« Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. » Albert Londres
Jacobus CAPITEIN est né en pays fanti, actuel Ghana. En 1725, il est vendu à un négrier hollandais qui travaille pour la Compagnie des Indes Occidentales. L’enfant est offert à Jacobus Van Goch, un pasteur qui lui donne le nom de Capitein et, en 1728, l’emmène avec lui à La Haye. De nombreux protecteurs et mentors vont se relayer ensuite pour parfaire sa formation d’universitaire et de théologien. Tous lui demandent, à la fin de ses études de retourner en Afrique de l’Ouest. Baptisé en 1735, ordonné pasteur, puis en 1742 déclaré « ministre De l’Evangile », il prononce ses premiers sermons au Pays-Bas avant de s’embarquer sur un bateau négrier en partance pour la Côte de l’Or. Sa mission est double : renforcer la foi chrétienne des Hollandais et évangéliser les Africains. Les premiers n’appartiennent pas pour la plupart à l’église réformée et les seconds ne s’empressent pas de lui confier leurs enfants. Cependant Opoku Ware, un chef ashanti, est impressionné par l’éducation reçue par J. Capitein et décide d’envoyer une quinzaine de jeunes en Hollande. Le pasteur s’éprend d’une femme que ses supérieurs l’empêchent d’épouser car elle n’est pas convertie. Par la suite, il délaisse quelque peu sa mission évangélisatrice pour se lancer dans le commerce, il s’endette et s’adonne à la boisson. Le 1er juillet 1745, il demande à être démis de ses fonctions et il meurt deux années plus tard, à l’âge de trente ans, dans des circonstances non élucidées, semble-t-il.
Bertène JUMINER (1927-2003) m’avait accordé, en 1996, l’entretien suivant. Il y revenait sur les raisons de son engagement politique et littéraire et répondait, par ailleurs, à ceux qui voulaient le cataloguer comme exclusivement guadeloupéen ou guyanais.
« Je voyage beaucoup, mais je retourne toujours en Afrique du Sud, parce que mon cœur y est », disait André Brink. Il est mort, le 6 février 2015, à bord de l’avion qui le ramenait dans son pays après avoir été fait docteur honoris causa de l’Université Catholique de Louvain, en Belgique.
Adolescent, Arthur Rimbaud (1854-1891) écrivit une œuvre qui devait révolutionner la poésie française à jamais et marquer d’une empreinte indélébile ce genre littéraire. Paul Claudel déclare : « C’est Arthur Rimbaud qui m’a instruit et construit. Je lui dois tout. Il n’était pas de ce monde. » André Breton quant à lui nous dit : « C’est grâce aux Illuminations que nous pouvons atteindre le plus profond de notre être. Cette œuvre mérite de rester en vigie sur notre route ».
Jean Antoine Amé-Noël, « libre de couleur » né en 1769, est un propriétaire dont l’ampleur de la fortune relève de l’exception pour un homme de sa condition si bien qu’à l’époque, elle est attribuée par la rumeur à la récupération d’or caché dans les flancs de bateaux échoués à l’Anse-à-la Barque. Il est vrai que J-A Amé-Noël, jeune entrepreneur de pêche à la seine, acquiert, en 1787, une habitation caféière à Village-Bouillante alors qu’il n’a que 18 ans.
En décembre 1957 Richard Denizan, alias René Depestre, rentre en Haïti, après quelques années d’exil contraint. Ce récit, mis en forme de manière romanesque, n’en est pas moins en grande partie autobiographique. Le narrateur raconte les retrouvailles avec sa mère, Popa Singer, une vaillante couturière vodouisante habitée, dit-on, par l’esprit d’un commerçant allemand qui lui insuffle une force surhumaine. Et de la force et du courage il en faut à une époque où Papa Doc instaure un régime dictatorial particulièrement sanglant.
En 1852, la Guadeloupe sort à peine du carcan séculaire de l’esclavage mais elle demeure une colonie. Il existe donc un code pénal colonial, un système pénitentiaire colonial et bien sûr des prisonniers coloniaux. A l’époque, en France, le système judiciaire cherche à se renouveler et les théories pénitentiaires s’affrontent : faut-il épurer la société de ses mauvais sujets ou les moraliser, faut-il les enfermer, les déporter, les reléguer ?
La tragédie de mai 1802 marquant, en Guadeloupe, la fin de la résistance héroïque de Délgrès, Ignace et leurs compagnons est suivie du rétablissement de l’esclavage aboli en 1794 et d’une effroyable répression. Des rescapés des troupes vaincues par les soldats de Napoléon, devenus des « marrons », se réfugient dans les forêts de Petit-Bourg, Juston, les Mamelles, Bergette. Traqués par les « chasseurs des bois », certains restent longtemps insaisissables. En 1818, pour ne donner que cet exemple, une prime est offerte pour la capture de Macochy chef d’un camp de marrons d’importance. C’est en 1826, qu’au terme de 25 ans de marronnage, il sera pris et mourra dans la geôle de Basse-Terre.
Au milieu du XIX siècle, en Guadeloupe, le système esclavagiste trouve ses limites, la rentabilité escomptée n’est plus au rendez-vous, une possible abolition est envisagée. Mais en 1844, la réglementation devant régir cette émancipation reste vague ; en l’occurrence, les autorités coloniales réfléchissent à la possibilité pour les esclaves de se racheter eux-mêmes et se demandent comment faire pour leur permettre de se constituer un pécule. Une loi est en préparation à ce sujet, elle sera effective en juillet 1845.
Dans cette perspective, Marc-Alexandre Fourniols, procureur du roi, entreprend une tournée d’inspection dans les ateliers d’esclaves de Basse-Terre, d’Extra-Muros (actuelle commune de Saint Claude), de Dos d’Ane (aujourd’hui Gourbeyre) et de Baillif.
Le 6 décembre 1870, victime sans doute des suites d’une attaque cardiaque consécutive à du diabète et de l’hypertension, Alexandre Dumas s’éteint à l’âge de 68 ans. Disciple de Nemrod, débauché, ripailleur, hôte généreux et excellent cuisinier, il laisse en chantier un dictionnaire de la cuisine commencé un an avant sa mort (parution posthume) venu de son propre aveu parachever son œuvre.
La question du vivre ensemble avant 1848 n’a pu se poser qu’à l’intérieur des groupescomposant la population guadeloupéenne. Concernant les rapports entre les différentes communautés ayant forgé cette population, ils n’ont pu s’envisager qu’à partir de l’abolition. Cette construction d’un nouveau modus vivendi est le sujet d’étude de l’historien Raymond Boutin.
Vladimir Poutine est le président de la Fédération de Russie. Il faut lire l’ouvrage très bien documenté de Michel Eltchaninoff pour être mieux à même d’interpréter les informations trop souvent superficielles voire opaques données par les médias au quotidien. C’est en se plongeant dans la lecture (relativement ardue) de cet essai que le profane découvre la complexité non seulement de la personnalité de Vladimir Poutine mais aussi des courants de pensée irriguant l’histoire de la Russie contemporaine.
En 1996, Alain Mabanckou séjourne à Vieux-Habitants. En feuilletant l’annuaire de la Guadeloupe, il constate que certains noms de famille ont une consonance africaine et l’idée lui vient d’écrire une fiction où Africains et Antillais mêleraient leurs existences. Le titre lui apparaît, dit-il, comme une évidence, peint sur la carrosserie d’un transport en commun. Et Dieu seul sait comment je dors paraîtra, en 2001, aux Editions Présence Africaine. Le texte et la langue n’ont pas encore la maturité et le ton caustique qui seront ceux des ouvrages à venir dont African Psycho ouVerre Cassé. En 2015, Petit Piment est un bestseller sur la liste du Prix Goncourt mais on retiendra qu’Alain Mabanckou (Lauréat du Prix Renaudot, en 2006, pour « Mémoires du porc-épic ») a écrit un de ses premiers romans grâce à la Guadeloupe qui l’a inspiré.
L’ouvrage d’Ephrem B. Jean s’attache à nous faire connaître un Marie-Galantais, dont les tribulations sont restées dans l’ombre d’une histoire oublieuse des hommes mettant à mal, au XIXe siècle, les attendus de l’idéologie coloniale dominante.
Me Maurice L’ADMIRAL était, avant l’Indépendance du pays, une grande figure du barreau algérien comme en témoigne son parcours : 62 années d'exercice de sa profession, brillant avocat d'assises, membre du conseil de l'ordre coopté bâtonnier par ses collègues européens. Il a aussi été conseiller général du département d'Alger et conseiller municipal d'Alger dans le collège électoral réservé aux indigènes.
Enfant, Jean-Marie Le Clézio vécut un temps au Nigéria parmi les Ibos et les Yorubas. Il découvrit que l’Afrique, c’était le corps plutôt que le visage. Cette vieille femme au corps « fait de rides et de plis, sa peau comme une outre dégonflée, ses seins allongés et flasques pendant sur son ventre, sa peau craquelée, ternie, un peu grise », serait-elle malade ? Il interrogea sa mère, elle répondit : « Non, elle n’est pas malade, elle est vieille. » Ce fut le choc. En Europe, les corps dissimulés par les vêtements étaient exempts de « la maladie de l’âge ». Et le jeune garçon de se demander : « Pourquoi m’a-t-on caché cette vérité ? »
Né en République Démocratique du Congo, Serge DIANTANTU est l’auteur de bandes dessinées. Dans des albums aux couleurs chaudes, il adopte un style graphique qu’il qualifie de « mindelô », autrement dit un mélange de lignes droites et courbes emprunté à l’esthétique des masques africains. Il nous raconte l’histoire de Simon KIMBANGU. Congolais, opposant non violent à l’occupation coloniale de son pays par les Belges, chrétien charismatique jugé subversif par les Eglises européennes, Simon KIMBANGU a du vivre accroupi dans une cellule pendant 30 longues années jusqu’à sa mort. Il est le fondateur d’une religion prophétique afro-chrétienne, le kimbanguisme.
Dans cet ouvrage, Tania de Montaigne rend justice à Claudette COLVIN et démontre pourquoi l’histoire des droits civiques aux USA a laissé volontairement dans l’ombre cette jeune fille de 15 ans au profit de Rosa PARKS.
Guadeloupéenne, Myriam Warner-Vieyra (1939-2017) est née à Pointe-à-Pitre, d’un père originaire d’Antigua. A partir de 1961, elle vit au Sénégal où elle épouse le cinéaste béninois Paulin Vieyra et croise le chemin de sa compatriote Maryse Condé. Indépendamment du plaisir qu’elle éprouve à vivre en Afrique, elle est obligée de constater qu’aux yeux des Sénégalais, elle demeure une étrangère, une Antillaise; ce qui lui permet de vivifier cette part originelle de son identité.