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TRINIDAD CHOISIE POUR DENOMMER UNE ETOILE ET UNE EXOPLANETE

Raphaël Confiant
TRINIDAD CHOISIE POUR DENOMMER UNE ETOILE ET UNE EXOPLANETE

   Nous ne levons plus guère les yeux vers le ciel la nuit.

   La pollution lumineuse a tué la fascinante beauté de notre galaxie, la Voie lactée, et de ses quelques 100 milliards d'étoiles (et autant de planètes, sinon davantage) dont nous pouvons apercevoir une partie à l'œil nu, ainsi que trois galaxies proches, deux petites qui sont satellites de la nôtre (le Grand Nuage de Magellan et le Petit Nuage de Magellan) et une énorme, qui fusionnera avec la nôtre dans quelques milliards d'années, la galaxie d'Andromède.

   Avec les télescopes terrestres installés sur des montagnes élevées et surtout avec ceux qui sont embarqués à bord des engins spatiaux, nous pouvons voir encore plus loin qu'à l'œil nu et contempler l'immensité de l'univers visible que tout récemment le satellite W-MAP a cartographié. "Visible" parce qu'il y en a d'autres que nous ne pourrons jamais voir. Et nous découvrons ainsi d'autres étoiles et d'autres planètes dites "exoplanètes" à côté desquelles notre cher Soleil est un nain et notre chère Terre un grain de poussière. Du reste notre galaxie, à l'échelle du cosmos, est, elle aussi insignifiante.

   Si jamais nous étions seuls dans cette immensité, "quel gaspillage d'espace !" comme s'est exclamé  un jour le grand astrophysicien américain Carl SAGAN qui fut longtemps l'un des grands patrons de la NASA. En attendant de répondre à cette question quasi-métaphysique (car l'astrophysique ne peut toujours pas y répondre en dépit des messages radios envoyés sans arrêt vers l'espace lointain et surtout de la sonde VOYAGER, lancée à l'époque du président NIXON et qui a réussi l'exploit de sortir de notre système solaire à l'époque du président OBAMA et qui emporte dans son voyage interstellaire un disque d'or sur lequel ont été gravés des photos des différents peuples de la terre et de divers paysages emblématiques de cette dernière, enregistrées une cinquantaine de langues et autant d'extraits de musique de Beethoven à celle des Pygmées d'Afrique centrale), en dépit de tous nos efforts donc, personne ne nous répond. Personne ne cherche à nous contacter.

   En attendant, il faut bien nommer ces mondes nouveaux.

   Il faut donner des noms à ces soleils lointains et à ces exoplanètes que l'on découvre quasiment tous les jours. L'Association Astronomique Internationale attribue ainsi aux différents pays du globe certains d'entre eux à charge pour ces pays de proposer des noms. Ces mondes nouveaux auront alors deux noms : un nom scientifique composé de chiffres et de lettres et un nom "humain" si l'on peut dire. Dans notre petit système solaire, nous n'avons que des noms humains tirés pour la plupart de la mythologie gréco-latine (Mars, Vénus, Jupiter, Mercure etc...), arabes (Deneb, Aldébaran, Bételgeuse etc.),  et plus récemment hawaïens (parce qu'à Hawaï, sur le Mont Mona Kéa se trouve l'un des plus puissants télescopes du monde).

  Mais au-delà,  il a fallu établir des catalogues de constellations et d'étoiles selon un système raisonné mis en place à la fin du XVIe siècle par l'astronome allemand Johannes BAYER afin de pouvoir s'y retrouver plus aisément. D'autant qu'une étoile très brillante et visible à l'œil nu comme celle que que les Européens ont dénommé VEGA possède 40 noms différents de par le monde ! Il fallait bien unifier tout cela. Désormais, les dénominations sont ouvertes à la terre entière ou plus exactement à tous les peuples du monde car l'espace est le seul, l'unique domaine, dans lequel les humains ne sont pas tiraillés par des conflits imbéciles. Dans la station spatiale internationale, cohabitent, en effet, à tour de rôle, astronautes américains (blancs, noirs, asiatiques etc.), européens, russes, indiens, chinois, arabes etc. même si, nationalisme oblige chaque pays s'efforce de fabriquer tout seul ses propres engins. C'est ainsi que dernièrement, Israël et l'Inde ont tenté de faire atterrir un engin sur la face cachée de la lune où l'homme n'est pas encore allé. Etant donné les gouvernement ultra-nationalistes qu'ils se sont donnés, on comprend cette démarche et on est en droit de se réjouir que les deux tentatives aient échoué quoique de très peu.

   L'espace doit demeurer hors des conflits stupides des hommes.

   L'Union Astronomique Internationale a donc confié à la République de Trinidad-et-Tobago le soin de dénommer un soleil nouveau et une exoplanète. A l'Université des West-Indies, il y a bien sur un cursus d'astronomie bien développé. Aussitôt un concours en ligne a été lancé chez notre voisine du sud pour trouver lesdits noms et comme ces derniers se doivent de refléter la culture de chaque pays, Trinidad-et-Tobago n'a pas oublié son héritage créolophone : "Soucouyant", "La Diablesse" , entre autres, ont été proposés aux internautes. Ouf ! On a ainsi échappé aux fanatiques indianistes qui auraient sans doute proposé "Taj Mahal" et aux fanatiques noiristes "Toutankhamon", dénominations qui n'ont aucun rapport direct avec cette île antillaise et n'auraient fait qu'aggraver la fracture Indien/Noir qui mine le pays depuis son indépendance il y a un peu plus d'un demi-siècle. Avec les référents créoles qui appartiennent à tous, quelque soit leur "race", tel n'est pas le cas.

   On connaîtra bientôt le résultat de cette consultation en ligne et l'Union Astronomique Internationale, elle, prendra sa décision au plus tard fin décembre 2019...

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