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3 MADAM KI VAYAN

3 MADAM KI VAYAN

Les femmes seraient-elles devenues plus courageuses que les hommes aux Antilles? Courageuses sur la scène publique s'entend car sur la scène privée ou domestique, cela fait des siècles qu'elles démontrent un courage sans nom. En effet, trois d'entre elles se sont révélées ces derniers temps dans des domaines très différents.

Trois femmes qui, elles aussi très différentes, mais qui ont su démontrer une détermination sans faille. Trois femmes qui témoignent de la diversité de nos pays: la Noire (chanteuse), la Chabine (universitaire) et la Mulâtresse (femme politique). Cocktail détonnant qui a pour effet de déstabiliser la gent masculine et même, comme on le verra, féminine. Cocktail qui questionne à la fois la domination masculine et qui remet en cause l'intériorisation de cette dernière par un trop grand nombre de femmes.

On l'aura deviné: il s'agit de la chanteuse Joëlle Ursull, de la présidente de l'Université des Antilles Corine Mencé-Caster et de la porte-parole (jusqu'à tout récemment) de l'UMP-Martinique Karine Mousseau.

La première a réalisé un véritable coup d'éclat en adressant une lettre ouverte à François Hollande pour dénoncer le fait que ce dernier ait qualifié la Shoah de "plus grand crime contre humanité". Sans aucunement entrer dans une quelconque rivalité ou guerre des mémoires, la chanteuse de zouk a su, dire son fait au chef de l'Etat en rappelant cette atrocité triséculaire que fut l'esclavage des Noirs et le déni d'humanité qu'ont subi et que continuent à subir ces derniers dans les banlieues françaises. Sans craindre d'être qualifiée d'antisémite, Joëlle Ursull, à la différence de nombre d'intellectuels masculins antillais pour lesquels la pleutrerie semble être une seconde nature, a dénoncé le fait que l'esclavage ne fasse toujours pas partie de la conscience nationale française. La position de la chanteuse n'est absolument pas indépendantiste: elle exige tout simplement que les "Noirs français" soient traités comme des Français, rien de plus, et que justice soit rendue à leur histoire tragique. Evidemment, une nuée de médiocres, certains se prétendant "philosophes" ou "historiens", ont critiqué son propos, mais c'est une femme, la ministresse de l'Outre-Mer, Georges Pau-Langevin, qui a gagné le pompon: selon elle, l'esclavage des Noirs ne relève pas du génocide car les Noirs étaient capturés en Afrique pour aller travailler, certes gratuitement, aux Antilles, pas pour être exterminés. Cette déclaration, pour le moins scandaleuse, relève du négationnisme et dans la bouche de n'importe qui d'autre, elle aurait été passible de poursuite pour "apologie de crime contre l'humanité". Car enfin, que fait Mme Pau-Langevin, des milliers d'esclaves jetés par-dessus bord lors de la traversée de l'Atlantique (le fameux "passage du milieu")? Que fait-elle des centaines de milliers d'autres morts au bout de deux ou trois ans de coupe de la canne à sucre dans les plantations antillaises? Que fait-elle des milliers et milliers d'esclaves rebelles, de nègres marrons, révoltés contre le système esclavagiste et que les maîtres blancs n'hésitaient pas à abattre sans vergogne? Le Code noir (1685) serait-il, pour madame Pau-Langevin, une préfiguration du Code du Travail?

BRAVO A JOELLE URSULL !

*

La deuxième "fanm vayan" est sans conteste Corinne Mencé-Caster, présidente de l'Université des Antilles, qui a su résister avec un courage incroyable à toutes les avanies émanant de ceux qui voulaient continuer à tripatouiller tranquillement dans les finances de l'université. Elue brillamment contre quatre candidats masculins, elle n'a pas bénéficié d'un jour, d'un seul jour, d'état de grâce. Normalement, toute personne nouvellement élue en bénéficie, ne serait-ce qu'un mois, trois mois, voire pour les plus chanceux un an, elle, zéro! Rien! Elle a commencé à être bombardée de partout au lendemain de son élection. Quel crime avait-elle bien pu commettre pour susciter une telle levée de boucliers? Le crime d'avoir gagné contre des hommes tout d'abord, machisme antillais oblige. Le crime, pour certains, d'être martiniquaise dans des pays où une rivalité savamment entretenue par le Maître continue de sévir. Le crime d'être brillante (agrégée, docteur, écrivain etc.) et de ne pas s'en laisser compter par le premier macho venu. Mais son plus grand crime aux yeux de ses adversaires, devenus depuis des ennemis, est d'avoir cherché à régler la question du CEREGMIA, ce groupe de recherche en économie, installé sur les trois ex-pôles de l'ex-UAG, dirigé par Fred Célimène et Kinvi Logossah, qui est pointé du doigt par pas moins de quatre rapports accablants: deux de la Cour des Comptes, un du Sénat et un de l'IGAENER. Sans compter la volée de bois vert du Conseil d’Etat! 10 millions d'euros au bas mot de subventions, principalement européennes, se sont volatilisées sur les trois dernières décennies et le CEREGMIA est incapable de se justifier. Incapable de présenter la moindre facture! 10 millions d'euros que l'université devra rembourser. Malgré des attaques violentes et incessantes, des mails mensongers et diffamatoires, le harcèlement d’un certain syndicat curieusement peu soucieux des deniers publics, Corinne Mencé-Caster a tenu bon jusqu'à ce jour avec une détermination et un courage exemplaires.

Certains l'accusent d'avoir fait éclater l'UAG et d'être responsable du départ de la Guyane. C'est faux, totalement faux : le Conseil d'administration avait acté le départ de la Guyane pour 2020 et cela avant l'élection de C. Mencé-Caster. Le départ précipité de cette dernière résulte de la conjonction de deux faits: les manoeuvres souterraines du CEREGMIA pour déstabiliser la présidente en suscitant un mouvement de grève illimité en Guyane d'une part et, de l’autre, la volonté de Mme Taubira, ministre de la justice, d'imposer "son" université. Mais de toute façon, la Guyane était déjà programmée pour prendre son indépendance. Ensuite, C. Mencé-Caster a continué de se battre pour éviter l'éclatement de l'Université des Antilles, combat non terminé à ce jour, mais son plus grand exploit est d'avoir su gérer le passage aux RCE (Responsabilités et Compétences Partagées), cette réforme qui donne une large autonomie aux universités lesquelles, par exemple, payent désormais leur personnel enseignant et administratif. Dans l'Hexagone, plusieurs universités n'ont pas su franchir ce pas et ont été, comme celle de Versailles-Saint-Quentin, mises sous tutelle par leur Rectorat, incapables qu'elles étaient de régler leurs factures EDF, Gaz de France ou tout simplement de téléphone.

BRAVO, MADAME CORINNE MENCE-CASTER !

*

La troisième "fanm vayan" est Karine Mousseau, porte-parole de l'UMP Martinique, qui vient d'être débarquée de sa fonction par son parti à cause d'un article humoristique paru dans la presse. Petit chef d'oeuvre d'humour créole, ce texte égratigne divers politiciens et politiciennes de notre île en les qualifiant de "Lapoloyon zéro", "fimel mal-krab" et autres joyeusetés. En réalité, K. Mousseau ne dit rien de plus que ce que nombre de gens disent tout bas, que de nombreux journalistes et intellectuels peu courageux murmurent depuis longtemps. A savoir: l'ambition démesurée de certains politiciens qui n'ont encore rien prouvé ni accompli quoi que ce soit d'extraordinaire pour la Martinique et qui se voient déjà papes à la place du pape. Cela serait du dernier comique, voire du dernier grotesque, si l'avenir de notre pays n'était pas en jeu et si décembre, date de l'élection de la Collectivité de Martinique, n'approchait pas à grands pas. K. Mousseau pointe aussi du doigt l'inconstance, le manque de conviction, le compère-lapinisme de certaines politiciennes de son camp, celui de la Droite, qui obéissent au proverbe "silon van latjé poul panché". La tribune de l'ex-porte-parole de l'UMP Martinique, outre qu'elle est pleine d'humour, démontre chez elle un courage à toute épreuve dans un petit pays où l'on risque de rencontrer à n'importe quel coin de rue, celui ou celle qu'on a critiqué(e) la veille. Il fallait des "grenn"pour écrire cela et K. Mousseau l'a fait et la sanction que lui a infligée son parti est tout simplement ridicule.

BRAVO, Mme MUOSSEAU!

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