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UN REFERENDUM SUR L'INDEPENDANCE DE LA MARTINIQUE ? CHICHE !

Yves-Léopold MONTHIEUX
UN REFERENDUM SUR L'INDEPENDANCE DE LA MARTINIQUE ? CHICHE !

Raphaël Confiant souhaite que soit organisé un referendum sur l’indépendance de la Martinique. C’est un sujet qui n’est pas inopportun. Dans une incontestable léthargie populaire qui a gagné tous les acteurs politiques et économiques, se promeut un activisme sauvage qui s’est emparé des couleurs rouge-vert-noir du drapeau « national » martiniquais. Quoi de plus normal pour un indépendantiste, serait-on tenté de se dire ? A moins qu’il ne s’agisse d’une pure provocation intellectuelle de la part du polémiste qui nous habitués à cette forme d’agilité de l’esprit.

Votre serviteur avait écrit qu’en défendant l’article 74 en 2010, Alfred Marie-Jeanne se dirigeait vers la perte de la consultation électorale et de l’élection de la région qui allait se tenir 3 mois plus tard. Ainsi, ces deux défaites annoncées allaient ouvrir la voie à une eau de café de l’article 74 et faire sortir l’écrivain de ses gonds. Ayant retrouvé son calme, mais toujours adepte des challenges hasardeux, après l’échec du 73 en 2003 et celui du 74 en 2010, Confiant propose de faire monter encore la barre.

Mais prenons-le au mot. Rejoignons-le et sortons de l’hypocrisie. Ecartons les demi-mesures institutionnelles et quittons la situation d’entre-deux où des parlementaires nationalistes hautement proclamés font promptement usage du mot honni de « métropole » dès l’instant qu’ils sentent monter le fumet d’automne des « fonds d’Etat ».

Cessons de tergiverser comme pendant 20 ans pour savoir s’il faut d’un 73 ou un 74, une petite ou une grande dose d’autonomie, un peu ou un peu beaucoup de responsabilités, bref, une autonomie supposée étape, étant ainsi assurés que, par l’un ou l’autre de ces 2 articles de la constitution :

(1) la recherche du juste milieu sera toujours sujet à controverses, donc propice aux vaticinations dont nous sommes friands, 

(2) nous resterons toujours sous le parapluie de la continuité territoriale de Dame Fortune, La France,

(3) nous garderons intact le bouc-émissaire, Léta fwansé, pour justifier nos inconséquences diverses et variées. Ô combien !

(4) le fonds de commerce de l’esclavage et le discours de la réparation pourront continuer de prospérer.

Dès lors qu’elle se définit par rapport à des considérations nationalistes, de drapeau national et de rupture institutionnelle, et non pas à des ambitions de bonne gestion et de prise en main des problèmes, l’autonomie martiniquaise se révèle, en fait, être un système hypocrite d’appartenance à la France. Sembler être dehors en se bombant le torse, tout en restant dedans en tendant la sébile. Un statut d’appartenance comme un autre, auquel on tient comme à la prunelle de ses yeux, qui ne changera en rien la situation actuelle et, pour ceux qui pensent que la Martinique est encore une colonie, ne modifiera en rien cette forme de colonie plébiscitée par les Martiniquais.

Cessons de glorifier ceux qui font des projets politiques fumeux et qui, dans la perspective angoissante de l’échec, s’en vont faire des moulinets en Fwans, dans l’espoir que, vu de l’électeur martiniquais, cet échec annoncé portera la responsabilité de l’Etat fwansé.

« Il arrive un moment dans l'histoire d'un peuple où il doit savoir se montrer adulte », dit fort justement Raphaël Confiant. Ceux qui depuis nan ni nan nan appellent les Martiniquais à faire peuple, comme s’ils avaient peine à s’en convaincre eux-mêmes, pourraient par ce geste adulte démontrer la pertinence de cette notion de peuple martiniquais et surtout leur degré de sincérité. Parions que Confiant ne sera pas soutenu par ses amis.

 

Fort-de-France, le 19 novembre 2019

Yves-Léopold Monthieux

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