Dans l'économie du livre, l'auteur et l'éditeur ne touchent logiquement pas un centime sur les ventes de livres d'occasion. Au Royaume-Uni, un libraire d'occasion a voulu changer la donne, à travers un partenariat qui permet de verser une part des ventes aux auteurs des ouvrages vendus.
William Pryor, qui a fondé en 2000 sa librairie Bookbarn International, basée dans le comté du Somerset (sud-ouest de l'Angleterre), réfléchit depuis 2015 à un système qui permettrait de rémunérer les auteurs en leur versant une part des recettes liées à la vente de livres d'occasion.
« En tant qu'écrivain moi-même et fondateur de Bookbarn, j'ai toujours été étonné de constater que les auteurs, ceux qui sont à l'origine de la matière première de notre commerce, ne touchent rien. Il s'agit avant tout de reconnaissance envers les auteurs, pour la valeur dont ils sont à l'origine, et nous espérons que d'autres revendeurs rejoindront cette initiative volontaire » souligne Pryor auprès de The Guardian.
En effet, Bookbarn International s'est associé à une autre enseigne de vente de livres d'occasion, World of Books Group, pour créer le fonds AuthorSHARE, qui a vocation à distribuer 200.000 £ de droits d'auteur par an, avec un plafond maximum fixé à 1000 £ par an par auteur et des versements effectués annuellement, en octobre.
La Society of Authors, organisation professionnelle de défense des auteurs outre-Manche, a été associée à AuthorSHARE, et se verra confier tout reliquat du fonds.
Aucune loi ne prévoit, outre-Manche comme en France, le versement d'une rémunération pour l'auteur ou l'éditeur, au moment de la vente d'un livre d'occasion. La doctrine de l'épuisement des droits s'applique en effet : à partir du moment où une œuvre a été légalement acquise par un consommateur, celui-ci est libre de revendre cet exemplaire légalement acquis, sans autorisation de l'ayant droit, ni versement d'une rémunération.
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« Le fait que ce fonds soit né d'une initiative d'entreprises privées, qui sont convaincues du bien-fondé de leur démarche, est très rassurant », s'est félicité Joanne Harris, à la tête de la Society of Authors.
Dans le contexte délicat de la pandémie de Covid, cette nouvelle ressource économique a été évidemment bien accueillie par les auteurs et leurs représentants...
Rappelons qu’en France, une start-up du nom de Boox-up, reposant sur la vente de livres d’occasion entre particuliers, avait tenté d’approcher des structures professionnelles, justement pour reverser un montant aux auteurs. Mais c’était en 2016, et la start-up s’était vu fermer toutes les pistes ouvertes, dans un violent claquement de porte sur le nez… Avoir raison trop tôt, c’est avoir tort, oui ?