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Chlordécone : prendre Emmanuel Macron au mot

Raphaël Confiant
Chlordécone : prendre Emmanuel Macron au mot

 

   Si les Martiniquais s'étaient mis debout derrière ceux qui, il y a 11 ans déjà (en 2007), avaient dénoncé l'empoisonnement de notre pays par ce dangereux pesticide appelé chlordécone, nous n'en serions pas là aujourd'hui. 

   S'ils avaient refusé d'accepter que les plaintes déposées aux Antilles par diverses associations écologistes martiniquaises et guadeloupéennes soient délocalisées à Paris, nous n'en serions pas là aujourd'hui. Si en 2007, S. LETCHIMY, alors président du Conseil régional, et le PPM n'avaient pas dénoncé L. BOUTRIN et R. CONFIANT qui venaient de publier un livre sur le sujet et si ce même LETCHIMY n'avait pas créé à la hâte une association de revendeuses des différents marchés de Fort-de-France, "MACHANN FOYAL", au motif que les deux écologistes voulaient "enlever le pain de la bouche de malheureux", association qui avait défilé dans les rues en conspuant ces derniers, on n'en serait pas là aujourd'hui (il dénonce, sans rire, désormais : "Un scandale d'Etat !").

    Si les Nègres-à-Béké de la Chambre d'Agriculture, toujours en 2007, n'avait pas nié la contamination et accusé, eux aussi, les deux hommes de "chercher à détruire l'agriculture martiniquaise". S'il y avait 3.000 personnes et non 300 à l'ATRIUM le jeudi saint au soir de l'année 2007 lorsque L. BOUTRIN e R. CONFIANT avait organisé une conférence d'alerte avec comme seul homme politique présent Claude LISE, nous n'en serions pas là.

   Pire : aucun député antillais n'avait assisté à la conférence organisée dans l'enceinte même de l'Assemblée nationale française par les deux écologistes lesquels n'étaient accompagnés ce jour-là, alors que toute la presse dite nationale était présente, que de Corinne LEPAGE (écologiste de droite) et Alain LIPIETZ (écologiste de gauche). Donc quand on voit un crétin de député opportuniste martiniquais, qui n'a jamais ouvert sa grande gueule sur la question, vient faire le malin devant Emmanuel MACRON, en critiquant l'OPERATION ZERO CHLORDECONE et l'option BANQUE DE TERRE de la CTM qui sont des débuts de commencement de solution au problème, on a de quoi être révulsé. Barrer la route à de tels individus est une mesure de salut public.

   Donc oui, si tout cela ne s'était pas produit, nous n'en serions pas là aujourd'hui !

   Et ce n'est pas la peine de faire la fine bouche devant les déclarations d'E. MACRON sur le chlordécone. C'est n'est pas la peine de jouer aux "gwo-koko", de faire des rodomontades gauchistes ou de se répandre lâchement sur les réseaux dits sociaux. Lè fok té goumen, zot pa té la, zot pa vini oben zot fèmen djel-zot ! Donc, STOP le cinéma des communiqués de presse, des messages Whatsapp ou les posts Facebook. Ou des déclarations imbéciles de député-tèbè. Ce qui importe à la date d'aujourd'hui est de prendre le président français au mot et de le pousser dans ses retranchements. Il a mis partiellement en cause la responsabilité de l'Etat, OK ! Il a prononcé le mot "réparation", OK ! Profitons-en pour lui rappeler plusieurs éléments factuels :

 

   __l'empoisonnement au chlordécone a été découvert par les propres services déconcentrés de l'Etat français : INRA, DAF, DDASS etc... Ce sont des ingénieurs français qui ont publié divers rapports accablants aussitôt rangés dans les tiroirs : rapport SNEGAROFF (1977) ;  rapport KERMAREC(1980) ; rapport BALLAND-MESTRES-FAGOT (1998) ;  rapport de l'IGAS (2005) etc... Les écologistes antillais n'ont donc été que des lanceurs d'alerte. Conclusion : M. MACRON, l'extrême dangerosité du pesticide était connue des services de l'Etat, celui que vous présidez, bien avant 2007 lorsqu'éclata le scandale, cet Etat doit donc désormais prendre ses responsabilités.

 

   __Près de 8.000 ouvriers agricoles ont été en contact direct avec le chlordécone durant des décennies dans les bananeraies antillaises : beaucoup ont été atteints de cancers graves, d'Alzheimer, de Parkinson et autres maladies incurables. Les services de l'Etat doivent urgemment les recenser et envisager un dédommagement à ces sacrifiés sur l'autel du profit et à leurs familles.

 

   __La cartographie des terres contaminées doit être achevée au plus vite : on ne peut pas continuer à empoisonner les Martiniquais avec des légumes-racines chlordéconés alors même qu'ils ont déjà bu durant 30 ans une eau du robinet qui était gorgée de ce pesticide. Les maladies évoquées plus haut n'affectent, en effet, pas seulement les ouvriers agricoles mais l'ensemble de la population : record du monde de cancers de la prostate, présence du chlordécone dans le sang de 90% des femmes enceintes, augmentation alarmante des malformations congénitales etc.

 

   __L'aide à la reconversion dans d'autres cultures aux agriculteurs travaillant sur des terres contaminées : aucune reconversion n'est facile et passer, par exemple, de la culture de la "dachine" à celle de la tomate ne peut se faire en un claquement de doigt. Il faut donc accompagner financièrement les agriculteurs concernés.

 

   __Le volet judiciaire de ce scandale doit être ouvert au plus vite : le principal importateur béké est décédé l'an passé. On croit revivre l'affaire du Crédit Martiniquais qui avait vu les principaux protagonistes, pour la plupart békés, mourir de leur belle mort dans leur lit sans jamais avoir été inquiétés sérieusement par la justice. Il importe donc de relocaliser à Fort-de-France ou à Basse-Terre la plainte déposée par les écologistes antillais et de juger ceux qui ont délibérément empoisonné les Martiniquais pendant des lustres. Sans oublier évidemment les ministres de l'agriculture qui ont autorisé l'utilisation du chlordécone. Comme pour le sang contaminé ou pour l'amiante !

 

   Enfin, puisque le président MACRON a prononcé le mot "réparation", il faut le prendre au mot et chiffrer les différentes actions envisagées plus haut. Car nous ne saurions nous satisfaire d'une réparation morale, elle doit être financière pour la raison que polluer tout un pays et sa population pour les 150 ans à venir relève du crime contre l'humanité. Les crimes nazis, les crimes de l'Apartheid, les crimes de différents régimes dictatoriaux d'Amérique du sud etc. ont été l'objet de réparations en espèces sonnantes et trébuchantes. Il ne peut pas ne pas en aller de même pour nous.

   Pour ce faire et afin d'éviter la dispersion des actions, l'Etat français, s'il est honnête, se doit de créer un Fond de réparation-Chlordécone, cogéré par lui et par les autorités politiques antillaises qui se donnerait un agenda clair et précis. Autrement, tout cela risque de se résumer à de belles paroles, à des effets d'annonce et à des postures politiciennes des uns et des autres. 

   A la grande joie des empoisonneurs békés et de leurs nègres de service...  

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