Décidément, la nourriture au biberon Sarko provoque des retards de croissance qui semblent d’avantage porter préjudice aux ministres prétextes de la diversité, de l’invisibilité. Après les bourdes répétées de Rachida Dati, celles de Yama Rade ou la dernière de Fadéla Amara qui pratique le "karcher", voici celle de Marie-Luce Penchard, la ministre de l’Outre-Mer et fille de Lucette Michaux-Chevry, ancienne ministre de Jacques Chirac.
Deuxième sur la liste régionale de l’UMP Guadeloupe, Man Pencha s’est lâchée : "{Il y a des enjeux considérables, financiers, nous en sommes à une enveloppe de près de 500 millions d’euros pour l’Outre Mer et cela me ferait mal de voir cette manne financière quitter la Guadeloupe au bénéfice de la Guyane, au bénéfice de la Réunion, au bénéfice de la Martinique et demain dire Enfants de la Guadeloupe, je ne suis pas capable d’apporter quelque chose à mon pays !}"
En plein carnaval, Man Pencha a ouvert le bal des hypocrites dans la classe politique française. Un vrai boucan. Les socialistes qui se sont montrés incapables d’avoir une position politique cohérente sur la récente consultation en Martinique et en Guyane, trouvent l’occasion rêvée d’aider Victorin Lurel, l’actuel président socialiste du Conseil régional de Guadeloupe. Ils ont réclamé la "démission immédiate" de la ministre de l’Outre-Mer.
Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a déclaré « Marie-Luce Penchard n'a plus sa place dans le gouvernement de la République": «Quand on est ministre, on n’est pas ministre simplement pour le département dont on est issu, on est ministre pour toute la France. On n’est pas dans une République bananière.» Shocking le monsieur !
Une République bien gardée par son camarade Manuel Valls, qui se lâchait en juin dernier : Se promenant dans une brocante de sa ville d’Evry et voyant des Noirs, le Député maire soupire «Belle image de la ville d’Evry...» avant de demander à celui qui l'accompagne: «Tu me mets quelques Blancs, quelques "white", quelques blancos».
Sur les rangs de l’UMP, si François Fillon a dû prendre la défense de sa ministre, c’est parce que l’UMP est fier d’avoir choisi une Noire pour ministre des Noirs. « La vérité c'est que le PS ne se pardonne pas de ne pas avoir nommé un ultra-marin aux responsabilités de l'outre-mer. Nous, nous l'avons fait et c'est notre fierté". C’était carnaval à l’Assemblée nationale française ce mercredi, avec Marie-Luce Penchard comme Vaval à bruler.
Un proche de Nicolas Sarkozy, Patrick Balkany, a été chargé d’allumer le bûcher. Avec toujours autant d’élégance (en 1997, sa maîtresse l'a publiquement accusé de l'avoir forcée à lui administrer une fellation sous le menace d'un 357 magnum !), il a tiré devant les micros "On devrait la sanctionner"… « Je pense qu'elle devrait être virée du gouvernement. »
La violence du propos fait penser au Général De Gaulle qui s’énervait après son secrétaire général, Jacques Foccart qui lui imposait des visites de nègres à l’Elysée. « Vous savez, cela suffit comme cela avec vos Nègres…on ne voit plus qu’eux. Il y a des Nègres à l’Élysée tous les jours, vous me les faites recevoir, vous me les faites inviter à déjeuner. Je suis entouré de Nègres ici (…) Cela fait très mauvais effet à l’extérieur. »
Patrick Balkany ne s’est pas énervé quand il y deux semaines, lors d'un meeting UMP de soutien à Valérie Pécresse, ministre de l'éducation, Francis Delattre, maire de Franconville, a mis en cause le candidat du PS Ali Soumaré, d'origine malienne, tête de liste dans le Val-d'Oise: «Au début, j'ai cru que c'était un joueur de l'équipe réserve du PSG. Mais en réalité, il est premier secrétaire de la section de Villiers-le-Bel. Ça change tout !»
Pour rappel, le maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, été condamné en 1996 pour détournement de fonds publics, à une amende de 200 000 francs de l'époque, quinze mois de prison avec sursis et deux ans d'inéligibilité. L’allumeur de bûcher a fait travailler durant plusieurs années trois employés municipaux pour son usage domestique exclusif, affectés à son appartement levalloisien et sa résidence secondaire de Giverny. Une fois son inéligibilité levée, il a été réélu maire en septembre 2002 puis député en juin de la même année. Une carrière qui permet de donner des leçons. Le député défend la République menacée par Madame Penchard.
La journaliste Michèle Cotta, interrogée par Audrey Pulvar (iTélé) dit être pour une fois d’accord avec Balkany. Mme Penchard aura au moins réussi à mettre l’ancienne présidente de Radio France en accord avec Balkany.
On est rassuré, le Nouvelobs.com nous apprend que le leader d'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, a pris la défense de la ministre, estimant qu'elle s'était "laissée entraîner par son patriotisme guadeloupéen". C'est "une jeune ministre, elle n'a pas l'habitude des prudences qu'il faut observer dans son expression". On n’est pas trop étonnée de ce soutien venu de celui qui prônait déjà « la préférence nationale », « Les Français d’abord » !
S’agit-il vraiment d’une bourde ?
Pas besoin d’être grand grec pour savoir qu’en Guadeloupe un bon discours nationaliste est souvent payant. Est-ce un hasard si le « Sé ta nou » est né et a eu autant de succès dans les rues de Guadeloupe ? Un chant qui a ensuite envahi la Martinique, qui avait bien besoin d’un peu de « Sé ta nou », mais là, seulement le temps de la grève.
Marie-Luce Penchard a dit « 500 millions d’euros pour l’Outre Mer et cela me ferait mal de voir cette manne financière quitter la Guadeloupe au bénéfice de la Guyane, au bénéfice de la Réunion, au bénéfice de la Martinique ». Les Guadeloupéens d’abord ! « Je n’ai envie de servir qu’une population, c’est la population guadeloupéenne ! » martèle Man Pencha.
Elie Domota ne dit pas autre chose. Le procureur ne va t-il pas ouvrir une information visant les propos de la ministre ? Ne va t-on pas l’accuser de défendre l’identité nationale guadeloupéenne ?
La ministre de l’Outre mer fait du Sarkozy et pas comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Marie-Luce Penchard qui a besoin d’un mandat électoral sur une terre où elle est peu connue, a tenu un discours de droite. Celui qui a toujours été utilisé par la droite en Outre-mer : combien d’argent il faut pour gagner ?
Le clientélisme de Marie-Luce Penchard, dénoncé au bal des hypocrites, est une marque déposée de la politique de droite sous les cocotiers. Clientélisme reproché à Lucette Michaux Chevry pendant les années de son règne dans le pays.
A l’occasion du référendum de 2003, pour ou contre une collectivité unique, une équipe de France 3 s’est rendue en Guadeloupe. Dans le sujet diffusé le soir du 5 décembre 2003, il est question du clientélisme de Lucette Michaux-Chevry « la dame de fer des caraïbes » qui défend le « Oui » et « distribue l'argent à ses courtisans partisans. » Ernest Moutousamy, du Parti Progressiste Démocratie Guadeloupe, partisan du « Non » confirme « il y a donc des collectivités qui trinquent, qui sont lésées et qui ne peuvent pas se développer et ça créé dans la population une sorte de frustration et actuellement... les gens ont peur... » Quant au Député socialiste Victorin Lurel, partisan du « Non » tant qu’il y aura Lucette », il déclare : « En région insulaire quand vous concentrez les pouvoirs avec un style de gouvernance féroce, on a déjà le style impérial demain ce sera une dictature... »
Celui qui a depuis ravi le poste de Président de la Région Guadeloupe à la mère, accuse la fille ministre de l’Outre-Mer de « clientélisme et de communautarisme éhontés », sans pour autant demander sa démission.
Sa ou ka di la ? Pencha nou, sé ta nou !
Et là encore le « Sé ta nou » a gagné la Martinique où le Député-maire de Fort-de-France, Serge Letchimy, ne demande pas la démission de la dame aux 500 millions. Il est vrai que depuis la consultation de janvier dernier les fiançailles du PPM avec la droite se sont concrétisées pour « Une Martinique Nouvelle », liste pour aller déchouker Alfred Marie-Jeanne à la Région.
La Bourse ou la vie
Dans « La France pompidolienne - Journal de l’Elysée IV – 1971-1972 », Jacques Foccart qui fut le conseiller du Président de la République, Georges Pompidou, raconte ses années au cœur du pouvoir. Le Mardi 24 août 1971, il rencontre Pierre Messmer alors ministre d’Etat chargé des Départements et Territoires d’outre-mer. Il est question de l’évolution du statut des DOM et d’élections. « Je vois Messmer … Il insiste sur le soutien qu’on doit apporter au candidat UDR (Union des Démocrates pour la République) aux élections sénatoriales de Wallis-et-Futuna… » écrit-il. Puis il rend compte au chef de l’Etat : A Wallis et Futuna le pouvoir a « un bon candidat », le président de l’assemblée territoriale, mais il y a quand même quelques problèmes : « Vous savez, quand un autochtone émerge un peu, les autres ont tendance à lui taper dessus. » Jacques Foccart aborde la question des moyens pour les élections . Un candidat a demandé 20 millions à Messmer qui a refusé. La suite : « Moi, je dis qu’en dehors du siège sénatorial – que nous aurons ou que nous n’aurons pas – il faut faire très attention, car Brial risque d’être très amer si nous ne le soutenons pas et risque par conséquent de prendre un peu de champ par rapport à nous. D’autre part, il perdra beaucoup de crédit là-bas, car toute sa clientèle constatera qu’il n’a pas de moyens. Or les Wallisiens forment une colonie importante en Nouvelle-Calédonie, et nous aurons besoin de Brial si nous voulons essayer de faire basculer des sièges là-bas. – Oui, vous avez parfaitement raison. Dites à Chaban que vous m’en avez parlé et que je suis d’accord. »
Entre ce que certains qualifient d’ « allocation braguette », les subventions que man Pencha veut garder pour sa Guadeloupe, les fonds secrets, l’argent-ventre des puissances békés pour toutes les élections, rien n’a changé. Dans une voiture de campagne, un militant UMP passant dans mon quartier en janvier dernier s’écriait « avant on pouvait payer une voiture sur 30 mois, 60 mois, avec le 74 ce sera fini ! »
En Outre-Mer la droite avance bourse ouverte. Qui l’ignore ? Qui va reprocher à Madame Penchard de parler non pas aux têtes, mais aux ventres ? Non pas la gauche, pas ça. Pas la gauche qui a utilisé le même discours que la droite lors de la consultation pour plus d’autonomie en Guyane et en Martinique. Voter pour l’article 74 de la constitution disaient-ils, c’est perdre les allocations familiales, le RMI, les retraites, les subventions européennes.
Le mercredi des cendres, Marie-Luce Penchard accompagnait Nicolas Sarkozy en Martinique, le Président de la République n’a rien dit du feu allumé par sa ministre. Il sait que c’est un bon soldat qui parle bien aux colonisés, qu’ils soient de Guadeloupe, de Guyane, de Réunion ou de Martinique.
Aimé Césaire disait en 1974 « La Martinique est une nation qui attend d’être reconnue. Elle a besoin de dignité. Aujourd’hui comme hier c’est un peuple qui est obligé de vendre son âme pour un plat de lentilles… » (In Le Figaro – 20 décembre 1974).
Pendant que les élus, toutes tendances politiques confondues accueillaient leur Président, les carnavaliers en pleurs et rires brûlaient Vaval sur la Croisette du Fort de France. C’est bien connu, le carnaval c’est fait pour rire, pour se défouler. Cette fois nous pouvons offrir une chanson aux choqués de France et à nos sœurs et frères de la Guadeloupe. « Mwen ni… Man Pencha….an tiou mwen » !
Lisa DAVID
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