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AU PAYS DE L’IMPOSTURE INTELLECTUELLE

AU PAYS DE L’IMPOSTURE INTELLECTUELLE

Parmi toutes les impostures qui ont impunément cours dans ces dernières colonies que sont les DOM, il y en a une qui, hélas, est rarement pointée du doigt : l’imposture intellectuelle. Ainsi, dans les pays normaux un sociologue, un historien, un philosophe ou un économiste est quelqu’un qui possède au minimum un doctorat et surtout qui a déjà publié des ouvrages dans sa discipline lesquels ouvrages doivent avoir fait l’objet d’analyses critiques dans des revues à caractère scientifique.

Si l’on prend un pays comme la France, par exemple, un Pierre Bourdieu en sociologie, un Thomas Picketty en économie, un Alain Badiou en philosophie, un Jacques Legoff en histoire etc…sont des références incontestables non seulement au plan hexagonal, mais aussi au plan mondial, la valeur intellectuelle se mesurant également au fait qu’on voit ses travaux être traduits dans des langues étrangères. Quand une pensée se cantonne à son seul et unique lieu d’émergence, on est en droit de douter de sa pertinence ou de sa validité. Il en va de même en littérature : Aimé Césaire et Edouard Glissant ont dépassé les frontières de leur petite Martinique. Les auteurs de l’ELOGE DE LA CREOLITE (1989) aussi : au mois d’octobre prochain se tiendra en Floride, à MIAMI STATE UNIVERSITY, un grand colloque international, organisé par des universitaires étasuniens, sur les 25 ans de l’ELOGE.

Malheureusement, à côté de ces grands esprits que sont Césaire, Fanon et Glissant, notre Martinique (mais la chose est, il est vrai, bien pire dans les autres dernières colonies) foisonne de sociologues auto-proclamés, d’historiens qui n’ont jamais publié un seul livre ou de philosophes pour lequel le bar du premier étage de L’IMPERATRICE tient lieu d’agora. Quant aux « écrivains », leurs ouvrages autoédités squattent les étals des librairies où leurs souvenirs d’enfance (quand il ne s’agit pas de ceux de leur grand-mère) côtoient CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL ou LE DISCOURS ANTILLAIS. Dans un pays normal, jamais on ne verrait pareille chose ! Guy des Cars ou Barbara Cartland ne voisineraient pas avec Proust ou Faulkner.

Tout cela prêterait à sourire si cela n’avait pas un effet dévastateur sur l’intellectualité martiniquaise puisque ces imposteurs empêchent l’émergence de nouveaux penseurs ou auteurs de talent. Vieux imposteurs (comme ceux qui sont recrutés comme « professeurs » à l’université avec une simple licence) comme jeunes imposteurs sont donc une véritable plaie qu’il est difficile de combattre ou de soigner tant nos médias (papier, audiovisuels et Web) sont en-dessous de tout dès qu’il s’agit d’intellectualité. Ils sont tout simplement incapables de séparer le bon grain de l’ivraie et n’importe quel roman autoédité sera chroniqué à côté d’un roman publié chez un éditeur sérieux (qu’il soit petit comme L’Harmattan, Ibis Rouge, Caraibéditions ou K-Editions, moyen comme Ecriture, Stock, Vent d’Ailleurs ou grand comme Gallimard, Mercure de France ou Grasset). Il est vrai que l’édition moderne permet à tout un chacun de faire imprimer pour une somme modique une petite centaine d’exemplaires d’un roman racontant les souvenirs de son arrière-grand-mère.

Or, le problème n’est pas seulement au niveau des médias, mais aussi des libraires qui, pour la plupart, sont eux aussi incapables de distinguer les bons ouvrages des médiocres et qui livrent sur leurs étals, côte à côte, comme s’il s’agissait d’une pêche de « kouliwou », Césaire et Tartempion ou Fanon et Machin-Chouette. Tout cela participe de l’imposture intellectuelle qui règne depuis au moins une trentaine d’années à la Martinique. Et ce n’est pas parce que la situation est pire dans les autres dernières colonies que cela devrait nous consoler !

Que faire alors ? pourrait-on, très léninistement, se demander. Il n’y a qu’une solution : dénoncer sans relâche les imposteurs intellectuels. Les faux sociologues, les économistes soi-disant nobélisables, les historiens de tréteaux électoraux, les philosophes de bistrot, les écrivains aux écrits vains.

Oui, sans relâche !...

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