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REPRESSION CONTRE LA RESISTANCE BASQUE (1)

Txalaparta sur http://radiopays.org
REPRESSION CONTRE LA RESISTANCE BASQUE (1)

Un nouveau procès devant une Cour d'Assises spécialement composée s'est ouvert à Paris le jeudi 17 mars dernier. La mission de ce Tribunal d'exception français, successeur de la tristement célèbre Cour de sûreté de l'État du temps de la Guerre d'Algérie, est claire : condamner les Résistants basques {{Pello Eskisabel}} et {{Manu Ugartemendia}}, et à travers eux toute la Résistance basque. Nous portons à votre connaissance les trois déclarations faites par Pello durant les deux premiers jours du procès.

{{Txalaparta}}

Première déclaration, faite par {{Pello Eskisabel}} au tout début du procès, le 17 mars 2011 au matin:

"Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs !

Le Peuple Basque est un petit peuple, très ancien et très digne qui vit depuis des siècles aux deux côtés de la rivière Bidasoa et de la chaîne montagneuse des Pyrénées. Il a été connu comme État sous différents noms, Vasconia, Royaume de Navarre ... avant même la création des États d'Espagne et de France. Il a su, malgré de multiples essais d'assimilation de forces étrangères, garder son identité culturelle autour de sa langue nationale, I'Euskara.

Mais malheureusement, au niveau politique, l'État basque, nommé Royaume de Navarre, a disparu en 1522, sous le feu des envahisseurs castillans. A partir de ce moment, la France et l'Espagne, créant une frontière artificielle, se sont partagé notre pays. Et ils veulent nous forcer à devenir soit espagnols soit français.

Et nous, tout simplement, car nous ne sommes ni espagnols ni français, nous voulons rester Basques et vivre dans un État basque indépendant, dans une Europe en liberté.

Étant épris de liberté, notre engagement dans le combat politique pour la liberté de notre Pays était un devoir incontournable. Nous revendiquons, haut et fort, notre militantisme au sein de l'organisation indépendantiste basque ETA, et Mesdames et Messieurs de ce tribunal, sachez-le, nous en sommes fiers.

Nous avons été traduits devant ce tribunal depuis les prisons de Fresnes et de La Santé, après six ans d'incarcération. Et aujourd'hui, ce tribunal de la Cour d'Assises de Paris voudrait, en nous jugeant, juger le combat que le Peuple Basque mène depuis des siècles pour sa libération.

Ce tribunal de la Cour d'Assises de Paris est le représentant de l'État français, un État qui, il y a longtemps, a envahi et conquis une partie de notre Patrie, les provinces de Lapurdi, Behe-Nafarroa et Zuberoa. A partir de ce moment, il a commencé à développer un processus de colonisation et assimilation forcé pour que les signes d'identité du Peuple Basque disparaissent et ces trois provinces deviennent «françaises».

Depuis des siècles, les Basques ont eu leurs propres institutions politiques qui étaient la base de leur manière à eux de se gouverner. Et malgré la disparition de l'État basque au niveau politique, en 1522, ses institutions étaient respectées par les États espagnol et français. Par rapport à ce dernier, cela fut ainsi jusqu'en 1789. Avec la Révolution française, l'État français commença à construire une République centralisée, jacobine et chauvine, sur les terres corses, occitanes, bretonnes, catalanes ... et basques.

Pour y aboutir, il a utilisé la force et la répression. Voilà quelques exemples:

- Les habitants des peuples basques d'Azkaine, d'Itsasu, de Sara et des alentours souffrirent la déportation vers les terres des Landes. Leur délit? Vouloir maintenir les ancestrales institutions basques pour se gouverner eux-mêmes. En même temps, les noms des villages furent francisés.

- A l'époque, le député Barère de Vieuzac avait proposé au Comité de Salut Public de faire disparaître toutes les autres langues, car pour lui, «le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton, l'émigration et la haine de la République parlent allemand, la contre-révolution parle italien et le fanatisme parle basque".

Ainsi, la langue basque, la langue la plus ancienne d'Europe, a été méprisée et laissée à l'écart de la vie publique. L'école républicaine instaurée plus tard par Jules Ferry essaya de franciser les consciences des enfants basques, à travers des brimades et humiliations à l'égard de ceux qui osaient dire même un seul mot en basque. Ainsi, à l'entrée des écoles fut mise une affiche, qui disait: « parlez propre, parlez français».

Et encore aujourd'hui, la France refuse de signer la Charte Européenne des Langues Minorisées, et nie toute possibilité d'officialisation de la langue basque.

- La demande de reconnaissance de la territorialité basque, c'est-à-dire, un département pour les trois provinces basques, faite par les Frères Garat, députés à l'Assemblée de Paris, en 1792, ne fut pas entendue. Et aujourd'hui, malgré les promesses faites par Mitterrand en 1981 ou d'autres politiciens, cette demande continue d'être méprisée. A l'heure de la nouvelle réforme administrative où les départements vont disparaître, une nouvelle structure appelée Pays va naître, mais la demande de la majorité de la société basque en faveur d'une institution propre et différente pour le Pays Basque Nord va être à nouveau méprisée.

- Les réfugiés basques qui, à partir de 1936, fuirent la guerre et la terreur du dictateur fasciste Franco furent incarcérés en camps de concentration et traités comme des bêtes. Quelques années plus tard, ces mêmes Basques luttèrent aux côtés des Français contre le nazisme afin de libérer le Pays Basque Nord et la France de l'occupation nazie. En 1945 le Général De Gaulle déclara publiquement, «La France n'oubliera pas ce que les Basques ont fait pour elle ».

Mais malheureusement, les nouvelles autorités françaises oublièrent la solidarité des Basques, et bientôt, à partir de 1970, elles ont commencé à collaborer avec les autorités espagnoles dans la répression à l'encontre des Basques qui ont continué à lutter pour la liberté: la liberté de leur Pays cette fois.

- Ces derniers 40 ans, les arrestations, les incarcérations, les déportations, les expulsions et les extraditions de militants basques vers l'Espagne, (aujourd'hui sous la formule du Mandat d'Arrêt Européen), ont été et sont à l'ordre du jour.

- Mais pas seulement cela, le groupe para policier GAL, formé et commandité par les autorités politiques espagnoles (avec le président Felipe Gonzalez en tête) en 1983, a eu l'appui des policiers français et la connivence des autorités politiques françaises pour mener à bout ses attentats, qui ont fait 27 morts en Pays Basque Nord.

- En outre, quelques militants basques ont été séquestrés et sont apparu morts, comme Joxi et Joxean, ou sont toujours portés disparus, comme Pertur, Popo Larre et Naparra. Le dernier cas est celui du militant basque Jon Anza, séquestré le 18 avril 2009 à Bayonne et apparu mort le 12 mars 2010, à Toulouse.

- De nos jours, l'Etat français collabore avec l'État espagnol dans la pratique de la torture, car il nie l'existence de la torture en Espagne et prend en considération les mandats d’arrêt et d'extradition basés sur les déclarations tirées sous la torture.

- Ces dernières années, l'Etat français est en train de développer sa propre stratégie répressive à l'encontre de tout symbole de l'Identité basque, des .associations sociales et culturelles, de la jeunesse, et de la gauche patriote basque dans son ensemble. A la fin de l'année 2010 il a fait un pas• de plus dans la voie répressive en acceptant le Mandat d'Arrêt Européen demandé par l'Espagne contre la militante du parti politique Batasuna, Aurore Martin, à qui on reproche d'avoir participé en tant que porte-parole à deux conférences de presse.

Il est à souligner qu'Aurore Martin a la nationalité française, et que le délit reproché concerne tout simplement son activité comme porte-parole d'un parti politique.

Vous voyez, Mesdames et Messieurs de ce tribunal, cela a été l'attitude de la République française envers le Peuple Basque. Au nom de «Liberté, Egalité, Fraternité », elle n'a essayé que de nous faire disparaître en tant que Basques, pour que nous devenions tout simplement « Français ».

Le peuple basque a tout ça en mémoire et ne l'oubliera jamais.

Par conséquent, vous, membres de ce tribunal, en tant que représentants de l'État qui opprime notre patrie, vous êtes partie prenante dans le conflit politique qui met face à face Euskal Herria avec la France et l'Espagne. Donc, c'est un procès politique, et vous n'avez aucune légitimité pour nous juger, et à travers nous, juger le combat du Peuple Basque pour sa liberté, pour sa reconnaissance comme nation souveraine et son droit à l'autodétermination, c'est à dire, «le droit d'un peuple à se gouverner lui-même », énoncé le 10 décembre 1948 par l'ONU dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, et confirmé en 1966 à Helsinki dans le Traité international sur les Droits civiques et politiques.

De nos jours, en français, on utilise la phrase « en France et en Navarre», vestige de l'existence auparavant de deux Etats différents. Il vaudrait mieux donner tout le sens à cette phrase rhétorique et, en toute logique,- reconnaître le Pays Basque en tant que nation souveraine et respecter son identité et son droit à une existence en liberté.

Compte tenu de tout cela, nous n'allons vous donner aucune explication sur notre engagement militant au sein d'ETA. Nous sommes des Prisonniers Politiques et nous demandons la reconnaissance du Statut de Prisonnier Politique et le rapatriement au Pays Basque.

Seule une autorité judiciaire issue d'un pouvoir librement constitué en Pays Basque serait à même de nous juger.

Par contre, si vous le voulez, nous sommes disposés à vous expliquer les raisons politiques de notre combat pour la liberté, pour l'indépendance de notre nation.

Pour finir, nous voulons rendre hommage à tous les citoyens basques qui sont tombés dans le long chemin qui nous mènera à la liberté.

Gora Euskal Herria Askatua!

Gora Euskal Herria Sozialista! "

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