Maintenant que la fièvre électorale est retombée après les consultations référendaires des 10 et 24 janvier dernier, il convient d’analyser à froid les résultats. Et surtout éviter de se payer de mots ! Exemple : dire et répéter mécaniquement qu’il y a eu 80% de votes « NON » à la première consultation référendaire est une grave erreur d’analyse. Pourquoi ? Parce qu’il ne faut absolument pas confondre :
. consultation électorale
. consultation référendaire
Dans une consultation électorale, on vote pour élire quelqu’un et il y a (presque) toujours plusieurs candidats en lice. L’abstention, dans ce type de consultation, est ininterprétable car celui qui ne s’est pas déplacé pour mettre un bulletin dans l’urne peut l’avoir fait pour trente-six raisons parmi lesquelles :
. aucun des candidats en lice ne le satisfait
. il estime que son candidat a peu de chances d’être élu
. il veut marquer ponctuellement sa défiance envers son candidat favori
. il se fout de la politique etc…etc…
A l’inverse, dans une consultation référendaire où l’électeur n’a à élire personne et où il doit simplement répondre « OUI » ou « NON » à une question, l’abstention est parfaitement interprétable. Dans ce cas de figure, les abstentionnistes sont des partisans objectifs du « NON » et rien d’autre. Car le « OUI » vise toujours soit à conforter une politique en cours soit à permettre une avancée politique quelconque. Donc celui qui refuse de lever son gros cul de son fauteuil et sacrifier une heure de son dimanche pour aller voter, eh bien celui-là vote « NON » en réalité.
Quand en 1969, le général De Gaulle a organisé son fameux référendum, il demandait aux Français s’ils approuvaient sa politique ou non. Ceux qui n’ont pas répondu, c’est-à-dire ceux qui se sont abstenus de voter, ont en fait voté « NON », car s’ils voulaient que le libérateur de la France reste aux commandes, ils ne seraient pas restés assis chez eux.
De même, lors de la consultation référendaire du 10 janvier dernier en Martinique, les abstentionnistes doivent être comptés au nombre des partisans du « NON ». Car si ces gens voulaient le changement minimal que proposait l’article 74, ils ne seraient pas non plus restés chez eux !
Dès lors, il faut arrêter de dire qu’il y a eu 80% de « NON » le 10 janvier. Il faut regarder la réalité en face : il y a eu 90% de « NON ». Il n’y a pas eu 130.000 « NON » contre 30.000 « OUI », mais bien 270.000 « NON » ! Refuser d’admettre cela s’est se cacher la tête dans le sable. C’est refuser de regarder la triste réalité en face. Et cette réalité est la suivante :
« {{Ceux qui sont favorables à une Martinique martiniquaise sont archi-minoritaires en Martinique}} ».
Point à la ligne.
{Pour mémoire
Inscrits : 296.802
Votants : 164.198 (54,61%)
Oui : 32.964 (20,69%)
Non : 126.298 (79,31%)}
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