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À LA MEMOIRE D’ANTOINE PETIT

À LA MEMOIRE D’ANTOINE PETIT

Âgé d’environ 80 ans, Antoine G. Petit nous a quittés ce matin 6 décembre 2008.

J’avais fait sa connaissance en 1970 en France et depuis nous nous étions rencontrés maintes fois. Il m’avait invité chez lui, à Stockholm, m’avait introduit dans certains milieux universitaires où, grâce à lui, j’ai prononcé quelques conférences sur l’art et la littérature haïtienne.

Mais c’est d’Antoine Petit qu’il faut parler. Qui était-il ? C’était d’abord un patriote comme son père Georges Petit, grand journaliste, grand opposant à touts les régimes dictatoriaux d’Haïti. Georges Petit a passé de nombreuses années en prison parce qu’il a combattu l’occupation américaine et les régimes autoritaires qui ont succédé à cette mainmise de 15 ans sur notre pays.

Journaliste, il avait son franc-parler. Très digne, il n’acceptait ni corruption ni compromission. Il a légué ces qualités à son fils Antoine qui, toute sa vie, a manifesté beaucoup de retenue et d’indépendance envers les pouvoirs en place. Les titres des journaux dans lesquels ils écrivaient donnent une idée de leurs préoccupations : l’un d’eux s’appelait " Le Patriote " et un autre, " L’Indépendant ".

Antoine Petit fut un opposant de la première heure à François Duvalier. Et les sbires ce pouvoir l’ont torturé, il a été frappé, pendu par les pieds dans une de ces zones sombres où les tontons macoutes exerçaient leur force. On comprend qu’il ait dû très vite quitter le pays pour se retrouver à Cuba où il poursuivit ses activités militantes et où il se maria. C’est là qui rencontra à nouveau René Depestre avec qui il s’était lié lors du passage de ce dernier en Haïti, au début de l’ère duvaliérienne. Antoine fut, toute sa vie, un grand admirateur de Jacques Roumain. Il gardait beaucoup d’affection pour Depestre dont il avait été l’un des témoins de mariage.

Antoine ne se confiait pas beaucoup. Il était discret et comme nous disons en Haïti, il n’a jamais prononcé un mot plus haut qu’un autre. On ne l’a jamais vu s’emporter ou fulminer. Il avait de la tenue, de la retenue et défendait ses amis contre quiconque leur décochait une flèche. Il avait réuni autour de lui à Stockholm un petit noyau d’Haïtiens qui lui faisaient entièrement confiance. Aujourd’hui cette petite communauté le pleure.

Antoine aimait par-dessus tout sa fille Sandra qui a passé brillamment, en 1995, dans une université parisienne, sa thèse de doctorat en Sciences de l’Éducation, avec mention très bien et félicitations du jury. Sandra a hérité des qualités humaines et intellectuelles de son père. Le lendemain de la soutenance, une quinzaine d’Haïtiens étaient réunis chez nous, à la maison, Antoine était évidemment très fier de la réussite de sa fille. Comme de nombreux Haïtiens de la Diaspora, Antoine a voyagé sur tous les continents, il a vécu quelque temps en Chine puis s’est établi en Suède où il travaillait comme traducteur. Il aurait pu apporter encore beaucoup à notre pays qu’il aimait de tout son cœur.

Saluons la mémoire de ce grand Haïtien dont la rectitude morale et intellectuelle honore notre pays.

Jean Métellus

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