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Qui va gérer l'argent des réparations de l'esclavage ?

Qui va gérer l'argent des réparations de l'esclavage ?

   Longtemps, le combat pour les réparations de l'esclavage a semblé illusoire. Pour diverses raisons. Ainsi le grand Aimé CESAIRE jugeait que l'innommable à savoir la Traite et l'Esclavage n'étaient pas réparables en termes financiers. On ne brocante pas sa douleur contre une poignée de dollars ou d'euros.

   Selon d’autres analystes, jamais l'Europe et l'Amérique blanche n'accepteront de faire ce qu'ils ont fait pour les Juifs après la deuxième guerre mondiale : accorder des réparations financières conséquentes au nouvel état d'Israël (hélas créé au détriment du peuple palestinien !). Ils en veulent pour preuve, ces pessimistes, le refus réitéré de la France de rembourser à Haïti les 1,5 millions de franc-or (soit 240 milliards d'euros) que la première république noire de l'ère moderne a dû payer à la France, à partir de 1825, en guise de "dette". Pseudo-dette que durant tout le XIXe siècle, les dirigeants haïtiens se sont employés à régler rubis sur l'ongle, soustrayant du même coup 40% du budget national annuel. Sommes qui auraient permis de construire des écoles, des hôpitaux, des routes etc...

    Mais une poignée d'irréductibles s'accrochèrent à cette idée de réparations, notamment, en Martinique, Garcin MALSA et le "Konvwa pou réparasion" qui, chaque année, marche du sud au nord de l'île, de commune en commune, pour faire valoir cette revendication, dans une relative indifférence, il faut bien l'avouer. Dans le même temps, dans la Caraïbe-sud, notamment à Saint-Vincent, un premier ministre, Ralph GONSALVES, réussit à réunir ses pairs afin de formuler des requêtes précises à l'ex-puissance colonisatrice, l'Angleterre. L'ONU fut sollicitée mais ne réagit guère. Et voici que maintenant les Noirs américains s'y mettent ! Là, c'est une toute autre affaire ! Les anciennes puissances coloniales ne sont plus pointées du doigt par une poignée de Caribéens (la Caraïbe-sud, si on enlève Trinidad qui ne participe pas à cette lutte, ne pèse qu'environ 1,8 millions d'habitants), mais par 40 millions de Noirs américains. Et des Noirs qui vivent au cœur du pays le plus puissant du monde ! Des Noirs qui, au terme de durs combats, ont réussi à y acquérir certaines positions importantes jusqu'à faire élire par deux fois un président noir). Au Congrès américain, la question des réparations sera enfin débattue...

   Mais, nous, Caribéens, ne nous trompons pas de combat ! Ne recommençons pas la même erreur qu'avec Barack OBAMA en qui tous les Noirs du monde avaient cru voir "Notre président !". On a vu les résultats de cette fable abondamment répandue (jusqu'à aujourd'hui) par les noiristes sur les réseaux sociaux. D'abord, les Noirs américains ne sont que...17% de la population étasunienne et ont été récemment dépassés par les Latinos qui représentent désormais 22% de celle-ci. Malgré le mur (pour l'instant fantomatique) de TRUMP, la montée des Centre-Américains et des Sud-Américains vers ce qui constitue à leurs yeux l'El Dorado américain se poursuivra, ce qui aura pour conséquence de rendre, dans les décennies à venir, les Noirs américains encore plus minoritaires. D'autant que ces derniers sont en plus victimes de violences policières récurrentes, de criantes inégalités face à l'accès aux soins de santé, d'emprisonnements de jeunes Noirs pour un rien et surtout des ravages de la drogue.

   Si donc les Noirs américains parviennent à obtenir des réparations du gouvernement de leur pays, ce sera une grande victoire pour eux, victoire dont nous, Caribéens, ne pourrions que nous féliciter d'autant que cela donnera mauvaise conscience à la France, l'Angleterre, l'Espagne et la Hollande qui, pendant trois siècles, se sont sucrés (au sens littéral du terme) sur notre dos. Peut-être cela contraindra-t-elles ces dernières à revoir leur position...Mais, notre situation est totalement différente de celles des Noirs américains qui sont très minoritaires dans leur pays alors que nous sommes majoritaires, de façon écrasante, dans nos différentes îles. Et là, il faut distinguer entre les îles indépendantes et celles qui sont encore sous-tutelle comme la Martinique et la Guadeloupe. Dans les premières, l'argent des réparations sera forcément versé à leurs gouvernements et c'est là que se pose un gros, un très gros problème. On l'a vu avec Haïti à qui Hugo CHAVEZ, feu le président du Venezuela, avait accordé l'équivalent de 3 milliards de dollars à travers le Fonds PETROCARIBE. 3 milliards, ce n'est pas rien ! Ce n'est pas 3 millions en tout cas.

   Qu'ont fait de cet argent les différents dirigeants haïtiens ?

   Réponse : rien. Ou presque rien un bout de route par-ci, un semblant d'école ou d'hôpital par-là. L'essentiel de ce pactole a fini dans leurs poches ou plus exactement dans leurs comptes en banque à Miami. D'où la révolte du peuple haïtien depuis quatre ans pour exiger que toute la lumière soit faite sur ce scandale et que les corrompus soient sanctionnés. Malheureusement, pour l'heure, le peuple haïtien est loin, très loin, de voir son vœu se réaliser. Donc il y a tout lieu de craindre que le jour où l'Angleterre se décidera à payer des réparations à Saint-Vincent, Grenade, Anguilla ou Sainte-Lucie, que le même scénario ne se reproduise : des "Neg ki wè lajan ta", des parvenus, des arrivistes, dilapideront à leur seul profit cet argent.

   Qu'en est-il de la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane ?

   Les réparations semblent encore plus difficiles à verser que dans le cas des Noirs américains et celui des Caribéens indépendants. Pourquoi ? Parce que la puissance de tutelle nous fera valoir que les routes, aéroports, hôpitaux, écoles, universités etc. qu'elle a construits au cours du demi-siècle écoulé, que les 40% des fonctionnaires, que les subventions européennes aux planteurs (békés pour la plupart), que l'allocation-chômage, l'allocation parent isolée, l'allocation ceci ou cela, la CMU etc... sont DEJA une forme de réparation. Certes, ce discours n'est pas tenu de manière officielle, mais on peut l'entendre, en off, dans la bouche tant de représentants de l'Etat français dans nos pays que de celles de ministres de passage.

   De toute façon, étant donné le nombre de corrompus et de Neg ki wè lajan ta qui peuplent nos chers "territoires français d'Amérique"__ et la liste serait trop longue à établir du scandale du CREDIT MARTINIQUAIS à celui du CEREGMIA, d'ODYSSI à X-PAY en passant par le GRAN CHAWA, les couveuses du Saint-Esprit, l'antenne de l'ex-Conseil régional à Belem (Brésil), la laverie de Saint-Joseph et tant d'autres__, étant donné tout cela, on a presqu'envie qu'aucune réparation ne soit versée car on sait pertinemment où l'argent atterrira.

   En fait, le vrai problème c'est la complicité passive, hélas, d'une majorité de nos concitoyens. Chez nous, celui ou celle qui combattent la corruption deviennent très vite des pestiférés : yo ka sali dlo-a, comme disent les Neg ki wè lajan ta....Sur les réseaux sociaux et certains blogs abjects, ils sont régulièrement injuriés, diffamés, vilipendés, mais ne répondent pas à ces attaques car leur premier combat est contre les corrompus actifs. Le tour des corrompus passifs ou complices viendra dans un deuxième temps...Forcément !

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