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SOLILOQUE EN CONFINEMENT (1)

Raphaël CONSTANT
SOLILOQUE EN CONFINEMENT (1)

Cette vie en confinement est terrible. On a beau faire comme si tout va bien, positiver pour les enfants et les faire travailler, essayer de travailler normalement, organiser sa journée rationnellement etc…

A un moment, on se retrouve à (devoir ?) lire les nouvelles et commencer à compter le nombre des infectés, d’hospitalisés, de personnes en réanimation et des morts. Toute la journée, en titre des journaux du monde, le nombre de décès dans les différents pays du Monde.

Cela est absolument déprimant.

 

Dans une telle ambiance, on ne peut que relever avec plus de rage sinon de l’ironie la bêtise humaine.

Aux Usa, il y a 10 jours, Trump voulaient remplir les églises américaines et annonçait que tout allait repartir le 12 (pas le 10 ou le 13) avril. Et puis, voilà que finalement il annonce qu’avec seulement 200000 morts, les USA s’en tireraient bien !

En France, une loi liberticide a été votée. Une flopée d’ordonnances a été prises.  Une détricote le code du travail au bénéfice des patrons et annoncent des dispositions jusqu’à la fin de l’année. Une autre prolonge automatiquement la détention de milliers de personnes sans qu’elles ne puissent se défendre ou que leurs avocats puissent contester ! Bien entendu les juges se soumettent. Même le Conseil Constitutionnel a admis que le contrôle de constitutionalité devait être suspendu.

Nous sommes face à un pouvoir autiste qui refuse d’avouer qu’il n’a rien vu venir et que ce pays n’était pas prêt, qui considère « irresponsable » de le critiquer, qui dit tout et son contraire et ne peut s’appuyer que sur le courage et l’abnégation des soignants à qui on a tout refusé depuis trois ans !

La ministre Girardin a réussi dans une interview à France Info à prétendre que tout va bien et que « l’outre-mer » a même de la chance car nous serions en avance d’un mois sur l’hexagone ! Pas un mot d’excuses, de compassion ou même un semblant d’autocritique, une vrai macronienne de chic et de choc !

 

En Martinique, on n’est pas mieux avec quelques figures de haute couleur qui devraient dans une société normale un jour rendre des comptes pour leur incurie.

Il est acquis que nous n’avons pas assez de soignants, de matériels (masques etc…) pour faire face à l’épidémie. Un jour, le Chum lance un appel à la Charité publique. Un autre, Préfet et Ars lancent pour recruter des soignants. Comme si de nouveaux docteurs, infirmiers, aides-soignants vont pousser de terre !

 

Nous avons ici un médecin chef de service (avec un curieux sourire en coin du style parle toujours moi je m’en moque !)  qui continue à dire à la télévision que les masques ne sont pas utiles pour se préserver du virus, ceci en contradiction avec tous les scientifiques du monde entier.

 

Il y a le directeur de l’Ars qui imperturbablement égrène les chiffres comme un comptable de la maladie et de la mort. Sur les manquements, véritable langue de bois, il prétend que tout est bon ! Manifestement, on l’ennuie de l’interroger ou de lui demander des comptes. Il n’a rien à dire.

 

Et puis la Préfecture. Déjà un curieux porte-parole (barbu) qui quand on l’interroge sur les fameux 800 confinés des bateaux de croisière ou sourit béatement ou répète qu’il ne sait pas et qu’il faut aller voir l’ARS !

Mais le Préfet, 30ème du nom, restera dans les annales avec son couvre-feu. Très sincèrement, cela était si ridicule que j’ai cru à un poisson d’avril. Cette grave atteinte à nos libertés n’est aucunement justifiée. Manifestement, c’est fait pour d’une part (comme les auto-confinements) pour culpabiliser les martiniquais et d’autre part camoufler les manquements de l’état. Cela va aussi occuper police et gendarmerie ! Mais, aucun élément ne peut fonder cette interdiction car sauf preuve contraire les nuits martiniquaises étaient loin d’être marquées par une ambiance folle.

Le plus fort est quand ce préfet, interrogé le premier avril sur Martinique Première (pas en direct d’ailleurs mais dans les studios), a expliqué que son problème était que les martiniquais allaient trop souvent faire leur course dans les supermarchés Jusqu’à trois fois par semaine ! On l’a vu pourtant lui-même il y a quelques jours se faire photographier avec Parfait à la Galléria. Eh ben, notre anthropologue de la rue Victor Sévère nous le dit : vous allez trop souvent faire des courses, bande de dangereux propagateurs du virus ! On voit mal en quoi le couvre-feu qui s’applique la nuit va résoudre cette tare martiniquaise décelée par ce Levi-Strauss de pacotille.

Mais le Préfet n’a pas dit un mot pour les 32% des martiniquais se trouvant sous le seuil de la pauvreté qui eux ne peuvent pas aller faire des courses !

 

Dans la même ligne et dans la même interview, quand on l’a interrogé sur le manque de masques, il a expliqué que si nous n’en avons pas ici c’est qu’il y a une « pénurie mondiale ». Or, la vérité est que le gouvernement de notre anthropologue a tardé à en commander depuis janvier et qu’aujourd’hui il en cherche partout et essaie même qu’on en fabrique. Il n’y a pas « pénurie mondiale », il y a un état qui n’a pas su prévoir (depuis 2005, l’OMS a prévenu que ce que nous vivons aujourd’hui est plausible) comment protéger ses citoyens.

 

Le 3 avril, Paris a fait cocorico en annonçant qu’un porte hélicoptère va arriver à la mi-avril avec un million de masques chirurgicaux (qui protège le patient mais pas le soignant) et 170000 de FPP2 (les seuls efficaces !) pour la Martinique et la Guadeloupe.

C’est déjà peu et en attendant la mi-avril, nos soignants font quoi ?

 

En Guadeloupe, le tribunal administratif a donné raison à l’UGTG. A Fort de France, il existe des juges administratifs plus vigilants qui ont envoyé paître l’AASSAUPAMAR et la CSTM. Tout va bien. Il suffit que l’ARS le dise contre la réalité, contre les syndicats, contre toutes les déclarations, nos juges sont aveugles et ne croient que leur propres amis fonctionnaires comme eux.

J’admire mes confrères qui arrivent à plaider devant ces juges. Le problème de la justice administrative (le juge judiciaire n’est pas mieux) en France est qu’elle se conçoit avant tout comme un support du pouvoir politique d’où le nom de « Conseil d’Etat ». Ainsi, pendant la seconde guerre mondiale, la juridiction administrative a tout laissé passer, y compris le statut des juifs ! Alors, attendre d’elle qu’elle se préoccupe de la santé des martiniquais alors que le pouvoir a dit que tout va bien. La gageure ! Même en France, le Conseil d’Etat ne cesse de rejeter tous les recours.

 

Soit dit en passant, on attend toujours que Macron répondent aux parlementaires martiniquais qui lui ont écrit. On attend aussi les médecins cubains.

 

TENEZ BON. BON CONFINEMENT

Raphaël CONSTANT

Toujours confiné

Commentaires

Véyative | 05/04/2020 - 08:57 :
Vous avez raison, le Préfet a durci le ton avec le couvre feu. Ah que n'a t-il pas durci le ton en suspendant les croisières lorsque le virus circulait déjà ! Et il ferait mieux de s'approprier notre tissu social, surtout face aux courses " dé-raisonnées". Combien n'ont pas de cartes bancaires, sont limitées dans leur retrait d’espèces, n'ont pas de congélateurs, vont à pied faire leur courses, donc plus souvent...etc. Bêtise humaine comme vous dites
Frédéric C. | 09/04/2020 - 05:37 :
Rien à dire de cet article sur le plan des faits, révoltants. Le Préfet n’est que le continuateur du Gouverneur d’avant 1946, le statut «départemental-régional» n’est qu’une façade juridique pour une réalité coloniale. Donc le représentant de l’Etat n’a que faire des peuples sous son «administration». La plupart des grands chefs venus du froid n’ont rien à f... des cultures, histoire et idiosyncrasies des peuples sous leur «administration» : les Préfet, Directeurs d’ARS, DDE et autres hauts fonctionnaires ne sont que des «commis de l’Etat». Quand l’un deux s’intéresse un peu trop à l’intérêt de ces «peuples», fait marque de quelque empathie, le gouvernement le mute d’office (Bertolle, Plénel...). Donc ce que dénonce R.Constant est hélas dans l’ordre des choses. Mais il y a un point de l’article très contestable. Au tout début, après description de la situation en termes généraux R.Constant écrit: «Cela est absolument déprimant». Cette appréciation est erronée. Ce n’est pas un détail, c’est même très important pour l’avenir des luttes à mener. Car NON : ce n’est PAS ABSOLUMENT DEPRIMANT. Car CELA POURRAIT ÊTRE PIRE. Et même là, ce ne sera pas absolument déprimant ! Et nous avons les moyens de ne pas céder à la déprime. Certes, c’est déprimant ! Ne pas pouvoir sortir quand on a des rapports sociaux riches et denses, ne pas avoir le moindre rapport humain sans l’ «intrusion numérique » -désolé pour le poncif du «Big Brother»- c’est déprimant, surtout quand ça dure. Ne pas pouvoir embrasser les êtres qu’on aime*, ne pas pouvoir serrer la main à des amis chers, c’est pénible ! Oui, écouter les nouvelles macabres plus ou moins en boucle, focalisées chaque jour sur la litanie des contaminés et des morts, dont qui augmente chaque jour dans tel ou tel pays, voir ces macchabées enfermés dans des sacs : ce RDV macabre est déprimant ! Face aux saloperies de la plupart des Gouvernements, et notamment le gouvernement français avec l’aval du Conseil Constitutionnel, on ne peut même pas manifester : c’est révoltant et déprimant ! Mais CELA POURRAIT ÊTRE PIRE, donc encore plus déprimant. Ce qui suit vous paraîtra peut-être décalé voire cynique, mais réfléchissons-y un peu, c’est du plausible. A la situation actuelle pourrait se combiner des éléments d’extranéité relative, par exemple: 1/de nouveaux attentats «terroristes»-kamikazes (que le confinement n’empêcherait pas forcément : légitimes ou non, les contestations violentes ont existé sous tous les régimes autoritaristes). Quels impacts négatifs cela induirait-il sur la situation ? 2/ OU/ET Trump et son équipe déclenchant le feu nucléaire (on y a échappé en 2019). 3/ OU/ET les mêmes intervenant militairement contre le régime venezuelien. C’est en préparation : https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/crise-au-venezuela-donald-trump-convoque-5-pays-caraibe-692294.html. Mais quel Etat protestera quand tous ont le nez rivé sur le Covid-19 et sont dans la «coopération» contre ledit? 4/ OU/ET (et cela nous devons nous y préparer, hélas !) la disparition physique via la pandémie d’une proportion variable des peuples haïtien, gazaoui (merci Israël), d’Afrique (merci au FMI et à l’«ajustement structurel» imposé à ces pays), des milliers de réfugiés «migrants» entassés aux portes de l’Europe dans des conditions sanitaires et de promiscuité épouvantables. Vous estimez que c’est exagéré, que rien de çà ne peut arriver ? Eh bien regardez l’actualité avec plus de recul... Donc si cela arrive, la situation aura bien empiré, et ce sera encore plus DEPRIMANT, pour nous individus qui serons peut-être encore confinés, condamnés à regarder cela à la TV sans pouvoir manifester. Et même cela, ce ne serait PAS l’«ABSOLUMENT DEPRIMANT» évoqué par R.Constant. Car la situation pourrait bien empirer, toujours plus. Avec les possibilités de manipulations génétiques imaginez ce que des apprentis-sorciers «terroristes» (d’Etat ou non) pourraient tenter. Les Cubains sont là pour nous dire qu’un empoisonnement bactérien est possible. Alors en changeant d’échelle, il n’est pas besoin d’être «complotiste» pour imaginer le tableau... TOUT CELA POUR DIRE QUE, dans la situation actuelle effectivement déprimante et révoltante, nous devons certes lutter avec les moyens du bord (pétitions, articles, forums, etc). Mais AUSSI, INDIVIDUELLEMENT, lutter contre la sinistrose/morosité ambiante. Si nous écoutant les « chaînes infos » plus ou moins en boucle, « pour nous tenir au courant » on déprime. Si ne lutte pas on en devient accroc, car ces « journaux TV semblent conçus pour qu’on ne décolle pas de l’écran. Il ne s’agit pas ici de se «désintéresser» de l’actualité, mais de protéger notre intégrité psychique pour mieux lutter demain, sinon nous serons groggy tandis que les adversaires seront eux en pleine forme ! nous serons d’être sinon à genoux, en tout cas moins combatifs et avisés alors que des tas de mauvais coups sont déjà ficelés par les gouvernements et notamment le Gvt français (ordonnances anti-salariés, décrets coloniaux...). Alors luttons pour GARDER LE MORAL. LUTTER MORALEMENT, MAIS COMMENT ? Ce qui suit va peut-être choquer ou paraître cynique, mais tant pis. MÊME SI A PRIORI NOUS N’EN AVONS PAS ENVIE, essayons de RIRE A TOUT PRIX !! REGARDONS ET ECOUTONS DES BLAGUES OU DES SKETCHES QUI NOUS AMUSENT, même pour un moment çà nous permet de nous évader ! Faisons le en fonction de nos goûts respectifs. Ça peut être y compris des vié BLAG KOUYON, des blagues nulles voire abjectes, transgressives, border line, même si d’habitude on pense «ça ne vole pas haut!». Le but est de RIRE A TOUT PRIX ! Envoyons nous des liens via les mails, SMS, comptes facebook ou bondakabrit (tenez, éculée peut-être, celle-là est gratuite !). Ecoutons des musiques qui nous rappellent des souvenirs détendants et agréables, l’akra de Césaire ou Maryse Condé (et non pas la «Madeleine de Proust» : celui-là aussi est gratuit). Regardons des FILMS COMIQUES, menons des activités d’évasion ludique, faisons du facial feed back. Chantons des airs qui nous ravissent, même si nous chantons faux tant pis ! Chantons pour nous détendre et contrer la déprime ! RIONS ET DETENDONS-NOUS SANS CULPABILISER. Le RIRE nous aide à survivre, l’AUTODERISION aussi. Ce ne serait pas insultant pour les malades et les défunts du Covid-19 : nous ne pouvons rien faire, nous sommes cloîtrés ! En plus : 1/ RIRE permet à notre esprit de respirer, donc de rester lucide pour «quand on revient aux choses sérieuses». C’est donc de l’hygiène de vie et une nécessité individuelle actuellement. 2/Laisser la situation nous déprimer, nous stresser est mauvais pour la santé, nous pousse à faire tension, AVC, cancers et autres joyeusetés. Résistons à çà, décrispons nos sourcils et le reste ! 3/Le RIRE est facteur de résilience (mot qu’on entend souvent, sans qu’on nous explique le modus operandi). Nous en aurons besoin pour l’après-confinement, pour continuer les combats que pour le moment nous ne pouvons pas mener en réunions et dans la rue. Alors RIONS avec les outils évoqués plus haut. RIONS de tout (mais pas avec n’importe qui !), de n’importe quoi sans scrupule ni tabou, pour essayer de rester lucides et un peu positifs. Prenons ce que nous faisons au sérieux, mais NE NOUS PRENONS PAS AU SERIEUX, CESSONS D’ÊTRE «SERIEUX». Détendons nous le cerveau... Sinon, quand la situation sera encore plus déprimante (et non pas «absolument déprimante», l’absolu étant inatteignable en la matière), nous risquons de manquer du ti zizinn de force pour nous relever et faire face aux adversaires/adversités multiples, qui eux sont déjà prêts... Ce commentaire n’est pas de contenu « politique ». Mais à vous de voir si ses propositions peuvent nous servir. ....................................................... ............................................................. * oui, dans notre pays où tant d’hommes se veulent «virils» et où l’expression de tendresse est perçue souvent comme signe de «faiblesse», de «macoumisme», où il faut rester «digne», où un homme «ne doit pas pleurer», la dernière phrase vous paraîtra peut-être «bagay djen djen», mais vu que demain aucun d’entre nous n’est sûr d’être vivant il faut dire les choses comme elles sont. Être «tendre» n’est pas une faiblesse ! D’ailleurs, Che Guevara écrivait : «le jeune communiste (révolutionnaire) ne doit jamais cesser d’être tendre».

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