes. Pour cause d’inhibitions et de chauvinisme littéraire, explique-t-elle, des représentations stéréotypées présentent en effet l'écriture indo-caribéenne d’un point de vue purement masculin et/ou afro-centrique.

Qui n'eût aimé, qui se serait plaint de croiser à un tel Premier Congrès International un David Dabydeen, un Gary Girdhari, un Shiva Naipaul, Seepersad Naipaul ou Balkrishna Naipaul (faute de V.S. Naipaul !), un Kevin Baldeosingh, un Lal Balkaran, un Neil Bissoundath, ou une Peggy Mohan? De ces nombreux écrivains qui depuis quatre, cinq générations ou plus, n'ont d'autre patrie ni d'autre préoccupation que la Caraïbe? Non pas en thématique d'une année et puis fugit. Mais comme des co-acteurs tout aussi représentatifs et permanents de la création littéraire de la région que ceux du fonds noir majoritaire, qui ne saurait être l'unique potomitan du devenir caribéen.

Ceux qui retracent les aléas de la traversée de la Kala Pani, les problématiques de l'adaptation et du devenir des descendants du Bihar ou du Tamil Nadou au monde post-esclavagiste et les confrontations inter-culturelles sous nos latitudes n'apportent-ils qu'une négligeable contribution à l'activité littéraire du milieu caribéen? Loin s'en faut, et que nenni ! La mémoire de notre Césaire à tous ne sera donc qu'encore plus honorée par une large universalité des ingrédients invités des futurs Congrès. Afin d'attirer l'attention de toutes nos composantes d'icîles, et de quoi montrer aussi à nos visiteurs, parfois embrouillés dans leurs dialogues fratricides, un exemple d'intégration réussie, de la pratique du "pa ka samm mé viv ansanm" si chéri par un Max Rippon... Voire !

Le Congrès se veut "historique, fondateur et fédérateur". Il le sera donc, oui, au-delà des espérances de ses promoteurs, par une véritable représentativité du fonds créolographe local, et par une tonalité plus symphonique, plus à l'image de la richesse du peuplement caribéen et de ses reflets littéraires. Cela si l'événement veut s'affirmer, outre le conclave nobélien et le dîner de têtes, le foyer d'une émulation si nécessaire pour les écrituriers en herbe. Un acte représentatif aux yeux du monde de l'arc-en-ciel d'originalité littéraire et civilisationnelle d'avenir qu'est ce continent liquide. Puisse la prochaine édition...

Jean S. Sahaï

Images :
  • Indo-Sainte-Luciens vers 1950 - Photo James Rambally. cliquez pour agrandir.
  • Monument aux travailleurs indiens de St François en Guadeloupe.
  • ’Jahajin’, ou la traversée Inde-Trinidad par Peggy Mohan

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