Bon, soyons honnêtes ! La Fondation Clément édite déjà depuis longtemps de très beaux livres d'art sur la plupart de nos grands artistes antillais tels que KHOKHO ou Louis LAOUCHEZ. Même si lesdits ouvrages n'intéressent qu'un public restreint et de toute façon, coûtent beaucoup trop cher (cinquante fois le prix d'un (feu-) France-Antilles !).
Passer du livre d'art au livre tout court, ça les "Derniers Maitres de la Martinique" (titre d'une émission de télé hexagonale) ne s'y sont jamais aventurés et avec raison. Car si l'art est symbolique, abstrait, indirect, subliminal et tout ce que l'on voudra, un essai historique ou un roman sur l'esclavage, par exemple, là, c'est du direct. Carrément un direct du gauche à la Mike Tyson. Donc, pas touche à ces domaines-là !
Mais tout Béké a plus d'un tour dans son sac et surtout il sait attendre son heure au contraire de l'Insulaire coloré. Et cette heure est venue grâce au Covid-19 ! L'occasion rêvée de publier un remake ou un remix du mondialement célèbre Peaux noires, masque blanc du nom moins célèbre Frantz Fanon. Le remake est un truc à la con qui ne concerne que le cinéma et la musique et qui consiste à reprendre une œuvre qui a eu du succès avec de nouveaux acteurs ou des accords légèrement modifiés. Comme si les pétasses hollywoodiennes pouvaient arriver aux chevilles de Sophia Loren ou de Gina Lollobrigida ! Comme s'il était possible d'égaler Billy Holliday et son bouleversant Strange fruit.
Le livre, fort heureusement, a toujours échappé au remake. Personne ne serait assez fou pour reprendre et modifier Guerre et paix de Tolstoï ou Cahier d'un retour au pays natal d'Aimé Césaire. Sauf à les plagier évidemment, mais ça, c'est puni par la loi. Or, voici que nos Békés, brisant un tabou millénaire, viennent de produire un remake (à la sauce Cap-Est) du livre de Fanon. Ca portera le beau titre de Peaux noires, masque béké. Merci, covid-19 ! L'ouvrage sera tiré à 1 million 300.000 exemplaires et sera distribué gratuitement aux Antillais.
Comme dirait TI SONSON s'il avait vécu en Seine-Saint-Denis : "Wallah, y sont gonflés, ces bouffons, j'te jure sur la tête de ma mère ! C'est un truc de ouf !"...