Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

SHARPEVILLE, SOWETO, GAZA...

SHARPEVILLE, SOWETO, GAZA...

Comme les Noirs sud-africains ont rappelé aux Afrikaners qu’ils n’étaient pas prêts de disparaître, les Palestiniens viennent une nouvelle fois de signifier aux Israéliens qu’ils ne se retireront pas du paysage.

21 mars 1960. Sharpeville, un township (banlieue noire) dans le Transvaal, en Afrique du sud. Des milliers de manifestants Noirs répondent à l’appel du Congrès panafricain (PAC) pour protester de manière pacifique contre l’instauration, par le gouvernement sud-africain, du “pass” (passeport intérieur) destiné à restreindre les mouvements des populations non-blanches. La police ouvre le feu à balles réelles. Le bilan est lourd : 69 morts (nombre d’entre eux touchés dans le dos) et près de deux cent blessés. Le régime d’apartheid se montre tel qu’il a toujours été : impitoyable. La répression qui suit contre le PAC et le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela est brutale.

L’état d’urgence est décrété, les deux formations politiques sont interdites, des milliers de militants sont arrêtés, d’autres sont obligés de s’exiler. Dans le monde, les condamnations pleuvent. Aux Nations Unies, le Conseil de sécurité adopte la résolution 134 qui condamne Pretoria pour son usage de la force contre des civils désarmés. La France et la Grande-Bretagne s’abstiennent… Dans le contexte de guerre froide, l’apartheid est encore défendu par certains comme un mal nécessaire pour faire pièce au communisme…

16 juin 1976. Soweto, un township dans la banlieue de Johannesburg, Transvaal, Afrique du sud. Des milliers d’écoliers soutenus par le mouvement Conscience noire (fondé, entre autres, par Steve Biko) manifestent contre l’instauration de l’afrikaans (la langue des descendants de colons hollandais) comme langue officielle d’enseignement aux côtés de l’anglais. Pour la population des ghettos, cette langue est le symbole de l’apartheid et il n’est pas question de l’accepter dans les écoles des townships. 

Le cortège des manifestants est pacifique mais la police ouvre le feu à balles réelles. Vingt-trois écoliers sont tués et il y a des dizaines de blessés. Dans les jours qui suivent, les émeutes s’étendent au reste du pays et font plusieurs centaines de morts (dont celle, en détention, de Steve Biko). Dans le monde, les condamnations se multiplient.

Le mouvement de boycottage de l’Afrique du sud se renforce (les pays africains boycotteront les Jeux olympiques de Montréal en raison de la présence d’athlètes sud-africains). Mais, là aussi, des voix se font entendre en Occident pour défendre l’Afrique du sud comme poste avancé dans la lutte contre le communisme. Comme en 1960, des voix bien intentionnées à Paris, Londres ou Washington reprochent aussi aux dirigeants de l’opposition noire de jouer avec la vie de la jeunesse sud-africaine…

14 mai 2018. Des milliers de jeunes Palestiniens manifestent aux abords de la “frontière” qui sépare le bantoustan de Gaza d’Israël. Comme ce fut le cas au cours des semaines précédentes, des snipers ouvrent le feu à balles réelles. Selon les derniers chiffres, on relèvera 59 morts et des dizaines de blessés dont certains seront amputés.

Une nouvelle fois, la “marche du retour” des Palestiniens, qui exigent le droit de pouvoir quitter Gaza et de rentrer chez eux, en Palestine, se termine dans un bain de sang. Les États-Unis s’opposent à l’ouverture d’une enquête indépendante et, reprenant à l’identique la propagande du gouvernement israélien et de ses soutiens, accusent le Hamas palestinien d’être l’unique responsable de cette tuerie.

De façon générale, Tel Aviv peut compter sur une solide indulgence occidentale, les réactions les plus vigoureuses consistant à lui demander de la “responsabilité” et du “discernement”, pour reprendre, par exemple, les éléments de langage de la diplomatie française. Dans le monde arabo-musulman, seule la Turquie du très peu démocrate Erdogan hausse le ton. Quant aux médias “lourds” occidentaux, notamment les télévisions (à l’image de la très pitoyable BBC), ils rivalisent en circonvolutions et propos elliptiques pour ne jamais présenter les faits tels qu’ils existent : l’armée israélienne a tué de sang-froid des manifestants désarmés.

Post-scriptum: 
IBRAHEEM ABU MUSTAFA / REUTERS

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.

Pages