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in revue "ETUDES CREOLES" (2015)

Récits haïtiens de vécus aquatiques

Gerry L'Etang
Récits haïtiens de vécus aquatiques

   Résumé : Il existe dans la mythologie vodou haïtienne une croyance en un monde aquatique peuplé de sirènes et autres lwa. Par ailleurs, des Haïtiens assurent avoir été enlevés par ces esprits qui les ont entraînés sous l’eau afin qu’ils vivent à leur côté. Ces séjours durent plusieurs heures à plusieurs années. A l’issue de ces expériences, les concernés retournent sur la terre ferme et racontent à leurs proches leur vécu aquatique. Le présent article propose, après enquête en Haïti, trois de ces récits. Il donne également à lire deux interprétations du phénomène : l’une d’un prêtre vodou, l’autre d’un sociologue, spécialiste de la religion en question. Suit enfin un commentaire de l’auteur. 

   Mots clés :   Haïti, vodou, mythologie aquatique, lwa, eau.

   Introduction 

   En mars 2011, alors que nous enquêtions, suite au séisme haïtien de 2010, sur les perspectives de relogement des réfugiés d’un camp de toile de Pétion-Ville (L’Etang 2011), une sinistrée nous indiqua se retrouver seule avec trois enfants après la disparition de son mari dont elle était sans nouvelles depuis le tremblement de terre. A l’époque, de telles disparitions étaient communes. Les morgues de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince1 avaient été saturées lors de la catastrophe et des milliers de cadavres qui ne pouvaient être conservés pour identification furent hâtivement enfouis. 

   Ce qui était moins attendu, c’est que cette informatrice attribuait à tout autre chose cette disparition. Son compagnon, parti ce jour-là se baigner dans un bassin de la Momance2, avait été enlevé par un lwa3 qui l’avait entraîné sous l’eau. Et l’entourage de cette dame de confirmer l’explication, laquelle lui paraissait d’autant plus crédible que le disparu avait antérieurement déjà été l’objet d’un rapt de ce type. 

   La présente enquête, contribution à une ethnographie de la mythologie aquatique d’Haïti, est née de l’interrogation que suscita en nous cette anecdote : qu’est-ce qui fonde pareil récit ?

   Après avoir sollicité en Haïti, de février 2012 à février 2015, une quinzaine d’informateurs, nous livrons ici les témoignages de cinq haïtiens pour trois récits et deux interprétations4. Il s’agit pour commencer d’un propos de Dominique Batraville. Journaliste, acteur, poète et écrivain, Batraville, fin connaisseur de son pays, entretient à l’endroit de ce dernier un rapport à fois critique et sensible. Le second témoignage est d’un autre artiste, Frantz Zéphirin. Il est l’un des peintres les plus en vue d’Haïti. Ses tableaux qui donnent principalement à voir des scènes sous-marines, ont fait la une de prestigieux magazines étasuniens. Le troisième récit provient de Harry Jeanty. Conducteur de tap-tap5 ou chauffeur de particuliers, Jeanty s’efforce de survivre au jour le jour dans la pénurie de Port-au-Prince.

    Les interprétations6 sont pour commencer de Max Beauvoir. Prêtre vodou, Beauvoir était l’Ati national7 de cette religion en Haïti. Suit une analyse de Laënnec Hurbon. Sociologue au CNRS et à l’Université Quisqueya, Hurbon est un spécialiste du vodou haïtien. 

    Récit de Dominique Batraville8

   « Dans mon village natal de Carrefour-Poy sur la route de l’Arcahaie9, il y avait deux rivières : Courjolles et Matheux. Ces rivières, assurait-on, débordaient de dieux aquatiques, de sirènes au miroir d’obsidienne10. Les villageois rapportaient aussi plein d’histoires du monde sous-marin. Le peigne de Tézin par exemple, conte d’amour entre des êtres d’eau et des voisins de terre ferme. Ou encore la geste du requin Abolome, évoquée également par les écrivains Jacques Stephen Alexis et Joseph Marie Saint-Natus, qui veille sur les villageois de Luly dans la plaine de l’Arcahaie. 

   « Les gens de Carrefour-Poy relataient aussi des expériences de séjours dans les profondeurs, d’où d’aucuns revenaient initiés à la connaissance. Je connais personnellement des naufragés haïtiens qui après avoir échoué à rentrer en Floride ou aux Bahamas font référence à des déités marines qui les ont sauvés. Certains de ces naufragés rentrent de l’océan avec, estime-t-on, une science élevée, une sagesse, une compétence pour interpréter les deux infinis. Des mariages dans les mondes marins sont encore rapportés par des chansons du compas11. 

   « A ce propos, un chant m’a bercé longtemps. Je me souviens d’un passage : 

   Lasirèn

   Labalèn

   Chapo mwen tonbe nan dlo

   Sirèn !

   Balèn !12

   « Les croyants vodou sont également convaincus qu’ils voyagent sous l’eau après leur mort. Car sous et sur l’eau règne Agwétaroyo13. Une autre chanson dit d’ailleurs :

   Mwen tande tire

   Mwen tande tire

   Agwetaroyo sou lanmè14

   « J’ai foi en ces croyances, ces récits rapportés par des gens simples. Et puis, comment nier ces vies et aventures sous l’eau quand on est haïtien ? J’y crois d’autant plus que de telles histoires existent ailleurs, dans toutes les civilisations finalement. Je pense par exemple au périple de Jonas (Yunus), mentionné dans la Bible comme dans le Coran, lequel vécut plusieurs jours dans le ventre d’un monstre marin. Je pense encore au Léviathan.

   « Et puis, je vais confier un secret : à l’âge de dix-sept ans, j’ai failli périr en mer. C’est une sirène du nom de Myriam qui m’a tiré sous l’eau, ramené sur terre. Je revois son corps, ses mains angéliques, son sourire, sa chevelure qui me rappelait celle de ma grand-mère dont on pensait, en raison de ses longs cheveux, qu’elle descendait de femmes aquatiques.

   « Je suis bien conscient des interrogations que les récits de ce type peuvent soulever chez ceux qui ne considèrent les choses que d’un point de vue matérialiste. Mais mes convictions sur ce point nourrissent mes excentricités de poète. 

   « Car c’est à dix ans, en observant la mer, que la poésie s’est révélée à moi. La mer me rattache à moi-même. Elle me rappelle qu’au commencement était l’eau, me remémore les voyages en pirogue des Caraïbes, l’arrivée de Colomb, la Traite négrière. L’idée que sur et sous la mer se passent des choses insondables, insoutenables, est pour moi fascinant, obsédant ». 

   Récit de Frantz Zéphirin15

   « Il y a plus d’une vingtaine d’années, un jour que je dormais près de la mer, une maîtresse, Erzulie Fréda16, est apparue et m’a dit : je vais te montrer comment me peindre. Elle m’a alors pris, transporté sous l’eau, dans un monde merveilleux habité de femmes de toutes couleurs, très belles dans leurs robes transparentes. Là, elle m’a indiqué une infinité de tableaux disposés sur des chevalets en m’ordonnant : ces tableaux n’existent pas encore, c’est toi qui devras les réaliser ! A suivi une longue démonstration où elle m’expliqua comment produire ces œuvres. 

   « Après toutes ces remarques, elle m’a introduit dans sa chambre, en fait une suite immense où il y avait un trône et un grand lit, et confié à des servantes qui m’ont conduit dans un bassin d’où sortait de la vapeur. Elles m’ont lavé, parfumé et mené à une couche ronde au milieu de laquelle Erzulie m’attendait nue. Je me suis étendu sur le bord du lit. Mais elle m’a attiré à elle. Nous avons fait l’amour. Ce fut merveilleux. D’abord du fait de sa douceur, incroyable, ensuite en raison du cadre, de l’ambiance : je flottais dans une sorte de voile parsemé de bulles. Et puis c’est là que mes yeux se sont ouverts, que j’ai compris comment faire. Dès le lendemain, je me suis mis à peindre les toiles qu’elle m’avait fait voir. 

   « Mais j’avais encore du mal à la représenter, elle. Alors que je dessinais son visage, elle m’a dit : non, regarde bien, voici comment est mon visage. Pareil pour le bas de son corps. Je dessinais des jambes car j’avais cru en voir. Mais lorsqu’elle m’a dit de regarder encore, c’était une queue de poisson. Elle m’a également appris comment l’envelopper, avec quelles couleurs, quel toucher du pinceau. Nous sommes restés à parler jusqu’au petit matin. Après, je savais comment la peindre. Depuis, elle est souvent à mon côté quand je travaille. Elle apparaît également dans mes rêves. C’est pourquoi je ne peins plus que ce milieu surnaturel du fond des océans, ces milliers de scènes qu’elle m’a demandé de reproduire. Erzulie a changé ma peinture, laquelle est devenue une représentation symbolique de figures aquatiques d’Haïti, une peinture qui raconte leur histoire. 

   « Je ne saurais dire combien a duré ce moment sous l’eau avec La Sirène. Là-bas, les notions de temps, d’espace ne sont pas les mêmes que sur terre. Mais ça m’a paru long. Quant à ce qu’on y ressent, et bien c’est comme quand on est dans l’eau car il y a des bulles, mais en même temps, c’est comme si on est entouré d’air car on n’est pas gêné par l’eau. Autre chose m’a frappé dans ce milieu : tous les objets ou presque sont ronds.  

   « J’ai connu une expérience du même genre avec une autre déesse d’eau : Aïda Wèdo17. C’était deux mois après la première. Là encore, nous avons fait l’amour. Comme Aïda a un buste de femme mais que le reste de son corps est celui d’un serpent, elle s’enroulait autour de moi. Mais elle n’a pas de lit. Son reposoir est un fond sableux où poussent des champignons multicolores et aussi des algues qui bercent. Son univers est différent de celui d’Erzulie. C’est un royaume de récifs, d’épaves. Aïda Wèdo aussi inspire ma peinture ».    

   Récit de Harry Jeanty18

   « Je suis de Paillant, Miragoâne19, d’une famille de mystiques vodou. Ce que je sais des mystères m’a été transmis par ma mère. Ma famille maternelle est liée à l’eau car un étang à Miragoâne a été créé par un esprit pour une de mes ancêtres, Marie-Ange Félix, afin qu’elle puisse s’y baigner. C’était il y a longtemps, avant l’indépendance.

   « J’avais treize ans quand je me baignais un soir dans une rivière de Saint-Marc20. Là, j’ai soudain été happé par une force m’attirant par le fond. J’ai demandé : 

   - Qu’est-ce qui se passe ? 

   Une voix féminine m’a répondu 

   - C’est la famille Félix ? 

   - Oui. 

   - Alors tu es protégé. 

   - Protégé de quoi ? je ne suis pas nageur, je vais mourir ! 

   - N’aie pas peur, tu vas vivre à l’aise, avec beaucoup de nourriture. 

   - Je ne suis pas d’accord, je veux rentrer chez moi ! 

   - Non, vraiment, n’aie crainte, tu es sous ma responsabilité.

   « J’ai fini par me sentir protégé. Pas par la voix, peut-être par ces femmes de ma famille qui avaient eu un rapport intime à l’eau… Je suis arrivé quelque part. Une table dressée m’attendait. J’ai mangé du pain, bu de l’eau, du vin blanc. Puis l’entité d’où provenait la voix est revenue. Mais je ne la voyais pas complètement. Je distinguais seulement une queue interminable. Je recommençai à avoir peur. La voix me rassura :   

   - Je t’aime, pourquoi tu ne m’aimes pas ?

   - Pourquoi tu m’aimes, toi ?

   - Parce que tu es de la famille Félix… Maintenant, tu vas comprendre qui je suis.

   « On lui porta un verre d’eau. Dans ce dernier apparut un buste de mulâtresse sans visage, avec de longs cheveux et une queue de poisson. C’était La Sirène. Je questionnai :

   - Combien de jours passerai-je avec toi ?

   - Tu es là pour sept ans

   - Quoi ! Et ma famille ??

   - Je connais ta famille, lui veux du bien. Je suis celle qui donné à ton arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère l’étang de Miragoâne. Toi, tu es Jeanty Harry, je te connais depuis le ventre de ta mère. Tu es donc comme mon fils et en sécurité ici. Tu ne manqueras de rien.

   « Pendant sept années, La Sirène m’offrit tout ce que je désirais. Je me sentais à l’aise avec elle, surtout quand je pus voir enfin son visage. C’était une fois qu’elle m’avait entraînée dans son palais. Il y avait là un canari21. Une voix me demanda de regarder à l’intérieur. Y sortit un corps de Sirène avec un magnifique visage dont les yeux ardents étaient de couleur indéterminable. Mais quand que je fixais sa face, La Sirène plongeait dans le canari. En fait, elle voulait me montrer son visage mais pas trop. C’est à cette occasion qu’elle me déclara :

   - L’étang et tout ce qui s’y trouve est à la famille Félix, à personne d’autre. On doit d’ailleurs l’appeler l’étang Félix, pas autrement.

   - Mais maîtresse, comment les miens peuvent-ils posséder un étang, je n’ai rien, pas de maison ni de kob22 ? 

   - Tu dois protéger l’étang, au nom des tiens.

   « Le monde de La Sirène était immense : cent-cinquante fois Haïti. Bien qu’on fût sous l’eau, il y avait, selon les endroits, du soleil, du vent, du brouillard, de la neige. En tout lieu cependant, on dormait confortablement, dans un halo de vapeur lactée.  

   « Il y avait là également soixante à soixante-dix personnes qui venaient de la terre haïtienne et qui étaient des invités de La Sirène. C’était pour partie des gens importants, comme ce mulâtre propriétaire d’un hôtel à Port-au-Prince qui joue dans un groupe, ou cet autre chef d’orchestre, ou encore des médecins. Je voyais ces gens mais ne les fréquentais pas. Ils étaient venus par d’autres voies que moi, pour autre chose. Quoi ? C’était secret.

   « Le jour de mon retour, la maîtresse réalisa pour moi une cérémonie. Il y avait là une table garnie. Puis elle fit venir un canot qui me prit sous l’eau et en cinq minutes, gagna la surface, parvint au rivage. J’avais vingt ans.

«    Je suis différent depuis ce séjour. J’ai appris des choses importantes, notamment, pourquoi, quand et pour qui faut-il faire ou ne pas faire de sacrifice. La maîtresse de l’eau par exemple, ne reçoit pas d’immolation ». 

   Représentation du monde de La Sirène d’après Harry Jeanty

   Deux jours après notre entretien, Harry Jeanty se présenta de nouveau à notre hôtel de Pétion-Ville. Nous n’avions pas rendez-vous. Il apportait un dessin qu’il voulait nous montrer. C’était une figure symbolique, à la manière d’un vèvè23, représentant le monde de La Sirène dans lequel il aurait vécu. Il l’avait réalisé la nuit suivant notre entrevue, d’après le dessin qui lui aurait été donné à son départ de chez La Sirène, sorte de laissez-passer après sept années de vie aquatique

   Le monde de La Sirène selon Harry Jeanty

   Interprétation de Max Beauvoir24

   « Les récits de vécus aquatiques ne peuvent être compris que si on prend la mesure du fait que l’eau, en Haïti comme ailleurs, est à l’origine de tout. Rappelons d’abord la poche des eaux dans laquelle baigne le fœtus. Rappelons également l’importance de l’eau dans la civilisation égyptienne dont la culture haïtienne est héritière. En Haïti, l’Egypte correspond en totalité ou en partie à ce qu’en créole on nomme Ginen ou Gine25, c'est-à-dire l’Afrique. Ainsi le Nil, appelé en Egypte Grand Serpent ou Grand Python, est symbolisé en Haïti par le couple Damballah Wèdo/Aïda Wèdo, lequel a produit l’œuf primordial d’où est sorti le monde.  

   « On retrouve cette importance fondatrice de l’eau dans les récits génésiques haïtiens. Prenons par exemple celui-ci :

   « Dieu qui avait la forme d’une femme (dans l’esprit vodou, l’image dominante qu’on se fait de dieu est féminine), vivait à l’origine avec ses enfants Bouki et Malis. Un jour, cette mère devait sortir faire son marché. Mais auparavant, Bouki et Malis devaient la baigner.

   « Cela posait problème car en ces temps initiaux, il n’y avait pas d’eau. Au commencement en effet n’étaient que les neiges éternelles. Bouki entreprit alors de fondre la neige en la plaçant dans une grande marmite sous laquelle il alluma un feu. La neige ayant fondue, Bouki prit l’eau, baigna sa mère. La maman, heureuse, souriait continument. 

   « Après le bain, il la plaça dans une dodine26. Elle souriait toujours. Pour que son bonheur soit complet, Bouki alla chercher le kachimbo27 de celle-ci, le mit dans sa bouche.

   « En réalité la maman ne souriait pas, elle avait un rictus figé car elle était morte ébouillantée. Quand Bouki et Malis constatèrent cela, ils se détachèrent d’elle, partirent sur le grand chemin de la vie. 

   « Dans ce récit donc, c’est l’eau qui occasionne la séparation de dieu d’avec l’Homme. Dans leurs pérégrinations ultérieures, Bouki et Malis ne tarderaient pas à découvrir les diables, c'est-à-dire le mal. Mais c’est une autre histoire.   

   « Dans la pensée haïtienne, on vient donc de l’eau, on y revient aussi. On y revient après la vie et avant une autre vie car en vérité l’homme, à la fois esprit et corps, ne meurt jamais. Il est éternel. Dans ses vies successives comme homme et comme femme, l’être humain fait une série d’expériences qui l’améliore à mesure.

   « Après notre dernier souffle, Baron Samedi et Grande Brigitte28 nous conduisent à maître Agwé qui nous emporte dans la barque Imamou29. Agwétaroyo est alors accompagné d’une véritable escorte : les sirènes mais aussi Erzulie Fréda, Erzulie Dantor, Grande Erzulie (la matriarche)30, Clermésine Clermeil (poétesse et chanteuse)31, etc. Puis nous prenons dans les fosses marines des bains dispensés par des spécialistes. Ces nettoyages particuliers nous permettent d’oublier la vie que nous venons de vivre tout en sauvegardant ce qui constitue notre essence. 

   « A l’issue de ce processus, des esprits favorables nous sortent de l’eau pour nous amener dans des grottes ou sur la cime fraîche de grands arbres. Là, nous patientons jusqu’à ce que naisse un petit corps compatible que notre esprit intégrera pour une vie nouvelle.

   « Mais il y a d’autres raisons de séjourner sous l’eau. J’y suis moi-même allé une fois pendant sept jours. Beaucoup de gens que je connais, également. C’est qu’à certaines périodes, d’aucuns ressentent le désir de disparaître de dessus la terre pour effectuer des escales sous l’eau. La vie à proximité d’entités extraordinaires y est profitable. 

   « Parfois aussi, des esprits enlèvent les humains et les entraînent en-dessous de l’eau pour leur enseigner des choses essentielles sur la vie, la mort, l’amour, etc. La spécialiste de la chose, qui apprécie singulièrement les petits mulâtres32, est Simbi Andézo. Mais il y en a d’autres : Simbi Ganga, Simbi Anmbaka, Simbi Trois-Ilets (Simbi Twa Ile), Simbi Dijimbouwa33, etc. »

   Interprétation de Laënnec Hurbon34  

   « Pour tenter d’expliquer les récits d’individus qui assurent avoir séjourné sous l’eau, il faut d’abord rappeler que dans la mythologie vodou il y a le voyage des dieux qui partent d’Afrique pour Haïti en effectuant une traversée sous la mer. Au terme de ce périple sous-marin, ils se réunissent à la Vilokan35 et attendent qu’on les demande. Quand on les appelle, ils pénètrent le péristyle par le biais du potomitan36. Il y aura là par exemple, Damballah wèdo et son épouse Aïda Wèdo, celle qui va chercher l’eau du ciel. 

   « Dans le prolongement de cette idée d’un vécu sous-marin des dieux lors de leur passage d’Afrique en Haïti, il existe dans le vodou beaucoup de déités qui demeurent sous les eaux. C’est le cas de Simbi Andézo qui vit dans les étangs, les lacs, les sources, les bassins et qui npeut enlever des jeunes filles venues chercher de l’eau. Les récits d’aventures de ce type sont des récits initiatiques. 

   « Emportée sous l’eau pendant un mois, trois mois, trois ans, davantage, la jeune fille va, au contact du ou des lwa, apprendre des choses qu’autrement elle n’aurait jamais apprises, voir des choses qu’elle n’aurait jamais vues, faire des choses qu’elle n’aurait jamais faîtes. Bref, elle vivra un parcours initiatique. Après cette mise en parenthèse, elle réapparaîtra aux siens. 

   « Il y a d’autre part une divinité qui fait l’objet d’un rituel particulier auquel j’ai plusieurs fois assisté. Il s’agit d’Agwé. Ce lwa qui habite la mer reçoit régulièrement des offrandes (objets, nourritures) via un bateau, lors d’un culte somptueux. Son symbole est d’ailleurs un bateau. 

   « Sur le bateau d’où l’on distribue les offrandes à Agwé, des fidèles habillés de blanc entrent en crise et quelquefois tombent à l’eau. Ces dévots qui ne savent pas nager se mettent pourtant à nager à ce moment-là, en crise de possession. J’ai vu ça du côté de Léogâne37.

   « Les récits de vécus aquatiques doivent encore être reliés à la traversée du navire négrier, au grand voyage des esclaves. Beaucoup périssaient alors et étaient jetés à la mer. Là, les bossales en étaient convaincus, leur esprit faisait sous l’eau le voyage en sens inverse, retournait en Afrique. Cette perspective de retour en Afrique via le monde sous-marin, perdurera durant l’esclavage. C’est ce qui explique tous ces suicides, ces infanticides d’esclaves. L’esprit du mort était censé cheminer sous la mer, guidé par les divinités, jusqu’à retrouver la terre d’origine et la liberté.

   « Donc l’eau en Haïti relie à la fois aux origines et aux dieux. Un lwa est d’ailleurs presque toujours plus ou moins aquatique. Surtout les lwa rada38. 

   « Maintenant, certains pourront considérer les récits dont nous parlons comme des délires. Il n’en est rien. Les Haïtiens vivent avec des bribes mythologiques, des croyances façonnées par le passé et tout cela forme leur imaginaire, un imaginaire que les écrivains nomment « réalisme merveilleux ». Car il s’agit bien d’une sorte de réalisme. Ce n’est pas parce que les choses dont nous parlons ne sont pas rationnelles qu’elles sont délirantes. 

   « En Haïti, l’imaginaire fait partie du réel. L’individu qui assurera avoir été rapté par un lwa, verra sa parole validée par d’autres. Et puis il y a une dimension altruiste à ces expériences aquatiques. Le bénéfice tiré par celui qui aura vécu un séjour initiatique sera profitable à ceux restés sur terre. Pareillement, l’esprit voyageant post mortem pourra, au contact des lwa, par contigüité, acquérir des compétences qu’il mettra au service des vivants. Ces histoires ont donc une légitimité sociale en plus d’une légitimité culturelle ».

   Commentaire

   Comme déjà mentionné, le thème des récits recueillis ici se retrouve dans toutes des civilisations. L’homme a besoin de sens et, dans l’incapacité de percevoir ce qui se passe sous l’eau en raison de l’opacité de celle-ci, forge des histoires où des personnages fluviatiles et nautiques, peu ou prou anthropomorphes, connaissent des destins inspirés par la vie sur terre.

   Le mythe de la sirène est par exemple l’un des plus distribués qui soit. On le retrouve avec diverses variantes dans les traditions européennes, amérindiennes, africaines… L’étendue géographique de cette figure est révélée notamment lors d’un voyage de Christophe Colomb aux Amériques, quand la sirène européenne rejoignait l’amérindienne et encore l’africaine :

   [L’amiral] dit qu’il vit trois sirènes qui sortirent bien haut de l’eau, mais elles n’étaient pas aussi belles qu’on les dépeint, car d’une certaine manière leurs visages avaient une forme masculine ; il dit qu’autrefois il en vit quelques-unes en Guinée sur la côte de Malaguete (Bartholomé de Las Casas cité par Luauté 2008, 56).

   La sirène haïtienne, à la conjonction également des trois sirènes de Colomb, est une déclinaison créolisée, c'est-à-dire hybride, adaptée, reconfigurée, d’un mythe quasi universel.

   Mais la prégnance en Haïti de la foi en une vie aquatique singulière déborde ce cadre général. Cette croyance est vraisemblablement aussi la conséquence du passage des eaux lors de la Traite. Ceux jetés à la mer après leur décès sur le négrier, comme ceux qui plongeaient délibérément, ne disparaissaient pas. Leur esprit, ainsi qu’indiqué, regagnait le pays en courant sous l’eau. Cette idée est vraisemblablement corrélée à la perspective, dans certaines traditions africaines, d’un au-delà aquatique, définitif ou transitoire.

   Par ailleurs, l’accointance avec l’eau des déités de nos récits renvoie à une circulation de dieux dominés, de dieux qui circulent parce qu’ils sont dominés. Dans les sociétés coloniales marquées par l’esclavage ou l’engagement, les dieux non officiels, ceux qui ont survécu à l’ordre colonial ou qui n’ont été que tolérés par lui, viennent d’ailleurs : d’Afrique ou d’Inde par exemple. Ils se sont établis sur place et/ou ne cessent d’effectuer des va-et-vient d’un lieu à l’autre. Ainsi en Martinique, lors de la transe hindoue, la divinité qui possède le prêtre vient d’Inde. En conséquence, elle ne parle que le tamoul39. Mais entre le pays de départ et celui d’arrivée, se trouve un espace aquatique inévitable.  Ces déités le traversent en se déplaçant sous la mer pour les dieux africains ou en le survolant pour les dieux hindous. Ainsi la divinité hindoue passe les sept vagues séparant l’Inde de la Martinique (L’Etang 1999, 349), réinterprétation probable des sept mers de la cosmogonie canonique hindoue selon laquelle la terre est divisée en sept mers de nature différente : d'eau salée, de jus de canne à sucre, de miel (ou de suc fermenté de spathes de cocotier), de beurre clarifié, de lait, de lait caillé, d'eau douce.

   A l’opposé, et bien qu’ils aient été amenés par les colons, les dieux dominants (chrétiens) ne circulent pas entre un ailleurs et un ici. Ils n’ont pas d’étendue océanique à traverser et n’ont donc pas de relation obligée avec l’eau. Car ils viennent de nulle part. Ni d’Europe, ni du Moyen-Orient. Ou plutôt, on ne se pose pas la question de leur origine, ils semblent avoir toujours été là. Ces immanence, permanence, ubiquité sont des caractéristiques de leur « légitimité ».       

   Enfin, dans la mesure où les divinités du vodou haïtien sont nombreuses à demeurer sous l’eau, l’accès à ces dernières suppose qu’on les y rejoigne. Mais pourquoi les rejoindre ? D’abord parce que parfois on ne peut faire autrement. Fréquenter l’eau douce ou salée, c’est s’exposer à être ravi par une déité aquatique. Ensuite parce qu’il y a un profit concret à en tirer. Ici, le renouvellement d’une pratique, d’une thématique picturale, là, la confirmation d’un avoir, fût-il symbolique.   

   En définitive, ce qui fonde ces récits haïtiens de vécus aquatiques, c’est une mythologie universelle, un fait historique (le passage des eaux), la relation des dieux à l’eau, leur localisation sous celle-ci, la fatalité, le profit que l’Homme peut tirer de la fréquentation des divinités.       

   Références

   Beauvoir-Dominique, Rachel  « Libérer le double, la beauté sera convulsive… », Gradhiva [En ligne], 1 | 2005, mis en ligne le 15 décembre 2008, consulté le 22 mai 2015. URL : http://gradhiva.revues.org/271

   Berry, Philippe « Pour Pat Robertson, le séisme en Haïti est la conséquence d'un ‘pacte avec le diable’ », 20 minutes [En ligne] 2010, mis en ligne le 15 janvier 2010, consulté le 01 juin 2015. URL : http://www.20minutes.fr/monde/376464-20100115-pat-robertson-seisme-haiti...

   Bouard, Carl (1963) Pages retrouvées. Editions Panorama, Port-au-Prince.

   Colón, Cristóbal (rééd. 1992) Textos y documentos completos, 2 ed. ampliada edición de Consuelo Varela ; nuevas cartas edición de Juan Gil, Alianza Editorial, Madrid.

   Dauphin, Louis A. « Le mystère et le symbolisme de La Vilokan : la rencontre de deux mondes », Le Nouvelliste [en ligne] 2008, mis en ligne le 03 février 2008, consulté le 21 mai 2015. URL : http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/53324/Le-mystere-et-le-sy...

   Lacey, Marc « New head of voodoo brings on the charm », The New York Times [en ligne] 2008, mis en ligne le 04 avril 2008. Traduction : « Max Beauvoir. Le vaudou se donne un maître », Courrier International, mis en ligne le 03 septembre 2008, consulté le 01 juin 2015. URL : http://www.courrierinternational.com/article/2008/09/04/le-vaudou-se-don...

   L’Etang, Gerry (1999) La grâce, le sacrifice et l’oracle. De l’Inde à la Martinique, les avatars de l’hindouisme, Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve d’Ascq.

   L’Etang, Gerry « Haïti après la catastrophe : camps, bidonvilles et crise du logement », Métropolitiques [en ligne] 2011, mis en ligne le 21 décembre 2011, consulté le 22 mai 2015. URL : http://www.metropolitiques.eu/Haiti-apres-la-catastrophe-camps.html

   Luauté, Jean-Pierre (2008) « Christophe Colomb : l’homme qui prit des Lamantins pour des sirènes », Psychiatries dans l’histoire, J. Arveiller (dir.), PUC, Caen, p. 55-66.

   Mama Lisa « Mama Lisa’s world : LaSiren, Labalenn, chanson enfantine, Haïti » [en ligne] sans date, consulté le 30 mai 2015. URL : http://www.mamalisa.com/?t=fs&p=2580&c=114 

   Marcelin, Emile (1947) « Les grands dieux du vodou haïtien », Journal de la Société des américanistes, n° 36, p. 51-135. 

   Mojo, Kiwi « Met Agwe and La Sirène », [en ligne] 2010, sans date de mise en ligne, consulté le 20 juin 2015. URL : http://www.kiwimojo.com/metagweandlasirene.htm

   Réjouis, Jean-Albert (2013) Diverses religions du monde, AuthorHouse, Bloomington.

   Turnier Férère, Nancy « Vèvè : l’art rituel du vodou haïtien », Potomitan [en ligne] 2004, sans date de mise en ligne, consulté le 20 juin 2015. URL : http://www.potomitan.info/vedrine/veve.php

   * Cet article a paru pour la première fois dans la revue Etudes creoles, Vol. XXXIII n°1, 2015.

                                                                                                   Gerry L’Etang

                                                                                                   CRILLASH                                                                                                                                                                 Université des Antilles

 

1 Port-au-Prince est la capitale d’Haïti, sur la côte sud-ouest (département de l’Ouest). Pétion-Ville est dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.  

2 Rivière des environs de Port-au-Prince

3 Déité, esprit du vodou haïtien.

4 Les notes attachées à ces récits sont de nous.

5 Véhicule de transport collectif haïtien conçu à partir de camions (ou de camionnettes) aménagés et décorés.

6 Les interprétations portent sur le phénomène général d’allégation de vécu aquatique et non sur les trois récits particuliers rapportés ici.

7  Max Beauvoir (décédé le 12 septembre 2015) s’était vu conférer le titre d’Ati national, soit « maître suprême et/ou guide spirituel » (Lacey 2008) du vodou en Haïti, le 7 mars 2008 par la Konfederasyon nasyonal vodouizan ayisyen (Confédération nationale des vodouisants haïtiens). Cette nomination dans une religion traditionnellement non hiérarchisée, participe d’une volonté d’organisation et d’institutionnalisation du vodou en Haïti, en réponse aux actes anti-vodou et au manque de détermination du gouvernement à les sanctionner. La stigmatisation du vodou dans le pays est inspirée notamment par certains secteurs protestants. Ainsi les vodouisants haïtiens gardèrent profil bas après le tremblement de terre en raison du relai par des protestants locaux de l’interprétation du séisme par le télévangéliste baptiste étasunien Pat Robertson. A en croire ce dernier, « les Haïtiens étaient à l'origine ‘sous le joug des Français, vous savez, Napoléon III ou je ne sais quoi. Ils se sont réunis et ont passé un pacte avec le Diable […]. Ils lui ont dit : “nous te servirons si tu nous débarrasses des Français”. C'est une histoire vraie (il fait référence à une cérémonie conduite par le prêtre vaudoo Dutty Boukman, ndlr). Et le Diable a dit : “D'accord, marché conclu”. Et depuis, ils sont victimes de malédictions les unes après les autres” » (Berry 2010).   

8 Propos recueillis le 20 février 2015 à Pétion-Ville.

9 Ville côtière du centre sud-ouest d’Haïti (département de l’Ouest).

10 « Les marins et les pirates, les pêcheurs et même ceux qui manifestent contre l’océan assurent avoir observé la plus belle des femmes assise sur un rocher, miroir à la main, peigne dans l’autre, coiffant ses longs et beaux cheveux. Sa chanson enivre l’atmosphère, appelle, attire les hommes. C’est La Sirène, la belle, la tentatrice fatale dont le royaume est au fonds de la mer mais qui est aussi connue pour chevaucher les vagues » (Mojo 2010 - traduction). 

11 Le compas (ou compas direct ou konpa) est un genre musical haïtien popularisé à compter des années 1950 par le saxophoniste Nemours Jean-Baptiste. 

12 Traduction :  « La sirène La baleine Mon chapeau est tombé dans l'eau Sirène ! Baleine ! » « LaSiren est le nom de la sirène dans la mythologie haïtienne. LaBalenn est sa sœur, la baleine qui réside dans les plus grandes profondeurs obscures de l’océan. ‘Chapo’m tonbe nan la me (mon chapeau tombe dans la mer) est une métaphore pour ‘être possédé par la sirène’. Après 7 ans, ou 7 jours selon les histoires, elle retourne les gens à la terre et ils possèdent alors de nouveaux pouvoirs magiques » (Mama Lisa, sans date).

13 Agwétaroyo (ou Agwé Taroyo) est le lwa de la mer dans le vodou haïtien (et aussi, pour certains, des rivières, des lacs, des étangs et des sources). Il est représenté, entre autres, sous la forme d’un voilier, d’un officier de marine tirant volontiers au canon, ou encore d’un poisson. « Jadis, lorsqu’un esclave disparaissait, ses amis se consolaient de leur perte en disant qu’un poisson avait dû l’emporter sur son dos en Guinée [Afrique] » (Marcelin 1947, 73).

14 Traduction : « J’ai entendu tirer J’ai entendu tirer Agwétaroyo est sur la mer »

15 Propos recueillis le 15 février 2012, dans la galerie de l’artiste à Pétion-Ville.

16 Erzulie Fréda est un lwa aquatique. Elle est généralement représentée sous les traits d’une mulâtresse aux longs cheveux. Elle est l’amante de plusieurs lwa et apprécie également les hommes. Elle est parfois associée à la vierge Marie ou encore à La Sirène. 

17 Aïda wèdo (ou Ayida Wèdo) est un lwa aquatique, notamment d’eau douce. Elle est représentée par une couleuvre d’eau, de même que par un arc-en-ciel. Elle est l’épouse de Damballah wèdo, lwa des rivières, des lacs, des étangs et des sources. Il est figuré sous la forme d’une couleuvre d’eau. Pour d’aucuns, Aïda Wèdo et Damballah sont les principes féminin et masculin d’un seul et même lwa. Aïda est amoureuse de son mari mais aussi d’Agwétaroyo. Quand un arc-en-ciel finit sur terre, c’est qu’elle s’unit à Damballah. Quand il se termine dans la mer, elle s’accouple avec Agwétaroyo. « Damballah n’ignore pas que sa femme le trompe avec Agoué, le dieu de la mer. Lorsque l’arc-en-ciel touche la mer, on dit qu’Agoué est dans les bras de sa maîtresse » (Marcellin 1947, 71).

18 Propos recueillis le 13 février 2012 à Pétion-Ville, traduits du créole.

19 Ville côtière du sud d’Haïti (département des Nippes).

20 Ville côtière du centre-ouest d’Haïti (département de l’Artibonite).

21 Récipient d’eau en terre cuite.

22 Argent.

23 Le vèvè est un symbole graphique vodou représentant un lwa, utilisé lors des rituels.

24 Propos recueillis le 16 février 2015 au péristyle de Max Beauvoir à Mariani (environs de Port-au-Prince).

25 En français, Guinée.

26 Berceuse.

27 Pipe.

28 Baron Samedi et son épouse Grande Brigitte (Grann Brijit) sont les lwa de la mort.

29 Le vèvè d’Agwé « représente son bateau de guerre, Imamou, dont le capitaine est Ogou Balendo » (Turnier Férère, 2004). 

30 Les Erzulie constituent un ensemble d’une dizaine de lwa symbolisant divers aspects de la féminité.

31 Clermésine Clermeil est un lwa d’eau. « Tout à coup, elle est possédée par Clermésine Clermeil et se met à chanter puis à danser […]. Danse pathétique et qui s’avance lentement vers la rivière. Clermésine tombe dans l’eau qui l’entraîne cependant qu’elle chante toujours (Bouard 1963, 41).

32 « Simbi a une préférence marquée pour les petits mulâtres et c’est pourquoi il n’est pas prudent de les emmener près d’une source présidée par ce loa. Il les emporte souvent dans une cruche pleine d’eau. Si après les avoir capturés, il leur rend la liberté, ceux-ci deviennent des voyants » (Marcellin 1947, 134)

33 Les Simbi constituent une famille de déités aquatiques. Leurs représentations varient : couleuvre, lézard, etc. « Les Simbis ont le pouvoir de domestiquer les gens sous l’eau pendant une certaine période de temps pour les faire remonter sur terre avec le don de dévoiler des secrets » (Réjouis 2013, 141).

34 Propos recueillis le 14 février 2012 à Pétion-Ville.

35 La Vilokan (ou Lavilokan) est un lieu sacré du vodou haïtien situé entre Port-de-Paix et Saint-Louis du Nord (département du Nord-Ouest). L’endroit accueille un temple qui reçoit des visiteurs, des pèlerins. A la Vilokan, « premier sanctuaire du pays voué à la ‘célébration de l’absence’ » (Beauvoir-Dominique 2008), se serait déroulée un 31 décembre, la première cérémonie vodou de Saint-Domingue, dédiée au dieu Legba (Matsura cité par Dauphin 2008).

36 Le potomitan (ou poteau-mitan) est le pilier central du péristyle (temple) vodou.  

37 Ville côtière du sud-ouest d’Haïti (département de l’Ouest).

38 Le panthéon de rite rada rassemble principalement des divinités originaires du Dahomey.

39 L’hindouisme à la Martinique est une variante créolisée des cultes hindous populaires des villages tamouls d’où provenaient les engagés indiens qui s’établirent dans l’île dans la seconde moitié du XIXe siècle.

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