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"Co-construction", "changement de paradigme (ou de logiciel)", "éléments de langage", "démocratie participative" et autres blabla...

"Co-construction", "changement de paradigme (ou de logiciel)", "éléments de langage", "démocratie participative" et autres blabla...

   A écouter attentivement les déclarations et autres discours des différents candidats et de leurs colistiers au cours des élections territoriales qui viennent de s'achever, on note de curieux tics de langage. D'inquiétants tics devrait-on ajouter.

   Au palmarès de ce blabla, "co-construction" remporte l'Euro, enfin, la palme, car il fut sur toutes les lèvres. Il suffit d'ailleurs de mettre ces dernières en croupion de poule pour le prononcer, ce qui est du plus haut comique chez certains (es) candidats (es). Notons que lui tout comme les autres blablas dont nous parlerons plus bas, ont été absents du langage des "vieux" candidats comme, par exemple, Marie-Jeanne. Par contre, ils ont fleuri dans celui des candidats "jeunes" (en Martinique, un "jeune" politique est quelqu'un qui a...55 ans ou plus). Or, "co-construction" est du jargon franchouillard qui a émergé dans l'Hexagone depuis une dizaine de printemps. Comme quoi, malgré l'Internet, nos politiques accusent toujours un temps de retard sur leurs collègues gaulois. Il signifie banalement "construire avec" et n'apporte absolument rien de plus à cette expression !!!

   Quelle différence, en effet, entre : "Nous allons construire une société plus juste avec vous" et "Nous allons coconstruire une société plus juste". Aucune ! Sauf le baratin...

   Autre blabla qui a fait florès dans les discours de nos différents (es) candidats" : "changement de paradigme", parfois modulé en "changement de logiciel" pour jouer au candidat 2.0. Hou le grand mot, "paradigme" ! Le mot pompeux, savant, dont on peut douter qu'il ait été compris par l'électeur moyen. En fait, "paradigme" vient du grec "paradeugma" qui signifie, là encore très simplement "méthode". D'où la même question que plus haut : quelle différence entre "Il nous faut absolument changer de paradigme" et "Il nous faut absolument changer de méthode" ? Même réponse : aucune. Hormis la poudre aux yeux électoraliste...

  Quant à "éléments de langage" ou "démocratie participative", eux aussi ont été utilisés en veux-tu en voilà par les "jeunes" candidats. Sans même évoquer d'autres blablas du même tonneau. Que dénote l'utilisation de ces tics de langage hexagonaux ? Ceci : les avancées foudroyantes et mortifères de l'assimilation. Pire : de l'assimilation inconsciente. En effet, au siècle dernier, nos politiques faisaient au moins l'effort de créer des expressions ou des mots d'ordre ancrés dans la réalité martiniquaise. Pour ne prendre que ces seuls exemples, ce que le député socialiste Lagrosillière appela, au début du 20è siècle, "le bout de chemin avec l'Usine" s'appelait dans l'Hexagone "l'alliance de classes". Et, quand, au tournant du 21è, Marie-Jeanne déclara "Il faut désenkayer la Martinique", un politique hexagonal aurait dit "Il faut sortir la Bourgogne (ou la Vendée, l'Auvergne etc.) de l'ornière". 

   Quand on sait que la politique c'est 50% de paroles + 50% d'actions, sauf dans les dictatures où le chef suprême est cloitré dans son palais et s'exprime le moins possible, on mesure les dégâts de l'alignement langagier, conceptuel, voire idéologique de bon nombre de "jeunes" politiques martiniquais sur leurs alter ego de l'Hexagone. Alignement inconscient sans doute mais, hélas, pernicieux et surtout mortifère...

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