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CE QUE POÉSIE VEUT DIRE

par Hugues St.Fort
CE QUE POÉSIE VEUT DIRE



Avec ces deux recueils de poésie publiés simultanément, Michèle Voltaire Marcelin n'en est pas à ses premiers textes littéraires.  Elle avait fait paraître chez CIDIHCA en 2005 un court récit de fiction intitulé  «  La Désenchantée  »,  dans lequel la narratrice s'étale sur son enfance remontée à sa mémoire à la faveur d'une photo retrouvée au hasard dans une vieille boite métallique.

Au-delà du travail d'écriture de ce petit récit traversé par une indépendance, une modernité et une sensibilité rares chez nos écrivains, Voltaire Marcelin fustigeait aussi certains tabous de la société haïtienne, la violence folle émergeant des situations les plus exceptionnelles, les préjugés sociaux et l'hypocrisie décrite comme « la malédiction de ce pays ». 

A la fin de  «  La Désenchantée  », Michèle Voltaire Marcelin avait écrit ceci :  « …me voici arrivée sans le savoir, comme si de rien n'était, au bout de ce voyage. Ni plaisir ni devoir ne m'attendent, et si je regarde en arrière, pardon pour moi, c'est qu'il n'y a plus rien devant moi. »  (p.95).

Force est de reconnaître aujourd'hui qu'elle s'était trompée sur toute la ligne. Car elle a trouvé ce qui était devant elle : la poésie - qui était en filigrane dans le récit et qui a explosé avec des images de sexe si brûlantes qu'on en tressaillit ; des  « mots qui tremblent comme des chiens », « des plaintes d'harmonium » à faire éclater les imaginations trop rapides - et qui  s'est emparée d'elle pour notre plaisir de lecteur et l'enrichissement de notre littérature.



La composition d '  « Amours et Bagatelles »  peut sembler assez étrange au lecteur traditionnel. Le texte commence par une prose poétique intitulée  «  Mensonge  »  d'une audace et d'une sensibilité infinies, comme en témoignent ces lignes :

Ils m'ont menti, ceux qui m'ont dit un jour je serais plus tranquille. Ils m'ont trompée. Rien ne meurt avec l'âge. Ni l'envie d'amour, ni celle des baisers. Et mon cœur fou me fait parfois oublier ce corps encombrant alourdi par les ans…Ils m'ont menti. Je ne fais deuil de rien. J'ai dans mes jambes des envies de courses à perdre haleine dans les broussailles inondées de soleil, vert et ciel mélangés, cheveux défaits, épaules nues au vent. Des envies de culbutes aux membres emmêlés. De baisers dont la saveur serait celle de la pulpe des mangues, et m'empliraient la bouche de leur sirop de miel. D'une langue qui aurait la fraîcheur de l'eau d'une fontaine. J'ai des envies de sexes durs comme du verre. Des envies de peau chaude et d'aisselles dont je lècherais le sel, et plus bas encore dans l'odeur de fougère…



Puis tout de suite après, six poèmes tendres, mélancoliques, tristes, suivis par un autre texte en prose fulgurant de désir déchaîné. Puis trois poèmes calmes, réfléchis. Et puis un autre texte en prose poétique intitulé  «  L'Amour Fou  »,  somptueux de jouissance sexuelle, étourdissant de plaisir comme j'en ai rarement lu dans la littérature féminine haïtienne.



Le texte continue ainsi : deux ou trois poèmes en vers, calmes ou détendus suivis de textes écrits en prose poétique plus ou moins fous d'amour jusqu'à la page 72 avec un texte en prose poétique intitulé  «  Les Années Santiago  »  qui semble frôler une « écriture de soi  », réminiscence du cauchemar des années 1973 du Chili et de la chute d'Allende. A partir de ce texte, tous les autres qui suivront seront écrits en prose. Ils seront pour la plupart courts, très courts, sauf  «  La Vraie Vie  »  qui totalise 22 pages. Leur thématique : l'amour. L'amour pur émergeant chez un petit garçon de dix ans dans  «  Le Mariage  »  qui découvre le bonheur dans une église en regardant une jeune mariée  « enveloppée dans une mousse de dentelle blanche, toute parée de fleurs » ;  l'amour sale, pétri d'odeurs fortes, dans  « Je ne l'aime pas  »  où une jeune femme va être forcée d'épouser un homme laid, dégageant  « une haleine de goyaves pourries » uniquement parce qu'il est riche et qu'il paiera les dettes de la mère de la jeune femme; l'amour en bout de course dans  «  La Rupture » tel qu'il est décrit par un narrateur omniscient montrant ce que fait le temps aux couples les plus fidèles, sentimentalement, physiquement et philosophiquement. En voici un exemple où Voltaire Marcelin révèle au-delà de ses immenses qualités d'écrivain sa sensibilité exceptionnelle  : «  Et puis le temps s'était écoulé. Les enfants avaient grandi. L'ennui avait balayé la tendresse et il en avait eu assez d'essayer de raviver ce bonheur passé. Il la revoyait : la coiffure à la mise en plis, les bourrelets de chair autour du ventre, la marque que laissait le soutien gorge trop serré, le visage qu'il fallait de jour en jour colmater un peu plus. Tellement qu'on aurait pu y placer un écriteau avisant « Réparations, Travaux en cours. »







« Lost and Found »  est le recueil de l'amour. Le texte arrive avec un CD de 25 poèmes choisis parmi les 74 que contient le recueil. Les poèmes semblent être plus intimistes, moins déchaînés que ceux rédigés en français mais on y relève quoiqu'il en soit le visage de l'amour, le cœur de la poétesse qui se donne tout entière et sa dévotion à l'amour. Par rapport à  «  Amours et Bagatelles » ,  on dirait que l'écrivain s'est calmé, ayant peut-être trouvé la paix qu'elle ne pouvait encore atteindre, comme en témoigne ce poème intitulé justement  «  Paradise »  :



we laid in bed

you beside me

in the heart of darkness

laughing freely

and you held me naked under my dress

like a leaf hidden safely in another

so easily the world regained its tenderness

Hugues St.Fort





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seras en retard sur la vie, la vie immediate... Carpe Diem.   Michele   www.lidous.net






 



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