C'est ce qui vient de se passer pour la recherche sur ce dangereux pesticide organochloré qu'est le chlordécone, responsable de l'empoisonnement de 20.000 hectares plantés en bananeraies à la Martinique et 5.000 à la Guadeloupe (sans parlers des cours d'eaux, nappes phréatiques et autres rivages). En effet, le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) a récemment prouvé que contrairement à ce que l'on croyait et affirmait jusqu'à ce jour, le chlordécone ne se dégrade pas en 100 ou 150 ans mais en l'espace de...quelques semaines.
Mais inutile de sauter de joie car le produit ou plus exactement les produits de ladite dégradation sont hautement toxiques et donc toujours aussi dangereux pour la santé. Du coup, une question est venue à l'esprit des chercheurs : et si la non-contamination des fruits était elle aussi une erreur ? Jusqu'à ce jour, la littérature scientifique affirme que seuls les légumes-racines (ignames, dachines etc.), c'est-à-dire ceux qui poussent directement dans ou sur le sol sont contaminés par le chlordécone tandis que les fruits, notamment, la banane, sont épargnés. Sans doute est-ce vrai pour le chlordécone mais est-ce toujours vrai pour les produits émanant de la dégradation du pesticide ? Mystère et boule de gomme.
Car si jamais la contamination de nos fruits en venait à être prouvée, ce serait une vraie catastrophe. D'abord pour les petits agriculteurs et autres maraichers pour qui la vente des oranges, mandarines, caïmites, abricots-pays, pommes d'eau, ananas, goyaves et autres caramboles constitue un appoint financier non négligeable, mais aussi pour le consommateur antillais qui sera, dès lors, contraint de se rabattre sur les raisins, poires, pommes, pêches etc.
Des chercheurs ont déposé une demande de financement pour effectuer cette recherche, mais l'Agence Nationale de la Recherche l'a rejetée !!! Aucun de nos chers (ères) parlementaires n'a pipé mot devant ce qui est un scandale, un nouveau scandale qui démontre, si besoin en était, à quel point l'Etat français se moque des Antillais sur ce dossier tout en protégeant les Békés, premiers responsables de la contamination. Quand à la pseudo-commission parlementaire LETCHIMY sur le chlordécone, elle est sans doute en vacances d'...été.