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Plus s'éloigne la perspective de l'indépendance...

Plus s'éloigne la perspective de l'indépendance...

 Plus elle semble devenir une chimère, plus on assistera à des délires de compensation qui font sourire le colonisateur, ce qui fait qu'il ne bouge même pas.

 Notre confrère ANTILLA se demandait dans sa dernière livraison, cela dans un article teinté d'indignation, pourquoi les autorités, en l'occurrence le Préfet, ne réagissaient pas face aux déboulonnages de statues, blocages de supermarchés et autre caillassages de boutique de distillerie. On a envie de rétorquer au rédacteur de cet article : mais mettez-vous à la place du Préfet ! En quoi ces actes, fussent-ils drapés du drapeau rouge-vert-noir (et du drapeau rasta !!!) dérangent-ils le colonialisme français ? En quoi ébranlent-ils le moins du monde ce dernier ? En quoi font-ils progresser la cause de l'indépendance d'un demi-millimètre ? La réponse est sans conteste celle-ci : EN RIEN. 
 C'est que les autorités françaises ont parfaitement analysé la situation de la Martinique et savent que toute cette "agitationite" relève de délires de compensation. Puisque l'indépendance semble désormais inatteignable, on se réfugie dans le culte des Ancêtres et de l'Afrique, dans le panafricanisme et dans la pyramidolâtrie. Aux oubliettes la lutte des classes, l'internationalisme prolétarien, le "Tout-Monde" ! Cela donne bonne conscience. Cela signifie que l'on continue le combat ! Oui, mais QUEL COMBAT ? Car enfin, il est grand temps que nous différencions le "négrisme" ou "noirisme" de l'"indépendantisme". Le premier ne gêne aucunement l'Etat français, le second, OUI ! 
  Un exemple : la même personne qui va se mobiliser comme en février 2009 en brandissant des pancartes"Bétjé déwò !", la même personne qui va manifester devant une gendarmerie ou devant le Palais de justice parce qu'un "frère noir" a été inquiété ou arrêté par "la police blanche", CETTE MEME PERSONNE ou bien s'abstiendra aux élections ou bien revotera tranquillement pour les mêmes élus assimilationnistes de droite ou de gauche. C'est ce qui explique qu'à la Martinique, il n'y ait jamais eu plus d'1 ou 2 maires indépendantistes sur...34 communes. Enfonçons le clou : le MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais) n'a jamais réussi à conquérir plus d'1 commune (Rivière-Pilote) en presque quarante ans d'existence et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Et si son leader, Alfred MARIE-JEANNE, a pu se faire élire et réélire député, puis président de Région et aujourd'hui président de la CTM, ce fut grâce à son aura personnelle, son formidable charisme, pas parce que ceux qui ont voté pour lui partageaient l'idéal de l'indépendance. En faut-il une preuve ? La voici : CHABEN battait à plate couture les maires de droite, autonomistes ou sans étiquette dans leur commune à chaque législative dans la circonscription du sud, mais à chaque municipale, les mêmes électeurs qui avaient voté pour lui, réélisaient sans états d'âme leurs maires de droite, autonomistes ou sans étiquette. 
  En fait, l'indépendantisme, toutes tendances confondues, s'est"ankayé dans ce compère-lapinisme généralisé. 
 Dès lors, ne restait plus que deux voies : soit gérer le système en place dans l'espoir de le faire évoluer (ou en attendant que "les masses prennent conscience", selon l'expression consacrée) soit s'enferrer dans des délires compensatoires. Nous avons la faiblesse de croire que la première voie est "moins pire" que la seconde. Car enfin, au lieu de perdre son temps à verser des libations aux Ancêtres en se déguisant en Africains, n'aurait-il pas été mieux ou en tout cas plus concret de prendre l'attache des pays africains pour demander au moins deux choses à leurs dirigeants :
 
      1. Qu'ils oeuvrent au sein de l'ONU pour que la Martinique soit inscrite (comme la Kanaky et Tahiti) dans la liste des pays à décoloniser établie par le Comité de Décolonisation. 
 
    2. Qu'ils nous garantissent un approvisionnement gratuit en pétrole pendant les 10 premières années de l'indépendance. Trop occupés à vénérer les Ancêtres, sans doute que nos noiristes ne savent-ils pas que notre consommation d'électricité annuelle se monte à 60.000 tonnes de brut. Or, qu'est-ce que 60.000 tonnes par an pour le Nigéria, le Gabon ou l'Angola, gros producteurs de pétrole ? TROIS FOIS RIEN ! 
 
 C'est que l'indépendance venue, il faudra bien faire fonctionner l'Usine d'électricité de Bellefontaine. Il faudra bien payer les infirmiers, les pompiers, les enseignants, les facteurs, les douaniers, les magistrats etc. Sans une aide de nos "cousins" africains (nos "frères" étant les Caribéens), nous serons entièrement dépendant de l'Occident. Si nos "noiristes" avaient dans la tête la moindre visée indépendantiste, ils iraient voir les pays africains pour solliciter leur aide au lieu de se livrer à leurs simagrées obscurantistes. Et il n'y a pas que l'Afrique noire : il y a aussi l'Algérie, gros producteur de gaz naturel. Au nom de ce que Frantz FANON a apporté à sa lutte de libération nationale, elle devrait pouvoir, elle aussi, nous assurer un approvisionnement gratuit en gaz (toujours pendant les 10 premières années de l'indépendance) vu que notre consommation annuelle est ridicule par rapport à l'énorme production gazière algérienne.
  La Porte du Grand Retour au Bénin, c'est bien. La route de l'esclave au Ghana, c'est bien. L'avenue Frantz Fanon, l'hôpital Frantz Fanon, le lycée Frantz Fanon etc. en Algérie, c'est bien. Mais...
  Mais c'est du symbolique ! Ce qu'on voudrait, ce sont des gestes concrets et au moins les deux évoqués plus haut. Or,  le "noirisme" c'est juste du symbolique car ce n'est pas Toutankhamon ni Haïlé Sélassié qui nous aideront à importer nos 60.000 tonnes de pétrole annuels pour faire fonctionner notre usine d'électricité. Aucun pays indépendant de la Caraïbe ne compte sur ces (certes vénérables) personnages pour assurer leurs fins de mois. Mme MOTLEY, Première ministre de Barbade, lorsqu'elle se réveille le matin, ne songe pas aux ancêtres ! Elle regarde le cours du pétrole et du gaz sur le marché mondial, le cours du dollar américain et de son alter ego barbadien, l'état de la dette de son pays auprès des grands organismes bancaires internationaux et la capacité de Barbade à les rembourser, le nombre de touristes prévus dans le mois etc...etc...
 Déserter "l'indépendantisme" au profit du "noirisme" est, en fait, un aveu d'échec. C'est du délire compensatoire.
 Pire : cela revient à nous transformer en "Noirs américains des Français", c'est-à-dire en une minorité au sein du peuple français alors que nous sommes un peuple à part entière, vivant qui plus est à 7.000kms de son colonisateur. Noirs et Blancs américains vivent sur le même territoire et leur destin est définitivement lié qu'ils le veuillent ou pas. Autant donc les mouvements WOKE, BLACK LIVES MATTERS etc.…sont tout à fait justifiés aux Etats-Unis puisqu'il s'agit d'obtenir l'EGALITE entre Noirs et Blancs partageant le même pays, autant chez nous, cela n'a pas de sens. Rien, en effet, ne nous oblige à vivre définitivement avec la France. Notre combat n'est pas d'obtenir l'égalité avec les Français mais de nous séparer d'eux et dans l'amitié si possible. Barbade s'est séparée de l'Angleterre mais elle n'est nullement l'ennemie de cette dernière. 
  Notre combat doit éviter toute racialisation : Catalans et Espagnols sont Blancs et chrétiens mais les premiers cherchent à se séparer des seconds ; Tibétains et Chinois sont "jaunes" mais les premiers ne veulent pas vivre sous le joug de Pékin. Il y a cent exemples de peuples à travers le monde qui appartiennent à la même "race" que leur colonisateur. Racialiser notre lutte pour la souveraineté revient à salir celle-ci. Ni plus ni moins ! Et surtout c'est du pain béni pour les assimilationnistes et les Békés suprématistes qui ont dès lors beau jeu de dénoncer ladite racialisation. 
 Enfin, pour terminer, il convient de rappeler cette leçon de l'histoire : l'Etat français ne s'incline que devant le verdict des urnes. Les simagrées noiristes ne l'impressionnent pas. Dans nos minuscules îles de Martinique et Guadeloupe, la "révolution n'est pas au bout du fusil", mais au bout du bulletin de vote. Des pays de moins de 1.500Km2 carrés de superficie et peuplés de moins de 400.000 habitants ne peuvent pas espérer faire plier militairement la 5è puissance économique mondiale et ses 67 millions d'habitants. Courageux ont été ceux qui, tout au long de notre histoire (Ignace et Delgrès, l'Insurrection du Sud, Mai 67, l'ARC etc.), ont choisi l'affrontement armé ou y ont été acculés, mais on a vu le résultat. Nous en sommes le résultat aujourd'hui ! 
  Aux Martiniquais de choisir : ou bien, ils se considèrent désormais comme les "Noirs américains des Français" et se complaisent dans le noirisme, ou bien ils se décident enfin à élire massivement des maires, députés et sénateurs indépendantistes. Lesquels élus (es) exigeront un ou plusieurs référendums sur l'accession à l'indépendance. On n'invente rien : la Kanaky connaîtra son 3è référendum en 2022 et la France ne peut absolument rien faire pour ne pas l'organiser. 
  En Martinique, la souveraineté proviendra du bulletin de vote. Pas des libations aux Ancêtres ou des déboulonnages de statues. Ni non plus de la lutte armée. Autant jusqu'aux années 50-60 du siècle dernier, les élections étaient souvent entachées de fraudes, autant ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui. En veut-on une preuve ? La voici : aucune des demandes d'annulation d'élections émanant de candidats battus ne prend pour argument la fraude électorale. Et ça depuis au moins 30 ans ! Cent arguments sont évoqués (distribution de tracts après la clôture de la période électorale, par exemple) mais pas la fraude.
  Donc les Martiniquais ont leur destin entre leurs mains avec ce bulletin de vote. Et ils sont en bien meilleure posture que leurs lointains cousins kanaks (45% de la population) puisqu'il constitue 98% de la population (les Békés n'étant guère que 3.000). Qu'ils sachent en tout cas que les jérémiades et autres vociférations anti-Blanc amusent l'État français. Tout comme les libations aux Ancêtres.
  C'est pourquoi, cher confrère ANTILLA, il ne bouge (presque) pas...

Commentaires

Louis Augé | 24/02/2021 - 16:31 :
Article éblouissant de lucidité (amère) .
Stromaed | 25/02/2021 - 01:31 :
Voilà un discours de l'ancien monde tout juste issu des limbes de la décolonisation. On en est plus là. Le monde s'est rapetissé. Internet par la diffusion instantanée de l'image mène la danse. . La mort de Floyd, relayée dans le monde entier à modifiée la vie de milliers d'americains. Ce que n' avait fait des années de luttes.emancipatrices La martinique (pays minuscule) s'est retrouvée propulsée sur les devants de la scène mondiale juste pour un deboulonnage de statues effectuée par de gamins. En fait les pays sont confrontes aux 'images de leurs actualitées bruts et sans manipulations. Dans le processus d' émancipation peu importe le pays où sa superficie seule l'appréciation de l'image déterminera' indignation ou 'approbation Enfin à l' aune du covid les (humains) du monde entier sont interloqués tétanisés et se posent la question de leurs rapports au monde du vivant. La destruction par l'homme d'espèces entieres afin d'assouvir sa soif de domination nous projette au bord d'abimes insoupçonnées On ne pourra pas accuser les noirs d'être responsables de la situation apocalyptique du monde.

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