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Un Prix Nobel de la paix qui s’en va en guerre

Un Prix Nobel de la paix qui s’en va en guerre

Pendant que la presse internationale s’évertuait à compter si Biden avait obtenu 253 ou 264 délégués, un nouveau conflit armé surgit en Éthiopie entre le FPLT, qui a contrôlé la vie économique et politique du pays entre 1991 et 2018 et le gouvernement d’Abiy Ahmed. Une conclusion sanglante à deux ans de discours bellicistes. (Par Paulos Asfaha)

Le 11 octobre 2019: l’Académie des vieux Norvégiens, qui s’octroie la responsabilité de décider qui fait avancer le monde, décide d’attribuer le prix Nobel de la paix au nouveau Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. Ce dernier se voit récompensé pour ses efforts de réconciliation avec l’Érythrée, pays avec lequel l’Éthiopie se trouve dans une situation de «ni guerre-ni paix» depuis 2002. Arrivé au pouvoir en avril 2018, Abiy Ahmed surprend son monde en appelant à une résolution du conflit frontalier avec l’Érythrée. S’en suivent des embrassades entre le chef du gouvernement éthiopien et le président érythréen Isaias Afewerki, la réouverture des lignes aériennes et des frontières entre les deux pays; et l’espoir d’une amorce de pacification dans cette Corne de l’Afrique qui vit dans un cycle de violence permanent depuis les années 1960.

La relation entre les gouvernements érythréen et éthiopien semble donner l’impression d’une lune de miel. Très vite, le président somalien Abdullahi Mohamed Formajo rejoint cette idylle, accentuant l’idée qu’une nouvelle ère est sur le point de débuter dans la partie orientale du continent. Cependant, sur le plan intérieur éthiopien, les prémisses de démocratisation entamées par Abiy Ahmed connaissent un brutal coup d’arrêt. Après avoir libéré des centaines de prisonniers politiques et accueilli en grande pompe des mouvements d’opposition exilés à l’étranger, le Premier ministre éthiopien est confronté à deux enjeux déterminants: les conflits interethniques et la réaction des anciennes élites politiques du pays.

L’historique FPLT sur la touche

S’agissant des conflits ethniques, ils sont attisés par des prêcheurs de la haine et aboutissent à des déplacements de populations, voire des massacres. Sans minimiser l’horreur de ces actes, cette dernière semaine voit émerger un point de rupture plus dramatique dans la relation entre Abiy Ahmed et les anciennes élites politiques éthiopiennes. Avant l’avènement d’Abiy Ahmed, les mondes économique, militaire et politique éthiopiens étaient dominés par le Front populaire de libération du Tigray (FPLT). Cette organisation politico-militaire fondée en 1975 participe au renversement de la dictature du lieutenant-colonel Mengistu Hailémariam en 1991. En s’accaparant le pouvoir politique, les élites du FPLT marginalisent les autres secteurs de la population; et se voient rejetées sinon honnies par la population éthiopienne. Confrontées à des mobilisations massives de la jeunesse éthiopienne, elles consentent à se retirer de la tête du gouvernement fédéral.

Isolés du pouvoir central désormais entre les mains d’Abiy Ahmed, les anciens acteurs dominants du jeu politique éthiopien se retranchent dans la province septentrionale du Tigray, leur fief. D’un côté, le FPLT ne reconnaît pas la légitimité du nouveau Premier ministre. De l’autre, Abiy Ahmed et son gouvernement dépeignent l’ancienne organisation dominante comme sectaire voire terroriste. Après des mois de rhétorique belliciste entre le gouvernement d’Addis Abeba et les autorités de la région du Tigray, la presse éthiopienne annonce le 4 novembre dernier qu’une opération militaire vient de débuter contre le FPLT et ses milices. Deux jours plus tard, des avions des forces de défense éthiopiennes bombardent la région dissidente. Le Prix Nobel de la paix 2018 s’est transformé en chef de guerre en l’espace de deux ans, un destin qui rappelle celui d’un certain Barack Obama. n

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