Les créoles sont des langues réputées à morphologie réduite. En réalité, il y a lieu de distinguer un créole plus nucléaire (CPN) et un créole plus périphérique (CPP), l’adverbe « plus » utilisé ici servant à éviter toute réification de ce qui relève plus de la représentation et de l’artefact que de la réalité objective. Le premier opère, rappelons-le, par retraitement et surtout réinterprétation des « inputs » issus des langues-mères (notamment le français, pour ce qui est des créoles à base lexicale française, comme, par exemple, le guadeloupéen ou le martiniquais, desquels je tirerai mes exemples), alors que le second opère en empruntant à la langue-mère (qui est la langue lexicalement pourvoyeuse ou langue lexificatrice) l’ensemble de ses ressources tant dans le domaine lexical que dans celui de la morphologie, surtout dans sa dimension dérivationnelle (Bernabé 1983).