Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

BIOS DIALLO PRESENTE : OUSMANE MOUSSA DIAGANA, DICTIONNAIRE SONINKE-FRANÇAIS (MAURITANIE)

par Bios Diallo http://www.cridem.org/
BIOS DIALLO PRESENTE : OUSMANE MOUSSA DIAGANA, DICTIONNAIRE SONINKE-FRANÇAIS (MAURITANIE)

Linguiste, le Professeur Ousmane Moussa Diagana est décédé le 9 août 2001. À titre posthume, son Dictionnaire soninké-français est enfin disponible. Par ailleurs poète, celui qui a su savamment dissimuler dans Notules de rêves pour une symphonie amoureuse et Cherguiya son amour à l’aimée et à sa Mauritanie, lègue à la communauté soninké dont il est issu un outil inestimable.

 

Le soninké est une langue du groupe mandé où l’on retrouve le bambara, le malinké, le khassonké, etc. Les Soninkés, qui le parlent, sont connus pour être un peuple de migrants à la recherche d’une manne perdue. La faute au totem Bida (Python) qui veillait sur la nation soninké du Ghana, tué par un preux chevalier. Au fait il s’agissait de prêtres choyés qui recevaient chaque année des vierges en offrande dans une grotte.

Mamadi le taciturne[1], pour sauver sa fiancée, s’était attaqué au lieu sacré. Dans le bois, il parvînt à anéantir les prêtres. Les sept têtes décapitées mettent fin à un mythe vieux de plusieurs générations.

Dans son dernier râle, le Bida prédit que « pendant sept ans et sept jours pas une goutte de pluie ne tombera sur le Wagadu ». Dans le même temps, les lingots d’or qui permettaient de mesurer l’importance d’une femme, ou autre, fondent comme beurre au soleil ! C’est la diète, dans ce royaume jadis prospère. Les agricultures déposent les houes et sellent les chevaux. Il faut quitter le terroir. L’errance. La traversée du continent. Puis l’immigration lointaine : l’Europe, l’Amérique… Voilà, pour la page d’histoire aux gestes multiples.

La réalité tangible, elle, est celle d’une langue physiquement présente en Afrique de l’Ouest, avec un million et demi de locuteurs. Si leur langue porte partout le même vocable soninké, les Soninkés sont quant à eux désignés différemment selon les voisins. Les Bambara les appellent Marka ; Sarakollé pour les Wolofs et Haalpulaars (ou Peuls) ; Wakore pour les Songhays et Guenguer chez les Maures de Mauritanie. Eux-mêmes, entre eux, se disent Soninkés ou Soninko (ko étant la marque du pluriel).

Feu le Professeur Ousmane Moussa Diagana, après sa thèse de doctorat d’État en 1984 (Université René-Descartes, Paris), s’était dévolu à la recherche. Associé au laboratoire Langage, Langues et Cultures d’Afrique Noire (LLACAN), il conduit plusieurs travaux grâce à sa maîtrise du soninké, pulaar, wolof, bambara et même de l’azer, une langue jadis parlée en Mauritanie et aujourd’hui disparue et qui était le fruit du métissage entre des parlers négro-africains et berbères.

Pour trouver la bonne osmose didactique du soninké, Diagana prend pour terrain d’étude sa ville natale, Kaédi. Limite nullement handicapante, d’autant plus que dans cette famille Niger-Congo (dénomination de ce parler mandé) les quatre principaux dialectes qui la composent ont une intercompréhension quasi totale. Et, dans le Sud de la Mauritanie et perché sur le fleuve Sénégal, Kaédi est un maillon presque naturel.

Là se trouve la piste de prolongement vers le Guidimakha, région bretelle entre le Sénégal et le Mali (zone de Kayes) qui se poursuit vers le Burkina. Puis, une fois le fleuve franchi, c’est à travers le Sénégal qu’on entre au royaume du Gadiaga (Tamba Counda, Bakel, Kédougou…) avec des poussées vers la Casamance, la Gambie et la Guinée. C’est donc à partir du bosquet de Kaédi que se consolident les fondations de ce dictionnaire soninké-français.

Cet ouvrage, qui compte plus de 5 800 entrées, enrichit la lexicographie du soninké et comble un grand vide. Jusque-là on n’usait que de simples glossaires aux fortunes diverses. Là, l’écriture, les constituants linguistiques et sources d’emprunts, d’une région à une autre, offrent de belles trouvailles.

Pour combler les éventuels manquements, le coffrage n’ayant pas été assuré par le maître d’ouvrage lui-même, le lecteur qui désire aller plus loin pourra se rabattre sur les travaux antérieurs de l’auteur : La langue soninké, Morphosyntaxe et sens[2], ou encore Chants traditionnels en pays soninké[3]pour lequel il avait obtenu le prix Robert Delavignette de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer. Il reste qu’il faudra saluer toutes les bonnes volontés ayant permis la relecture, jusqu’à publication, de ce précieux outil de travail.

 

[1] D’après La légende du Wagadu vue par Sia Yatabéré du Mauritanien Moussa Diagana, Lansman, 1994.

[2] L’Harmattan, 1995.

[3] L’Harmattan, 1991.

Post-scriptum: 
Parution posthume d'un outil inestimable

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.