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Pourquoi nos écoliers ne sauront jamais que le Fables de La Fontaine ont été traduites en créole dès 1821

Pourquoi nos écoliers ne sauront jamais que le Fables de La Fontaine ont été traduites en créole dès 1821

   Il semble que nous soyons revenus aux plus beaux jours de l'assimilationnisme triomphant. Et personne ne dit rien ! Ainsi, au niveau de l'école, on assiste au retour du bourrage de crâne d'antan et aux...Fables de LA FONTAINE.

   Certes, nul ne contestera le talent de cet auteur qu'il est bien évidemment nécessaire d'étudier, mais à quoi auront servi les combats pour l'antillanisation de nos programmes scolaires depuis 30 ans si nous ne nous insurgeons pas contre l'opération "Un livre pour les vacances" de cette année 2019. D'aucuns argueront qu'il s'agit d'une opération "nationale", mise en place par le Ministère de l'Education Nationale dans l'objectif, déclare ce dernier, de "renforcer et de développer le goût de la lecture chez les élèves"On veut bien mais qu'est-ce qui empêche que dans le même temps, nos élèves soient informés que les Fables de LA FONTAINE ont été traduites en langue créole depuis 1821 c'est-à-dire depuis presque 2 siècles ? Pourquoi aucune pression n'est mise sur le rectorat pour que, par exemple, Les Fables de La Fontaine travesties en patois créole de François Marbot, publié en 1844, soit aussi offert aux élèves ? Ce best-seller (il a été réédité 4 fois depuis lors) est pourtant disponible en librairie et son dernier éditeur est Ibis Rouge.

   Il semble que le macronisme triomphant ait anesthésié toute velléité  d'affirmation identitaire au sein de notre système scolaire, hormis le rabâchage (consensuel) sur l'esclavage au mois de mai comme si notre société n'émanait que de cette ignoble institution. Comme si après l'Abolition, nous ne nous étions pas peu à peu reconstruits, nous n'avions pas développé toutes sortes de pratiques (architecture, pharmacopée, agriculture, artisanat, littérature etc.) qui ont fini par faire de nous un peuple à part entière. Un peuple debout en dépit de ses contradictions.  

   Pour en revenir aux Fables de LA FONTAINE traduites en créole, il faut rappeler que le Réunionnais L. HERY fut un précurseur en 1821 donc, suivi du Mauricien François CHRESTIEN en 1831, du Martiniquais François MARBOT en 1844, du Guadeloupéen Paul BAUDOT en 1860, du Trinidadien John Jacob THOMAS en 1869, du Guyanais Alfred de SAINT-QUENTIN en 1874, de l'Haïtien Georges SYLVAIN en 1905 etc...etc...Mieux : alors que ce genre littéraire qu'est la fable s'éteint définitivement en France au XVIIe, avec LA FONTAINE justement, il perdurera dans les pays créolophones jusqu'à aujourd'hui. Personne ne publie plus de livres de fables en France depuis...4 siècles ! Mais aux XX et XXIe siècles, dans nos pays, on aura une foultitude de fabulistes qui, il est vrai, s'écarteront progressivement du modèle lafontainien : Gilbert GRATIANT, MONCHOACHI, Térez LEOTIN, Hector POULLET, Sylviane TELCHID et bien d'autres.

   Faute de connaître notre patrimoine littéraire, nous nous exposons donc à laisser le beau rôle à des hauts fonctionnaires colonialistes, à la moralité questionnable en plus, qui se prennent pour Tintin au Congo. Nous n'avons donc qu'à nous en prendre qu'à nous mêmes. Il faudrait que nos syndicats enseignants comprennent aussi qu'il n'y a pas que des problèmes d'indice et d'échelon, de nombre d'élèves par classe, de diminution de postes aux concours de recrutement, de fermetures de classe ici et là, problèmes bien évidemment réels et qu'il convient d'affronter, mais qu'il y aussi LE CONTENU de ce que l'on enseigne.

   Car à quoi auront servi la Négritude (CESAIRE, DAMAS, TIROLIEN, SAINVILLE etc.), l'Antillanité (GLISSANT, DESPORTES, SCHWARZ-BART, BRIVAL etc.), l'Américanité (PLACOLY, ORVILLE, MONCHOACHI, CONDE etc.) et la Créolité (BERNABE, CHAMOISEAU, CONFIANT, PEPIN, BOUKMAN, T. LEOTIN, G. LEOTIN etc.) si en 2019, on en est encore à abreuver nos élèves avec les seules Fables de LA FONTAINE ? Seulement elles...

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