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SEPT JOURS EN CORSE. SOUS L'EMPIRE DE LA HAINE

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SEPT JOURS EN CORSE. SOUS L'EMPIRE DE LA HAINE

On ne voudrait pas avoir à choisir ni par quoi ni par où commencer. L'embuscade plutôt que le saccage, la lâcheté plutôt que l'infamie, tant les deux actes, le guet-apens contre des pompiers et des policiers venus porter secours dans le quartier de l'Empereur à Ajaccio, et la profanation d'un lieu de prière dans cette ville, soulèvent une même indignation, et relèvent, pour leurs auteurs, de la même indignité.

On ne voudrait même pas avoir à faire le lien, dérouler ce fil, fil blanc de la chronologie entre ces deux événements d'un jour de Noël où l'esprit est entré en déraison. Sinon pour relever ce nouveau coup de menton du Premier ministre qui dans un hashtag de sa veine, la jugulaire bien sûr, appelle au "respect de la loi républicaine". Que Manuel Valls se rassure enfin, il n'est pas d'autre loi que républicaine dans l'île, sauf peut-être celles que l'Etat peine tellement à faire appliquer ou respecter, ici.

 

Car les phénomènes qui sont parvenus vendredi à leur paroxysme, ne trouvent pas leurs origines dans la nuit de la Nativité, précision faite pour ne pas opposer davantage et à la hâte cette fois encore, chrétiens et musulmans. Et pas même dans l'avènement d'une majorité nationaliste à la Collectivité territoriale qui aurait débridé les ardeurs, ceci écrit par pure provocation, pour balayer encore toute velléité d'amalgame, tellement dans l'air du temps.

 

Cela fait des mois, et mêmes des années en effet, que les secours et les forces de l'ordre qui ont à intervenir à l'Empereur, décrivent les mêmes scènes, les mêmes difficultés sociales, les injures et les caillassages dont ils sont parfois la cible. Que les habitants d'un quartier en grande difficulté témoignent pareillement du climat détestable qui règne au pied des immeubles, des trafics qui s'y implantent et qui, rituellement, défient l'ordre et la loi, et même de l'état de non-droit qu'on y laisse prospérer, de guerre lasse peut-être.

 

Ce à quoi on a assisté l'autre nuit n'est ainsi rien d'autre qu'un accès, qu'un déferlement de violences urbaines, comme on a pu en connaître dans les cités des grandes villes, et dans les banlieues. Le guet-apens a été prémédité, l'embrasement préparé si l'on en juge par la quantité de palettes en bois et de pneus inflammables enlevés la veille sur place.

 

L'arrivée des pompiers à l'Empereur a suffi à sonner la charge, à coups de clubs de golf et d'engins incendiaires. Dans un mépris et une violence pour l'autre, que rien n'a su, ou pu prévenir.

 

Le vide sidérant

S'en prendre ainsi aux pompiers, c'est refouler une part d'humanité, d'entraide qui demeure dans nos sociétés. Faire reculer les policiers venus en renfort, c'est défier l'ordre et la loi, et avoir le projet ferme d'en découdre.

 

Le rassemblement qui, de manière spontanée, a pris corps devant la préfecture l'après-midi de Noël, portait ainsi un message salutaire de solidarité envers ceux dont le devoir est de protéger les populations, de porter secours aux victimes.

 

Mais la marche vers l'Empereur, la montée au Salario qui ont suivi, pouvaient-elles échapper à une autre ascension, celle de la colère qui devient haine, et de la haine qui cède à son tour à la violence. Il ne fut pas question d'abord de traque, ou de justice à rendre, mais seulement d'occupation d'un espace que les règles de vie en communauté, l'ordre et la société semblent avoir déserté depuis longtemps.

 

Occuper le vide en quelque sorte, jusqu'à ceux que d'autres slogans détestables, "Arabi fora", l'envahissent, et que des cris de vengeance tout aussi intolérables le peuplent enfin. Avec ce changement de front qui signe la victoire des fauteurs de trouble de la nuit : une foule de manifestants qui se frotte aux forces de l'ordre, et à une autorité finalement débordée par la masse.

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