Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL
Vient de paraître aux éditions Mémoire d’encrier

PUTAIN D’IMMORTELLES !

par Ernest Pépin
PUTAIN D’IMMORTELLES !

{Les immortelles} de {{Makenzy Orcel}} (éditions Mémoire d’encrier) est assurément un livre remarquable. Je dis un « livre » car il est difficile de le classer dans un genre précis. Roman ? Poème ? Récit ? C’est tout cela à la fois malgré la sobriété du texte qui nous plonge dans la vie, la survie, de la Grand-Rue, après le séisme du 12 janvier 2010 en Haïti.

Il faut savoir que la Grand-rue est la rue des putains ! C’est-à-dire, la rue des malheurs, des exploitations, des lucidités obligées, des sacrifices inavouables, des existences meurtries. C’est paradoxalement la rue où la vie happe les balcons, flambent les trottoirs et les chambres, calcinent les cœurs et fait trembler la ville de Port-au-Prince.

Et c’est aussi cela, cette part d’inavouable obscène et tendre que Makenzy a choisi de nous révéler.

Trois personnages essentiels (Une jeune femme, un écrivain, une mère-maquerelle) entrelacent leurs paroles, nouent leurs silences, avec une retenue d’où sourd la musique obscure de l’existence. Nous sommes dans une tragédie sobre. Nous sommes dans une poésie sans concession. Chaque mot, chaque phrase, frappe avec la précision d’un scalpel, émeut avec la force crue de l’irréparable et de l’irréversible. C’est de condition humaine qu’il s’agit ! D’une condition humaine aux prises avec le sordide et la fragilité sans pour autant renoncer ni à la sensibilité ni à la pureté. Ce mot peut paraître incongru dans un tel contexte et pourtant c’est lui qui s’impose et sculpte l’éclat de cette œuvre littéraire.

Profondément littéraire car Makenzy possède une voix, un timbre, un vibrato sec qui évite tout apitoiement comme s’il fallait, au cœur d’un désastre très ancien, célébrer l’insondable puissance de la vie.
Profondément littéraire car l’auteur a choisi de dialoguer, à sa manière, avec Jacques Stephen Alexis et son roman{L’espace d’un cillement} .
Profondément littéraire car le pouvoir de l’écriture est nommé, questionné et tout compte fait assumé.

Roman (je dis enfin roman !) incandescent comme une vulve. Roman concis comme un coup à la sauvette dans la chambrée des malheurs. Roman sensuel où les mots, goutte à goutte, décrassent les cris de la terre comme les cris intimes de la Grand-Rue, les cris de la chair !
Nul désespoir ! Nous sommes dans une grotte ! Celle de l’âme humaine quand la vie même est une putain ! Une putain immortelle !
Premier roman ! Un chef d’œuvre ! Un chef d’œuvre décapant ! Un chef d’œuvre cousu d’amour !

Ernest Pépin

Faugas (Lamentin/Guadeloupe)

Le 26 janvier 2011

Commentaires

eka_abassi | 28/01/2011 - 15:45 :
Belle critique, Monsieur Pépin. Je suis bien d'accord. Roman prometteur. Nous sommes en présence incontestablement d'un poète.

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.

Pages