Qu’elle est belle cette unanimité de nos nobles consciences martiniquaises contre la phrase malheureuse d’un élu RDM, excédé devant la manipulation des élèves du lycée Schoelcher par une camarilla d’enseignants chasseurs de primes et caldoches dans l’âme ! Qu’il est admirable cet hallali qui va de la Droite la plus béni-oui-oui à une certaine gauche autonomiste qui a vendu son âme ! Sans compter tous ceux, intellectuels autoproclamés et amuseurs publics main dans la main, qui sont tombés à bras raccourcis sur cet élu, le vouant aux gémonies, le clouant au pilori. C’est tout juste si certains n’étaient pas près à dresser un bûcher pour le brûler en place de La Savane.
A tous ces gens, je le dis en face et sans détours : vous n’êtes que des lâches et des aliénés.
Je n’ai jamais parlé de ma vie à cet élu pour ne l’avoir jamais croisé sur mon chemin. Je n’ai pas été membre de son parti politique d’hier (le PPM où il est resté près de…20 ans) ni ne suis membre de son parti d’aujourd’hui (le RDM). Bref, je ne le connais quasiment pas, sauf à la télé où il m’arrive de l’apercevoir de temps à autre lors d’une plénière à la Région. C’est dire que loin de moi l’idée de venir à son secours ou de prendre sa défense. Il est assez grand pour cela et n’a pas besoin de moi. Mais je ne peux m’empêcher de faire part de mon écoeurement devant tous ces Martiniquais qui n’ouvrent jamais la bouche, qui ne lèvent jamais le petit doigt, lorsqu’un Martiniquais est victime du colonialisme en Martinique ou du racisme en France. Tous ces gens pour qui les noms de Betzi, Marajo, Gérard Nouvet ou Ilmany ne signifient rien du tout. Tous ces gens qui minimisent ou ignorent les brimades quotidiennes que subissent nos frères et nos cousins immigrés dans l’Hexagone.
Avez-vous déjà lu, dans le journal d’Hersant, une seule tribune de ces grandes consciences pour dénoncer l’un de ces actes, que ce soit ici ou là-bas ? Jamais !
Le colonisateur peut bastonner, voire mitrailler parfois, les travailleurs, bumidomiser notre jeunesse, bétonner nos terres agricoles, chlordéconer l’eau de notre robinet, marginaliser notre langue et notre culture, créer des enclaves ethniques comme au Diamant, à Trois-Ilets ou à Tartane etc…jamais nos donneurs de leçon d’antiracisme d’aujourd’hui ne protestent. Leur bouche est cousue et parfaitement cousue. Des lâches, je vous dis ! Et aussi des aliénés car à leur yeux, il n’y a que ce qui provient de l’Autre qui a de la valeur. J’ai écrit mes cinq premiers livres en créole. Pendant tout ce temps-là, j’étais à leurs yeux un « inutile », un « tèbè » ou un « comique ». Il a suffit que je commence à écrire en français et que mes livres connaissent un certain succès en France pour qu’aussitôt je cesse d’être un « inutile ». Lamentable !
Non, messieurs, nous n’avons pas inventé le racisme ! Ceux qui l’ont inventé, ce sont ceux qui ont exterminé les Amérindiens, esclavagisé les Nègres, chambre-à-gazé les fils de Sion. Ce sont ceux qui ont déployé des trésors de science pour mesurer le volume de la boite crânienne, la longueur des membres ou la structure du corps de ce qu’ils ont appelé « les différentes races ». Non, messieurs, ce sont les Napoléon, De Broca, Gobineau, Hitler et leurs successeurs qui, pendant la guerre d’Algérie et du Vietnam ont pratiqué la torture et napalmisé des régions entières, et qui continuent à le faire aujourd’hui en Irak et en Afghanistan, ce sont ces gens-là qui ont inventé la haine du Différent, de l’Etranger, du Métèque. C’est dire que nous n’avons aucune leçon d’antiracisme à recevoir de ces gens-là et de quelque manière que ce soit. Surtout pas nous, les Antillais, qui avons été doublement déportés :
. déportés d’Afrique vers les Antilles par les compagnies esclavagistes
. déportés des Antilles vers la France par des établissement néo-esclavagistes (BUMIDOM, ANT etc.)
Nous, autres Antillais, de part ce passé effroyable, sommes des victimes absolues et n’acceptons pas, n’accepterons jamais, que des colonialistes au petit pied, des Caldoches, nous imposent leur loi dans notre propre pays, celui qui a été fécondé par la sueur et le sang de nos ancêtres esclaves.
Et quant aux négro-larbins droit-de-l’hommistes qui aboient ces temps-ci, je leur dis : allez vous faire foutre !
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