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REVIENS !

Par Jean S. Sahaï
REVIENS !

Mieux que France et mieux qu'une Inde, j'aime mon île en eau, son montage entre mer, montagne, mornes marrons et grands ravins, rappelant au petit cœur battant que la vie a ses plans plein la tête. Mon îlot tu me fais dériver loin du regard des vieux monuments d'un continent aux trop historiques héros écumeurs. Tous ces braves, enfants qui ont franchi la mer pour l'illusion d'un vivre, copier, singer, gratter pour dépenser, courant après ce luxe, amour du différent sans déférence, théâtre enfermé, folie d'enfer qui t'écrase le premier cheveu blanc venu. Gars et filles envieillis dont l'âme a perdu le refrain, les repères d'alizés, le souffle fort des vagues d'écume douillette et clapotis pour s'en aller peiner aux cadences d'horloge à trains, poètes égarés ramassant hagards pelles de maux en non-lieu, filles mordant l'ordure. J'aime mon île en eau, son vert ses bleus et ses rivières, son murmure enfantin, son ralentir naïf et reposant, le sourire anodin du paysan qui sème et arrache, chapeau au vent négligemment tenu, le soupir de la vieille qui peine à se lever matin d'arthrose pour envoyer maïs après ses poules. Pays d'enfants tous âges, tu me tiens dans ton creux, dans ta verte foison et ta case en pente. Mes promenades te sillonnent comme un courant balisé par les souvenirs de tendresse reçue et de retour en soi. Reviens, fille égarée, dont les rêves factices, la fuite, la méprise-jadis, ont fait marionnette, girouette au festival oppressant, l'excitation dorée de la terne finance. Reviens chez toi, fils ! Bercails et caramboles te rediront et te rendront la vie !

{{J.S. Sahaï}}, 11 nov. 07

Photo de l'auteur : Rade de Pointe-à-Pitre,
_ ©J.S.S. 2007

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Ton texte fait suite au texte de Confiant qui appelle au retour de nos forces aux Antilles... Je pense que nous devons mettre l'accent dessus et se faire le relais de ceux qui veulent revenir chez nous... Il n'est pas normal que nos élites doivent partir pour travailler... - Tony Mardaye, Paris.



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Cher Jean,

Le contenu  de ton texte est perspicace et poétique, la percutance de tes métaphores rappelle que  there is no place like home !   comme dirait Nola Darling de Spike Lee. 

Toutefois chacun de nous a sa propre histoire d'immigration, elle n'est pas seulement liée à la recherche de la finance, d'un avenir social meilleur... rêvé. Il y a aussi  fuite, dégoût, honte, esprit d'aventure, amour, orgueuil...

Quels arguments avons-nous pour les convaincre ?

Quel accueil leur réserveront leurs compatriotes, les cinglants fuseront certainement : ou komprann' séw' nou té ka atan'n pour viv ? / sé moun fwans' la sa toujou bizwen fê blan a yo !...

Il est vrai que beaucoup de nos énergies sont concentrées à aider ceux qui arrivent en France, et rien n'existe, du moins à ma connaissance, pour ceux qui veulent repartir ou viennent d'arriver au pays. Voilà un bel créneau de création de boîte pour nos jeunes et moins jeunes en recherche d'idées de création d'entreprise...

Il serait bien de créer une amicale des dévirés.

- avec cercle de paroles...  pour évacuer les angoisses, anticiper le découragement

- réseau de compétences... pour gagner du temps dans son installation

- réseau d'entraide... pour le soutien administratif

- bases de données des secteurs d'entreprises à développer ou à créer... pour éviter les échecs de création et une concurrence agressive

- business angels... pou pa mandé béké la lajan ay'

- conférences dans nos îles... pour préparer ceux qui ne sont pas partis au retour de ceux qui veulent rentrer, leur sensibiliser au bénéfice de leurs futurs apports pour l'évolution de notre communauté

- témoignages de ceux qui ont réussi leur retour et/ ou qui résistent à la tentation du retour en France

Sachons, déjà que d'aucuns ne verront cette initiative d'un bon oeil... suivez mon regard !

La réadaptation à notre mentalité, qui est spécifique.

D'accord, comme toutes le mentalités, mais il est plus facile pour tout homme de s'adapter à une autre réalité que de se réadapter à la sienne parce que on nom' pa on tôti !! - Micheline Maximin, Paris.





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C'est VRAIMENT VRAIMENT bien !!!  J'adore !  - Jean-Luc GOUBIN, Abymes.



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Excellent, la fuite est-elle une solution? Lorsque des évidences deviennent complexités et en étant conscient de cette sentence indubitable que tout existant est amené à mourir elle peut s'avérer être un régulateur de l'instant de vie que chacun doit s'octroyer pour ne pas avoir l'impression d'arriver à l'article de la mort avec ressentiment. Notre paradis est encore malheureusement  sous les conditions du KIT de Willie LYNCH :

http://www.thetalkingdrum.com/wil.html   cela me pose problème.

Je finirai quand même  à Marie-Galante. Merci pour ce soleil de Guadeloupe l'instant d'un écrit. Content d'avoir de tes nouvelles, - Un ami, Luigy Lacides.

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J'ai beaucoup hésité à te répondre... Mais bon je me lance !   Merci c'est un très beau texte, qui décrit certes une réalité... Mais, à mon sens, le problème de l'exil volontaire ou non est plus complexe que de chercher à croire à  "l'illusion d'un vivre, copier, singer, gratter pour dépenser, courant après ce luxe, amour du différent sans déférence, théâtre enfermé, folie d'enfer qui t'écrase le premier cheveu blanc venu" . Je n'ai pas choisi ma terre de naissance, par contre j'ai choisi de vivre en Guadeloupe où je ne suis pas née ! et chaque jour, j'ai le choix de partir ou rester.... dans toute chose on ne peut s'appuyer sur des "absolus"... Pourquoi, pour nos autres guadeloupéens nés en Guadeloupe ou non,  notre monde devrait-il se limité à notre île... Car, quelque soient nos motivations, il nous faut vivre là où nous sommes bien.... ne véhiculons pas cette idée de Guadeloupe = Paradis sur terre... Nous savons tous, que la vie y est difficile, comme partout ailleurs et parfois même, sur certaines questions plus qu'ailleurs... Pour moi, Guadeloupe = Paradis est leitmotiv trop proche d'un certain doudouisme qui nous fait parfois beaucoup de tord ! Je te remercie de m'avoir adressé les réfences du sites que je ne connaissais pas... Je n'ai pas mis cette réponse en ligne, car elle ne fait que redire ce que d'autres ont déjà dit... autrement peut-être ! A très bientôt ! Jos

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