Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

SUR LES TRACES DE CHAMPLAIN LE VISIONNAIRE

Par Michel TÉTU
SUR LES TRACES DE CHAMPLAIN LE VISIONNAIRE

Dans l’imagerie populaire, Samuel (de) Champlain, dont on n’a aucun portrait d’époque et que l’on connaît mal - du moins dans la première partie de sa vie - est le fondateur et le père de la France d’Amérique, l’Acadie d’une part, la Nouvelle-France de l’autre. Il n’est pourtant pas le premier, loin de là, à avoir visité le Saint-Laurent et à avoir tenté d’y installer une colonie. Mais sa figure emblématique s’impose. Sans doute, son implantation en Acadie avec Poutrincourt sous la responsabilité de Du Gua de Monts en 1604, après les difficultés d’un premier hiver sur l’Île Sainte-Croix, réussit-elle l’année suivante à Port-Royal. Sans doute ensuite, en 1608, ayant remonté le Saint-Laurent, fondait-il Québec, qui deviendra la capitale de la Nouvelle-France et le point d’ancrage le plus solide de la France en Amérique. Mais il y a plus!

Lorsqu’aux États-Unis, on célèbra, en 1909, le troisième centenaire de l’arrivée de Champlain sur les bords du lac qui porte son nom, la France fut surprise de l’enthousiasme qu’il suscitait; toutes les villes et villages de la région où vivent de nombreux Franco-Américains y participèrent : on édifia un impressionnant monument. De peur d’être en reste, la France trouva une sculpture allégorique de Rodin, qu’elle envoya avec son ambassadeur et que William Howard Taft, nouveau président des États-Unis élu en 1908, inaugura en grande pompe. Champlain avait tiré du mousquet en 1609 en tête de ses amis Algonquins et Hurons contre les Iroquois impressionnés et momentanément repoussés, permettant ainsi la colonisation de la région. Comme Champlain se rendit ensuite, en 1612, dans ce qui est aujourd’hui l’Ontario, la Nouvelle-France s’agrandit encore1.

À regarder d’un peu plus près le «phénomène Champlain» à travers les écrits de son auteur, les témoignages de ses contemporains et les analyses modernes, on comprend, entre autres deux faits : 1) Champlain a été l’homme de la situation. 2) Il a été un homme complet, humaniste, conquérant et fondateur, idéal de la société de la Renaissance, qui résuma le XVIe siècle et fit parfaitement le lien avec le XVIIe siècle. Champlain a compris la situation dans laquelle il était plongé et a su composer avec elle en gardant sa sérénité et une bonne dose d’objectivité, ce qui lui a permis de jeter les bases d’une nouvelle société. Homme complet, disions-nous! Il a été géographe, dessinateur et cartographe, notant avec précision les lieux qu’il découvrait. Il a été écrivain, l’auteur de récits de voyage, narrant l’essentiel sans trop se laisser impressionner ni tomber dans ce que l’on appellera plus tard l’exotisme. Mais aussi chroniqueur et historien relatant les épisodes importants des aventures auxquelles il a été mêlé, sachant éviter le piège de l’accessoire. Davantage encore, il a été sociologue et ethnologue avant la lettre, décrivant sans admiration excessive ni compassion exagérée l’organisation des sociétés amérindiennes. Et par-dessus tout, il a été visionnaire, développant un grand sens politique sans être politicien, des stratégies efficaces sans être ni guerrier, ni diplomate, ni courtisan. Sa plus grande réussite est son alliance à long terme avec les Amérindiens dont il avait réalisé que la France devait par eux apprendre l’Amérique, afin de pouvoir s’implanter. Les interlocuteurs autochtones avaient besoin des technologies occidentales et d’un appui militaire; la France pourrait s’installer durablement en pratiquant avec ces «Sauvages» ce que l’on appellerait aujourd’hui un véritable «métissage» culturel (et éventuellement physique). (...)

{ {{MICHEL TÉTU}} }
_ L’Année francophone internationale
_ Université Laval, Québec, Canada

{{La totalité du document au format pdf ci-dessous :}}

Document: 

Melg._Tetu.pdf

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.

Pages