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SPORT, RACISME ET DISCRIMINATIONS, PAR ROSARITA CUCCOLI

SPORT, RACISME ET DISCRIMINATIONS, PAR ROSARITA CUCCOLI

Comment lutter contre le racisme et les discriminations dans le sport ?", une question malheureusement toujours d'actualité, comme en témoignent les affaires Mario Balotelli et Louis Nicollin, qui ont alimenté les chroniques ces derniers mois.

Le sport est un fait social majeur, il est fortement médiatisé et pourrait servir de modèle vers une meilleure construction de la société. Il est donc essentiel que l'opinion publique et la société civile se saisissent de ces questions. Le débat d'orientation à l'Agora du Sport co-organisé par le cercle de réflexion Sport et Citoyenneté, l'Université de Chicago et la Fondation Lilian-Thuram sur ce thème le mardi 8 décembre au Centre de l'Université de Chicago à Paris, a apporté un éclairage intéressant.
Animé par Jérôme de Bontin, ancien président de l'AS Monaco, et présidé par Lilian Thuram, représentant sa fondation Education contre le racisme, le débat a permis à des experts et acteurs engagés (citons, sans être exhaustif, Pascal Picq, paléoanthropologue, professeur au Collège de France, Stanislas Frossard, secrétaire exécutif de l'EPAS-Conseil de l'Europe, Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes, Jean-Claude Hamel, président de l'AJ Auxerre, Sylvère-Henry Cisse, journaliste à Canal+ …) de s'emparer du sujet.

Le sport a un potentiel extraordinaire. Il a incontestablement la capacité de mettre en relation les gens, de leur apprendre à respecter des règles du jeu communes, à se comporter dignement dans la victoire comme dans la défaite. Néanmoins, il n'est pas une panacée. Il ne peut qu'être le reflet de la société dans laquelle il baigne et, à ce titre, aussi bien de ses valeurs que de ses maux. Le sport pose parfois même un problème en tant que tel parce qu'il renforce certains stéréotypes – l'homme comme étant plus fort que la femme, le Noir plus athlétique que le Blanc, pour citer quelques exemples. Nier l'existence des discriminations dans le sport n'a rien de constructif. Au contraire, il faut fermement les combattre en aidant le sport à réaliser son potentiel intrinsèque de modèle de "diversité". Il y a donc un travail à réaliser, tout d'abord pour alerter les consciences, prendre en compte ces dérives, puis pour lutter efficacement contre ces fléaux.

Quel que soit le type de discrimination (liée à la couleur de peau, au sexe, à l'orientation sexuelle, au handicap …), une première étape apparaît nécessaire : celle de la déconstruction de l'inconscient collectif. Cela passe nécessairement par l'éducation. La première rencontre d'un élève avec le Noir est souvent l'histoire de l'esclavage, et ensuite celle du colonialisme. Ce sont donc des images qui s'installent dans l'inconscient depuis le plus jeune âge. Il s'agit de remplacer les idées reçues par la construction d'une éthique de la différence, où la différence n'est pas du tout niée mais, au contraire, regardée comme une richesse. A ce titre, l'exemple des Etats-Unis, à travers la délivrance de bourses universitaires aux sportifs, constitue un modèle de bonne pratique, car il permet aux plus modestes de pouvoir poursuivre leurs études et d'évoluer socialement.

Les campagnes menées par le mouvement sportif et les institutions européennes sont aussi autant de bonnes pratiques à poursuivre, même si elles restent souvent peu contraignantes : notons les documents et les déclarations émises par la Commission et le Parlement européens, l'action menée par l'UEFA et son partenaire, le réseau FARE (Football Against Racism in Europe) "tous contre le racisme", la campagne de la FIFA "Dites non au racisme", ou encore celle du Conseil de l'Europe"Speak out against discrimination" avec les médias pour sensibiliser l'opinion publique.

En reconnaissant qu'un problème de racisme et de discriminations existe aussi dans le sport, et en utilisant en même temps le potentiel intrinsèque du sport et des valeurs dont il est porteur pour s'attaquer efficacement à ces dérives, on pourra évoluer vers une société où les différences et les diversités ne sont pas hypocritement niées, mais plutôt mises en avant comme une richesse et une occasion pour progresser.

Rosarita Cuccoli est secrétaire générale de l'International Association of Sports Newspapers, membre du comité scientifique de Sport et Citoyenneté

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