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LES FOURBERIES DE SCARPIN

Marie-Rose Fréjus
LES FOURBERIES DE SCARPIN

Il était une fois un doyen qui vivait tranquille dans sa composante. Incapable de remporter les élections par son propre charisme et la nature de son projet, il avait été déposé là par un grand méchant directeur qui avait besoin d’un esclave pour signer. Son élection avait été négociée de très haute lutte, quitte à botter le derrière des pauvres juristes qui ne savaient plus à quel saint se vouer.

Le grand méchant directeur avait pris l’habitude de régner en maître : pas un roi qui résistait à son autorité. On dit même qu’il se croyait tout-puissant, au point de ne pas avoir besoin d’être roi lui-même, pour régner en seigneur incontesté des lieux.

Il faut dire que ses valets étaient nombreux, nombreux. Entre carotte et bâton, ils avaient façonné leur prison et n’envisageaient même pas de s’en libérer.

Le Sieur Scarpin était l’un d’entre eux, mais sa complicité avec le grand méchant directeur faisait de lui un valet un peu spécial. Il avait lui aussi intégré l’idée qu’il était hors d’atteinte, au-dessus et que personne ne pouvait rien contre lui quand le grand méchant directeur était là.

En valet parfait, le Sieur Scarpin signait, sans même regarder, tout ce que le grand méchant directeur lui confiait. Et vas-y que je signe, et que je signe, et que je signe encore. Des billets pour les Etats-Unis sur l’argent d’Haïti, des billets pour l’Afrique sur l’argent de la Caraïbe, des factures de restaurant de 160 euros pour deux personnes, quand le maximum autorisé est de 40 euros, etc.

Bref, vous l’aurez compris, le Sieur Scarpin qui était le sous-roi d’un roi qui ne l’était pas, ne pensait jamais à la Reine. Il avait traité d’ailleurs naguère la souveraine de « pasionaria ». C’est dire s’il ne s’en souciait guère !

Mais un jour la Reine décida de rétablir son autorité dans le royaume, ce qui la conduisit à en bannir le grand méchant directeur qui tentait d’usurper sa place, tout en feignant de ne jamais vouloir l’occuper. Une fois exilé ce dernier à l’autre bout du royaume, la Reine priva le Sieur Scarpin de ses fourberies de signature.

A vrai dire, elle en avait le droit, surtout qu’il n’avait pas du tout compris ce que veut dire « signer » en lieu et place de…

Je ne connais pas la fin de l’histoire. Je sais seulement que la Reine fut traitée d’abominable sorcière, mais je ne crois pas qu’ils réussirent à la mettre sur le bûcher, comme ils le souhaitaient tant…

Sieur Scarpin ne se repentit jamais de ses fourberies, ni le grand méchant directeur de ses scarpineries.

Commentaires

lui_meme | 10/06/2014 - 15:51 :
Avec style et élégance.

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