Raphaël CONFIANT a publié ma tribune sur l’Université. On la dit décapante, mais la vérité l’est souvent. Il en coûte toujours aux auteurs de tels papiers et à ceux qui les propagent. Connaissant l’engagement du professeur dans la défense de l’université des Antilles (UA) et craignant que la parution de mon papier puisse ne pas être appréciée par ses amis, je lui avais proposé de ne pas le publier, s’il le souhaitait. Il m’a aussitôt fait connaître qu’il le publierait au motif qu’il ne censure jamais. En effet, il ne m’a jamais censuré, même s’il n’hésite pas à me faire connaître ses critiques par mail. Avec le ton qu’on lui connaît. La réciproque est vraie, même si c’est aussi s’attaquer à une montagne que de se heurter à ce Chaben, comme à l’Autre... Venant d’un homme aussi « difficile » je mesure à sa juste valeur l’attention qu’il porte à mes écrits, même lorsque ceux-ci s’opposent à ses idées. Pour moi, c’était une montagne à franchir que de pouvoir écrire sur Montraykréyol, organe de qualité, mais tenu par un indépendantiste.
Par ailleurs, si je partage l’article de Raphaël CONFIANT sur le drapeau RVN c’est parce qu’il n’est pas éloigné de la demi-douzaine de tribunes que j’ai écrites sur le sujet. Ce papier me paraît juste et surtout honnête, à défaut de faire consensus chez ses amis militants pour qui les choses doivent être blanches ou noires. Mais c’est une montagne d’être honnête dans ce pays ! C’est aussi une montagne de dire la vérité. Comme dit la chanson de Guy BEART : « le seigneur a dit la vérité, il faudra l’exécuter ». Même sort pour les gens honnêtes, les « exécuteurs » étant une espèce des plus répandu dans ce pays. On ne vous demande pas de dire la vérité et d’être honnête, mais d’être « des nôtres » ou de la « famille », dans toutes les nuances du mot, y compris mafieuses. Sinon mes désaccords à propos de cet article ne le sont qu’à la marge. Néanmoins une précision d’ordre historique mérite d’être apportée.
Ainsi, CESAIRE n’a pas refusé de recevoir le président GISCARD d’ESTAING. Le maire l’attendait dans sa mairie, entouré de son staff, son discours étant préparé. Le problème était de savoir comment faire parvenir à destination le président à travers la marée humaine (50 000) qui avait envahi les abords de l’hôtel de ville, venant de la place de la Savane où elle avait ovationné le visiteur. Ce serait la plus grosse assistance que le nègre fondamental n’a jamais eue de toute sa carrière. Ce soir-là, on avait pu observer une différence de comportement entre le maire et DARSIERES. Dans l’attente de la décision définitive de VGE (de son service de sécurité) de venir ou pas, M. PPM « chauffait » l’auditoire. S’emparant du micro de temps en temps, il enfilait des petites phrases assassines : « Notre patience a des limites », avait-il menacé. Puis, la décision étant connue, il avait proclamé celle reprise par CONFIANT sur la parcelle libre du territoire.
Pour sa part, le député-maire avait évoqué le combat de coqs qui n’avait pas eu lieu, mais précisé qu’il avait des choses à dire au président, en ajoutant malicieusement : « vous ne les saurez pas ». (A l’occasion de l’un de mes rares entretiens téléphoniques avec Henri PIED, nous avions, lui et moi, évoqué l’intérêt qu’il y aurait pour l’histoire de connaître le contenu du discours présidentiel et la réponse du député-maire de Fort-de-France). Il avait ensuite invité la population à rentrer paisiblement à la maison. L’épisode rocambolesque de la présence éphémère du drapeau RVN sur la mairie a sans doute relevé d’un désaccord entre les 2 hommes. Ce désaccord allait se retrouver plus tard au même endroit à l’invitation des Européens à faire leurs valises. « Qu’est-ce qui lui arrive, celui-là ?», avait marmonné CESAIRE en entendant le propos.
L’article de Raphaël CONFIANT est en gros conforme à la note que j’ai écrite à la mi-mars en vue de ma participation à un débat à la radio qui a été décommandé. A défaut de pouvoir en faire connaître le contenu par l’auguste station, ce qui ne semble pas à ma portée, je vous la livre tel quel :
Fort-de-France, le 14 avril 2019
Yves-Léopold MONTHIEUX