Le PPM (Parti Progressiste Martiniquais), fondé par Aimé CESAIRE en 1958, après sa rupture avec le Parti communiste, s'est réuni en convention ce week-end à Rivière-Salée. Au-delà des discours des uns et des autres, des analyses de l'échec cinglant du 13 décembre dernier, de la mise en accusation voilée de tel ou telle, des propositions de rénovation, il y a une ombre, une grande ombre, qui a plané sur les débat de cette modeste assistance (environ 300 militants) : celle d'Aimé CESAIRE.
Alors, le PPM ou Papa ou té ?
C'est que le PPM n'a pas compris une chose. Une chose fondamentale : tant que le Père de la Négritude était vivant, son parti pouvait considérer à juste titre qu'il lui appartenait en propre et rares étaient ceux qui contestaient cette captation. Mais une fois, CESAIRE parti rejoindre les Grands Ancêtres, il est devenu la propriété de tous les Martiniquais de quelque bord politique, de quelque ethno-classe à laquelle ils appartiennent. La Martinique n'est pas devenue "césairiste", mais "césairienne" comme elle est devenue "fanonienne" et "glissantienne" à la mort de Frantz FANON, puis d'Edouard GLISSANT.
Qu'est-ce que cela signifie ?
Que les Martiniquais, tous les Martiniquais, ont fini par entendre le discours de Césaire, de Fanon et de Glissant. Avant, à cause de l'Assimilation, beaucoup, sinon la plupart, étaient sourds, mais au fil du temps, les analyses de ces intellectuels de renommée internationale (et donc d'abord appréciés et reconnus à l'étranger !) ont réussi à pénétrer dans notre tissu social, à l'irriguer, à l'enrichir. Parfois sans même que ceux ou celles qui s'en trouvaient ainsi enrichis sachent que ce qu'ils considéraient comme des évidences, ne l'étaient absolument pas 60, 50, voire 30 ans plus tôt.
Dès lors, Aimé CESAIRE n'étant plus la propriété privée du seul PPM, ce parti se retrouve orphelin. Ou plutôt, il se trouve dans l'obligation de se doter d'un nouveau leader. Le problème c'est que pour arriver à la cheville du Père de la Négritude, il faut quand même se lever tôt le matin. Un écrivain célèbre de la place a eu beau célébrer LETCHIMY comme "le Christ de Texaco", "le Père de la Nation" ou plus récemment, "un homme d'Etat", il y a comme une évidence qui se révèle : l'ex-directeur de la SEMAFF, ex-maire de Fort-de-France et ex-Président de l'ex-Conseil régional n'a pas la carrure qu'il faut pour remplacer Aimé CESAIRE. Car s'il l'avait, il aurait :
. mis au pas les trublions, "soldats auto-proclamés" et autres "injurieurs" professionnels.
. écarté ceux qui sont mêlés à des affaires financières pas claires (CEREGMIA, vedettes MADININA, EX-PAY, GRAN CHAWA, BOODOOM, Téléphérique Vert-Nord etc.).
. évité de se présenter comme The President of Martinique aux Etats-Unis ou O Presidente do Martinica au Brésil alors qu'il est un anti-indépendantiste convaincu.
. refusé de s'allier avec des opportunistes, des "zonnzoleurs" de gauche (BATIR etc.) ou de droite (Osons oser, Parti Régionaliste Martinique) qui n'ont aucune autre idéologie que de se maintenir à leur poste ou de se faire élire à un poste.
. abandonné l'illusoire et fumeuse "troisième voie" que ni lui ni son parti n'ont jamais pu définir de façon claire.
Etc...etc...
Bref, si LETCHIMY était le digne successeur de CESAIRE, il aurait commencé par faire le ménage au sein de son parti et ce dernier aurait cessé de s'effriter comme il le fait depuis une dizaine d'année, 2010 ayant été une victoire en trompe-l'oeil.
Au fait Catherine CONCONNE, ou té ?...
