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Un drapeau et un hymne martiniquais pour les...compétitions sportives ?

Un drapeau et un hymne martiniquais pour les...compétitions sportives ?

   En septembre 1870, nos ancêtres s'insurgèrent contre le joug des planteurs Békés et de l'Etat français et pendant des semaines incendièrent des plantations à Rivière-Pilote, au Marin, au Vauclin, au Saint-Esprit etc... Les forces de répression du gouverneur Mensche de LOYNE, bousculées, durent faire appel à la Milice mulâtre de Saint-Pierre pour réussir à mater ce que les historiens appellent aujourd'hui "l'Insurrection du sud". 

  Les leaders (hormis Louis TELGARD qui parvint à échapper à la répression) furent arrêtés, jugés par un tribunal militaire et fusillés au Jardin Desclieux, à Fort-de-France. Des femmes comme Lumina SOPHIE et Rosalie SOLEIL s'illustrèrent dans ce qui fut une tentative de réitérer ce qu'avait fait DESSALINES à Saint-Domingue au début du siècle dix-neuvième du nom : libérer leur pays du joug colonial français. Au cours de l'insurrection, plusieurs témoignages rapportent que des insurgés se ceignaient le front de bandeaux rouge, vert et noir en signe de ralliement.

   Trois-quarts de siècle plus tard, en 1962, de jeunes Martiniquais, rassemblés dans l'OJAM (Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste de la Martinique) rédigèrent un manifeste qu'ils placardèrent en une nuit à travers toute la Martinique afin de réclamer la même chose à savoir la souveraineté du pays. Ces jeunes gens (Gesner MENCE, Rodolphe DESIRE, Henri PIED, Victor LESSORT, Guy DUFOND, Manfred LAMOTTE, Léon SAINTE-ROSE, Marc PULVAR etc...)  furent arrêtés dès le lendemain, transférés en France où ils furent emprisonnés, puis jugés pour "atteinte à la sûreté de l'Etat". Ils furent finalement libérés au terme d'un procès retentissant, mais certains passèrent tout de même plus d'une année derrière les barreaux. L'un des symboles de leur lutte furent ces trois couleurs__rouge, vert et noir__qu'ils érigèrent alors en drapeau national.

   Dans les années 70, le PPM (Parti Progressiste Martiniquais), dont le président était d'Aimé CESAIRE, adopta le drapeau rouge-vert-noir comme emblème national martiniquais et son hebdomadaire, "LE PROGRESSISTE", les affichent depuis lors en couverture. En 1974, une grève très dure des ouvriers de la banane à Basse-Pointe et au Lorrain fut matée dans le sang par les garde-mobiles français et nombre de militants d'extrême-gauche (parmi lesquels des maoïstes) venus leur apporter leur soutien brandirent le drapeau rouge-vert-noir. Dans les années 80, une fraction du PCM (Parti Communiste Martiniquais) se sépara de de dernier et se constitua en Parti Kominis pou Lendépans ek Sosyalizm (PKLS). Depuis lors, le PKLS arbore, lui aussi, le drapeau rouge-vert-noir.

   Dans ces mêmes années 80, Garcin MALSA, leader écologiste du MODEMAS, parvint à conquérir la mairie de Saint-Anne et décida d'arborer le drapeau rouge-vert-noir au fronton de celle-ci et en certains lieux du territoire communal, chose qui lui vaudra maintes attaques du pouvoir français.

   Résumons : 1870 des insurgés luttant contre le néo-esclavagisme béké affichent les trois couleurs ; en 1962, les jeunes intellectuels nationalistes de l'OJAM les érigent en drapeau ; dans les années 70, les autonomistes du PPM, le reprennent ; dans les années 80, les marxistes révolutionnaires du PKLS en font de même et enfin, presqu'au même moment, les écologistes souverainistes du MODEMAS le réitèrent. Cela signifie que ces trois couleurs ne sont aucunement l'emblème d'un homme ou d'une mouvance politique en particulier et donc pas "le drapeau de MALSA" comme on l'entend dire ici et là.

   Un drapeau national émerge  toujours des luttes d'un peuple pour sa souveraineté.

  C'est le cas du drapeau bleu-blanc-rouge français lors de la Révolution française de 1789. C'est le cas du drapeau corse adopté par le président de la Corse indépendante Pascal PAOLI en 1755. En 1962, le FLN (Front de Libération National) algérien adopte le drapeau vert-blanc et rouge au terme de six ans de lutte contre le colonialisme français qui fit 1 million de morts. En 1994, l'Afrique du Sud crée un nouveau drapeau pour signifier la fin du système criminel de l'apartheid contre lequel nombre de militants de l'ANC se sont battus et ont perdu la vie (leur leader, Nelson MANDELA, ayant fait, lui, 27 ans de prison) etc..etc...

   On pourrait citer des dizaines d'exemples du même ordre.

   Un drapeau national et un hymne national servent à affirmer une souveraineté acquise de haute lutte. Ce n'est qu'en second lieu qu'ils sont utilisés pour les compétitions sportives. Aucun peuple n'a jamais créé un drapeau parce qu'il veut jouer au foot ou au basket contre des équipes d'autres pays. Cela reviendrait tout simplement à rabaisser des emblèmes censés définir l'identité d'un peuple à la face du monde...

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