Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

UNE MÈRE INTERPELLE SARKOZY SUR LA DISCRIMINATION MÉMORIELLE QU'IL PLANIFIE EN CLASSE DE CM2

Par Claire MALBOS
UNE MÈRE INTERPELLE SARKOZY SUR LA DISCRIMINATION MÉMORIELLE QU'IL PLANIFIE EN CLASSE DE CM2

{{NOTA}} : {Nous avions indiqué par erreur un autre auteur - Claire Aymes - lors de la mise en ligne de cet article. Il s'agit bien de Madame {{Claire MALBOS}}.} Avec nos remerciements à Claire Malbos.

Voila que, non satisfait de la glissade morale effectuée sur la peau de banane Guy Môquet qu’il s’était à lui-même étendue comme carpette, Mr Sarkosi prétend « faire en sorte que, chaque année, à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d’un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah ».

Ma fille sera en CM2 en 2013. Elle porte en elle de par la grâce de ses parents la mémoire de ces milliers d’enfants, français et non français, qui au long de l’histoire humaine furent déportés, séparés des leurs, rendus orphelins, esclaves, choses sexuelles, assassinés…sur les 5 continents. Et qui le sont encore. Elle porte en elle la mémoire future de ces enfants violemment séparés de leurs parents ou familles, ici, maintenant, en France devant ses yeux de fillette de 4 ans. Elle porte en elle en tant que future femme, citoyenne, lionne au combat, la mémoire de tous ces enfants qu’elle aura vus déportés de son supposé pays de cocagne vers des univers où ils disparaissent, de tous ces enfants qui n’ont pas d’enfance, en Palestine, au Liban,... de tous ces enfants marchandés cyniquement, au nom de l’enfance, au Tchad, ailleurs…

Ma fille porte en elle tout ceci parce qu’elle est vivante. Parce qu’elle a un papa et une maman vivants auprès d'elle. Qui animent son âme autant qu’ils le peuvent de toute l’actualité de leurs combats, à sa mesure de petite fille, en lui apprenant qu’il n’y a pas de différence, entre un enfant blanc et un noir, entre un enfant juif, catholique, sikh, musulman, bouddhiste, que tout enfant a droit au bonheur d’être enfant, dans la douceur de sa famille, les câlins, le jeu, les apprentissages.

Ma fille porte en elle tout cela, et elle ne se verra pas confiée par l'école la mémoire de l’un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah. Ce travail, qui m’est dévolu en tant que parent, et qu’il n’appartient pas à mon sens au Président de la République de choisir de faire à ma place, je l’élabore dans le respect de mon enfant, et de ce qu’est notre famille.

Il n’y a pas que la Shoah, Mr. le Président. Maints massacres furent perpétrés, maintes mémoires furent et sont encore blessées qu’il vous semble vain d’honorer, maints enfants furent déportés et assassinés, dont vous semblez faire si peu de cas, en d’autres temps tout aussi atroces que celui de la Shoah.

Quel est ce besoin que vous nous démontrez donc là, un besoin de repentance ? Ce mot que vous refusez à tout crin à ceux qui ne vous le demandent même pas, mais qui voudraient juste prononcer le mot de mémoire sans se faire éconduire ?

Qu’allez-vous donc faire dans cette galère ? Quel besoin de s’aplatir dans le vent d’une seule direction, sous les tapis du souvenir d’une seule victime ? Vous nous avez suffisament dit lorsque cela vous arrangeait que les enfants n'étaient pas comptables des fautes de leurs pères.

Ma fille ne se verra confier par vous la mémoire d’aucun enfant d’une seule confession, d’une seule déportation, d’un seul esclavage, d’un seul massacre.

Ma fille ne sera jamais l'objet de votre manipulation de l'histoire, de l'émotion, du drame humain au service de vos seuls biens et besoins personnels, politiques ou autres.

Elle ne croulera pas sous le poids de votre culpabilité ou de vos obédiences. Elle grandit libre dans sa connaissance de l’autre, des ses bonheurs et malheurs, grands et petits, auxquels nous désirons l'éveiller pour qu'elle puisse partager le poids, plus tard, avec ceux qui souffrent.

Mon enfant, nos enfants, grandissent à présent dans une France dont mes parents, humains généreux s'il en fut, auraient profondément honte . Si ma mère n'était pas morte, elle défilerait aujourd'hui du haut de ses 89 ans, pour vous faire savoir qu'il suffit.

Qu'il suffit de l'outrager.

Qu'il suffit de choisir dans les souffrances humaines celles qu'il vous agrée d'honorer et celles qu'il vous indiffère d'ignorer. Quand ce n'est pas celles qu'il vous arrange de rejeter dans de lointaines poubelles.

Qu'il suffit de gesticuler, justifiant toutes les exactions de la France dans l'Ailleurs en ne supportant pas que l'Ailleurs vienne vivre dans la France.

Qu'il suffit de faire la leçon à des enseignants sur ce qu'il convient de faire partager d'histoire à leurs élèves, alors qu'ils nous font tous les jours partager, à nous parents, la fin de l'histoire d'une éducation nationale que vous rendez exangue.

Qu'il suffit de tuer les familles, je pèse mes mots, en envoyant vos sbires arracher les portes, arracher les affaires personnelles, arracher les êtres de leur travail, arracher les hommes de leur famille, arracher les mères de leurs enfants, ce que vous faites tous les jours, ici, en France.

Quand vous offrirez de la France un autre spectacle aux yeux de nos enfants.

Quand vous cesserez de nous mettre en deuil chaque matin de l'une des qualités d'accueil, de soin, de solidarité, d'éducation, de liberté, d'égalité, de fraternité... qui devraient être la nature, l'essence, la colonne vertébrale de notre pays.

Quand vous vous préoccuperez, aussi, de ce qui se passe dans une salle de classe lorsque les maitresse malades ne sont pas remplacées, au collège lorsque les adultes si dévoués soient-ils à leur mission, n'y sont pas assez nombreux.

Quand vous proposerez à nos enfants la prise en considération de toutes les souffrances des humains à travers l'histoire, sans quantification, sans classification.

Quand vous nous aiderez véritablement à les construire dans le respect de l'autre sous les yeux d'une République exemplaire.

Quand vous tiendrez vos promesses de protéger tous les opprimés, toutes les femmes opprimées, tous les déshérités, tous les enfants déshérités...

Quand vous ferez véritablement preuve d'un courage révolutionnaire et visible en cessant les exactions, en ramenant vos chiens.

Quand vous serez capable de ne plus fabriquer visiblement et incessament un pathos bien ciblé, d'héroïsme ou de pitié, c'est tout comme, pour dissimuler la déconstruction de l'humain et de l'espoir que vous vous acharnez à promouvoir.

Quand vous serez ce que vous n'êtes pas, quand vous ne serez plus ce que vous êtes.

Je cesserai d'être en deuil de mon pays idéal.

Je cesserai de ne pouvoir plus lire les journaux et de pleurer chaque jour à la découverte des nouveaux nuages.

Un grand mal est toujours suivi d'un grand bien.

La citoyenneté profondément humaine, sincère, dévouée, invisible, muette pour l'instant, s'amplifie chaque jour qui passe avec son lot d'expulsés amis, de justes condamnés, ...

La réponse à votre action est dans cette résistance contre laquelle vous ne pouvez strictement rien.

La pensée et le coeur sont irréductibles.

Ma fille se construit, comme bien d'autres enfants, par la grâce d'adultes conscients de leur devoir d''êtres au monde' parmi d'autres 'êtres au monde'.

Ces enfants seront des adultes, nombreux et imperturbables, des lions, auxquels il incombera de développer à une échelle jamais vue les valeurs de beauté et de bonté de la vie, pêchées dans le meilleur de chacune de leurs origines, passées au tamis du métissage, cimentées entre elles par la liberté et l'empathie réunies.

Vous ne sauriez apprendre à mon enfant cela que je choisis de lui apprendre.

Son espoir et sa force sont entre les mains de son père et de sa mère.

Claire MALBOS, le 14 février 2008

Commentaires

mo1mo1 | 17/02/2008 - 17:59 :
Pour que ce message ait une portée ,il faudrait que tous les descendants véritables de la SAIGNEE COLONIALE (Amerindiens Africains Sang-Mélés Hindoux,ANNAMITES ) des trois cobtinent OSENT SE LEVER ET DIRE D'UNE SEULE VOIX AU PRESIDENT SARKOZY : BASTA! En 1802 des enfants ANTILLAIS ONT ETE AUSSI CRUCIFIES EN FRANCE ON ATTEND TOUJOURS LEIR RETOUR AUX PAYS!
alain | 22/02/2008 - 18:57 :
Juste, chère Claire... pour te dire merci.. du fond du coeur.. Cela réconforte de lire de france entière ( du monde entier) ce style de mot pour lutter contre les maux de cet élu... devenu fou... Merci... Alain renaud ( élu, engagé, et enragé devant une telle bêtise) alain44.renaud@wanadoo.fr
clo | 02/03/2008 - 15:06 :
Je voudrais, Madame, faire écho à votre lettre en vous soumettant modestement mon point de vue : La sincérité de vos propos pleins de courage et de bon sens me va droit au cœur et force le respect ; vous êtes une mère courageuse et digne, les sentiments que vous exprimez vous honorent, vous avez raison sur beaucoup de points, mais permettez-moi de penser que vous ne prenez pas en compte, les centaines ou milliers d’enfants français qui sont livrés à eux-mêmes parce que les parents travaillent, sont dépassés, n’ont aucune autorité ou ceux qui n’ont plus de père ou de mère, qui n’ont pas la chance qu’a votre fille d’être dans un cocon familial avec un père et une mère présents et intelligents !... et qui dérapent, car on ne leur pas donné suffisamment d’éducation et de limites pour qu’ils aient un comportement correct par rapport à la société, pour qu’ils respectent leur prochain et les biens d’autrui et de la communauté…Chacun sait de quoi je parle, car lorsque vous voyez ce genre de délit à la télé, là…tout le monde est d’accord !... on crie au scandale, on critique !... Soyez lucide, vous voyez bien que beaucoup de parents aujourd’hui ne sont plus compétents ou trop laxistes !... l’école se doit de compléter l’éducation morale des enfants ! D’ailleurs, une bonne mesure est celle du retour de l’instruction civique ! Ceux qui sont nés dans les années 40 comme moi, ont eu cette éducation ! Ce ne sera peut-être pas suffisant, mais ne négligeons aucune piste conduisant à une amélioration !...Il ne faut décourager aucune bonne volonté ! Je comprends très bien votre point de vue, il y a de part le monde d’autres drames, d’autres massacres que celui de la shoah et il faut honorer la mémoire de tous les enfants du monde massacrés par les guerres et les génocides et il faut considérer ceci comme étant un fait historique au même titre que les autres et en informer nos enfants pour qu’ils en soient conscients …cela contribuera à développer en eux le respect et la tolérance !... Madame, ne jetez pas l’opprobre sur le seul Président de la République qui met beaucoup d’énergie dans l’énorme travail de réformes qu’il a entrepris et dont la France a tellement besoin pour se redresser, c’est un travail très ingrat, long et difficile et il ne pourra jamais faire l’unanimité !... C’est une évidence… mais lui au moins, il prend des risques, il agit !... D’autres avant lui, n’ont pas osé faire de vagues…on préfère donc le laxisme et l’apathie dans ce pays ?.... L’immobilisme n’est pas synonyme d’évolution que je sache, et il faut avoir le courage d’innover et de bouleverser les choses acquises, quitte à quelquefois faire des erreurs de jugement ! et s’attirer de ce fait, des inimitiés !... Je souhaite d’ailleurs, à propos du sujet évoqué plus haut, que notre Président revienne sur ses propos et qu’il élargisse sa pensée… Quand on est Chef de l’Etat, on est amené à prendre quelquefois des décisions impopulaires voire apparemment « inhumaines »… (En référence à votre évocation sur le rôle ingrat de reconduite à la frontière)… j’ai moi aussi le cœur serré devant ces drames humains car je suis une mère…mais c’est hélas, dans certains cas, un mal nécessaire!.... Cela paraît contradictoire je le concède … Mais vous, comme moi, ne sommes pas à la tête de la France et je ne voudrais pour rien au monde endosser les responsabilités d’un Président de la République ! Avec toute ma sympathie Claude Abgrall
clo | 02/03/2008 - 15:19 :
Je voudrais, Madame, faire écho à votre lettre en vous soumettant modestement mon point de vue : La sincérité de vos propos pleins de courage et de bon sens me va droit au cœur et force le respect ; vous êtes une mère courageuse et digne, les sentiments que vous exprimez vous honorent, vous avez raison sur beaucoup de points, mais permettez-moi de penser que vous ne prenez pas en compte, les centaines ou milliers d’enfants français qui sont livrés à eux-mêmes parce que les parents travaillent, sont dépassés, n’ont aucune autorité ou ceux qui n’ont plus de père ou de mère, qui n’ont pas la chance qu’a votre fille d’être dans un cocon familial avec un père et une mère présents et intelligents !... et qui dérapent, car on ne leur pas donné suffisamment d’éducation et de limites pour qu’ils aient un comportement correct par rapport à la société, pour qu’ils respectent leur prochain et les biens d’autrui et de la communauté…Chacun sait de quoi je parle, car lorsque vous voyez ce genre de délit à la télé, là…tout le monde est d’accord !... on crie au scandale, on critique !... Soyez lucide, vous voyez bien que beaucoup de parents aujourd’hui ne sont plus compétents ou trop laxistes !... l’école se doit de compléter l’éducation morale des enfants ! D’ailleurs, une bonne mesure est celle du retour de l’instruction civique ! Ceux qui sont nés dans les années 40 comme moi, ont eu cette éducation ! Ce ne sera peut-être pas suffisant, mais ne négligeons aucune piste conduisant à une amélioration !...Il ne faut décourager aucune bonne volonté ! Je comprends très bien votre point de vue, il y a de part le monde d’autres drames, d’autres massacres que celui de la shoah et il faut honorer la mémoire de tous les enfants du monde massacrés par les guerres et les génocides et il faut considérer ceci comme étant un fait historique au même titre que les autres et en informer nos enfants pour qu’ils en soient conscients …cela contribuera à développer en eux le respect et la tolérance !... Madame, ne jetez pas l’opprobre sur le seul Président de la République qui met beaucoup d’énergie dans l’énorme travail de réformes qu’il a entrepris et dont la France a tellement besoin pour se redresser, c’est un travail très ingrat, long et difficile et il ne pourra jamais faire l’unanimité !... C’est une évidence… mais lui au moins, il prend des risques, il agit !... D’autres avant lui, n’ont pas osé faire de vagues…on préfère donc le laxisme et l’apathie dans ce pays ?.... L’immobilisme n’est pas synonyme d’évolution que je sache, et il faut avoir le courage d’innover et de bouleverser les choses acquises, quitte à quelquefois faire des erreurs de jugement ! et s’attirer de ce fait, des inimitiés !... Je souhaite d’ailleurs, à propos du sujet évoqué plus haut, que notre Président revienne sur ses propos et qu’il élargisse sa pensée… Quand on est Chef de l’Etat, on est amené à prendre quelquefois des décisions impopulaires voire apparemment « inhumaines »… (En référence à votre évocation sur le rôle ingrat de reconduite à la frontière)… j’ai moi aussi le cœur serré devant ces drames humains car je suis une mère…mais c’est hélas, dans certains cas, un mal nécessaire!.... Cela paraît contradictoire je le concède … Mais vous, comme moi, ne sommes pas à la tête de la France et je ne voudrais pour rien au monde endosser les responsabilités d’un Président de la République ! Avec toute ma sympathie Claude Abgrall

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.