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ANGOLA OU OBAMA ?

ANGOLA OU OBAMA ?

L’image est hallucinante.

Hallucinante n’est même pas le mot qu’il faut. On devrait pouvoir trouver un vocable plus fort pour décrire ce qui se passe depuis cinq ans déjà devant le consulat d’Angola à Lisbonne, capitale du Portugal, et devant le consulat d’Angola à Porto, deuxième ville lusitanienne.

Il se passe quoi ?

Eh bien…depuis cinq ans déjà, dès 3h du matin, dans le vent frisquet venu de l’Atlantique, s’alignent sur le trottoir conduisant à cette ambassade et à ce consulat des files interminables - parfois jusqu’à 300 personnes ! - de…comment dire ?... Mesurez mon embarras, chers lecteurs… des files interminables de… heu… de Portugais. Eh oui ! De Portugais tout ce qu’il y a de plus blancs. Bon, je sais, ils sont plus basanés que couleur ivoire, les Lusitaniens, mais ce sont tout de même des Européens.

Donc des centaines et des centaines d’Européens font la queue depuis cinq ans devant les représentations diplomatiques d’un pays africain. D’un pays de nègres, quoi ! Mais plus stupéfiant : ce pays africain, l’Angola, fut longtemps, très longtemps (plus de trois siècles), la colonie du pays européen en question, le Portugal. Des Portugais font donc la queue des heures durant sur le trottoir pour demander un… visa de travail en Angola. C’est le monde à l’envers !

Et les employés de l’ambassade et du consulat angolais, vachards à souhait, rembarrent la moitié d’entre eux parce qu’il manque tel papier ou que leur contrat d’embauche en Angola est incomplet. Cela ne vous rappelle rien ? Moi si ! Les files interminables de Maghrébins qui, dans les années 70-90, faisaient la queue dès trois heures du matin devant les préfectures françaises pour avoir une carte de séjour. Sauf que là, c’était plus normal, enfin plus logique, je veux dire : qu’un colonisé ou un ex-colonisé vienne chercher du boulot dans la métropole ou l’ex-métropole, cela n’a rien détonnant. La colonie est faite pour fournir des bras à la métropole (cf. le BUMIDOM) et l’ex-colonie n’a pas encore le temps de se refaire une santé pour être en mesure de se passer de l’ex-métropole.

Or, l’Angola, oui !

Grâce au pétrole, l’Angola n’en a rien à cirer du minuscule Portugal, pas trop riche et sans poids aucun au niveau international. Aucun Angolais n’a l’idée saugrenue d’émigrer à Lisbonne où il n’y a déjà pas de travail pour les Portugais. Et c’est d’ailleurs ce qui poussent ces dizaines de milliers de Portugais à solliciter un visa de travail pour Luanda, capitale de l’Angola.

Avant l’indépendance, il y avait 10.000 (dix-mille) Portugais en Angola. Aujourd’hui, il y en a 100.000 (cent mille) !!! Médecins, dentistes, architectes, ouvriers, infirmières, enseignants, boulangers, conducteurs de camion, agriculteurs mêmes fuient l’ancienne mère-patrie pour tenter de se refaire une vie meilleure dans l’ex-colonie. Et si l’ambassade et le consulat d’Angola au Portugal ne se montraient pas exagérément tatillons, ce n’est pas 100.000 Portugais qui auraient émigré mais le triple !!! Alors bien sûr, reste d’arrogance européenne (mal placée s’il en est), ces gens ne sont pas appelés « immigrés » mais… « expatriés ». Cela fait plus chic, n’est-ce pas ?

Quel rapport avec Obama, me direz-vous ? Eh bien que j’estime que ce phénomène est beaucoup plus significatif que l’élection d’un Noir à la tête de l’Empire yankee. Il montre bien davantage qu’un changement, qu’un basculement même, est en train de se produire en Europe et bientôt en Amérique du Nord. Que l’Occident est, petit à petit, en train de perdre la main et que demain, comme les Portugais, des centaines de milliers d’Européens et de Nord-Américains seront obligés d’émigrer en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud pour pouvoir survivre. Il n’y a déjà qu’à voir la bousculade euro-américaine à Shanghai et dans les grandes villes chinoises.

Oui, plus important que l’élection d’Obama car un président étasunien ne fait jamais que huit ans à la tête de son pays et après Obama, il faudra attendre l’an 3040 avant qu’à nouveau un Noir puisse s’asseoir dans le Bureau ovale de la Maison Blanche. Mais pour ce que ça change, bof ! Blanc, noir, vert ou jaune, un président yankee est un président yankee. Il peut faire de grands sourires et distribuer des « salamu-alikoum » lénifiants, ce qui le motive, c’est le maintien de son pays en tant que première puissance mondiale, rien de plus.

Pour en revenir à l’Angola et au Portugal, je n’ai qu’un regret, je suis trop vieux pour pouvoir espérer voir les files d’attente de Gaulois qui se presseront devant l’ambassade d’Algérie à Paris et les consulats algériens de province afin de demander des visas de travail pour Alger, Oran ou Tamanrasset.

Mais ce jour viendra, El-hamdullillah !...

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