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PAR DELA TOUTE POLEMIQUE, INFORMER ET AVANCER SUR LA VOIE DE LA RESPONSABILITE

PAR DELA TOUTE POLEMIQUE, INFORMER ET AVANCER SUR LA VOIE DE LA RESPONSABILITE

Une drôle de mouche a dû piquer Edouard Delépine pour qu'il s'affiche ainsi, dans le numéro 146 du Naïf, de Mai-juin 2008 (dans une rubrique curieusement intitulée «zombi politique»), en plume hargneuse, injurieuse, manipulatrice des faits et de l'histoire, accréditant l'idée que le stalinisme est une maladie de l'esprit dont on ne guérit jamais vraiment, si ce n'est celle qu'un stalinien repenti est souvent porté à croire qu'à rentrer en permanence en contradiction avec tout et avec tout le monde (et finalement avec lui-même), il apporte la preuve irréfutable de la bonne santé de son esprit critique trop longtemps contrarié... Mais qu'E. D. se rassure et consente à ne voir là que propos «plus moqueurs que méchants ».

De quoi s'agit-il? D'un florilège d'analyses approximatives, aggravé d'une avalasse d'« arguments» fallacieux et de mauvaise foi, sans doute soutenu par l'espoir que la fulmination du ton pourrait suffire à dissimuler les faiblesses du fond.

L'unique mérite d'une si navrante logorrhée, relative à la consultation du 7 décembre 2003, est, somme toute, de rappeler que ce rendez-vous d'il y a cinq ans n'avait décidemment rien de banal. Qu'il a entre autres contribué à établir une démarcation renouvelée entre fixistes et évolutionnistes, confirmé la survivance, dans notre société, du vieux réflexe du chantage au largage et puis aussi, pourquoi ne pas le dire, excité, chez certains, une sorte d'anti-Marie-Jeannisme primaire les conduisant à frapper de nullité tout ce à quoi le 1erSecrétaire du MIM adhérerait ou se rallierait parce que devenant, de facto - c'est leur rengaine -, éligible à la plus haute suspicion démocratique. Est-ce bien raisonnable? Et comme il est curieux, de ce point de vue, de voir Edouard Delépine exhumer aujourd'hui un texte rédigé il y a de cela quatre à cinq ans ! Serait-ce une manière de détourner l'attention (et la mémoire) de la vigueur et de la promptitude avec lesquelles il avait tenu à fustiger, il n'y a pas si longtemps, ce qui, selon lui, relevait, chez certains de ses proches, de la montée dangereuse d'une forme décomplexée d'« ayatollisme »?

On pourrait, en tout cas, épiloguer sur la recherche scrupuleuse, par Edouard Delépine, d'insuffisances démocratiques dans la procédure ayant abouti à la consultation de 2003 et où le congrès des élus départementaux et régionaux fut présidé par le président du Conseil général. Mais on ne peut de toute façon manquer de lui rétorquer - en acceptant l'idée qu'en matière de démocratie, on n'en fera sûrement jamais assez - qu'il n'y a guère plus démocratique que de soumettre un projet de réforme institutionnelle pour la Martinique à l'approbation des Martiniquais et qu'il se trouve que c'est Claude LISE qui, contre vents et marées, et y compris tous les coups bas, a, pour la première fois, fait inscrire ce véritable droit à l'autodétermination du peuple martiniquais dans une loi française2.

C'est, au passage, l'occasion de dénoncer ces véritables tours de passe-passe rhétoriques par lesquels notre homme joue à transférer sur le dos des uns les errements des autres et dans l'escarcelle des autres les mérites des uns.

D'abord, s'il veut trouver volonté de saborder la portée de la procédure d'évolution institutionnelle inscrite dans la LOOM, ce n'est pas tant dans l'adaptation des résolutions du Congrès à la nouvelle donne créée par la révision constitutionnelle de mars 20033 qu'il lui faut la chercher, mais, par exemple et de préférence, dans telle bataille menée, à l'Assemblée nationale, par tel député PPM (en vue, par exemple, de vider le Congrès de sa substance et même de lui ôter jusqu'à son appellation), dans telles attaques contre la LOOM perpétrées, au Sénat, par tel sénateur PPM (dont l'unique objet étaitprécisément de caricaturer et de minimiser la portée du texte), dans telle manoeuvre, déployée au sein même du congrès, visant à perturber l'efficacité des travaux de cette instance en contribuant notamment à empêchercelle-ci de disposer d'un règlement intérieur, etc. .

En réalité, l'accord issu des discussions entre la délégation mandatée par l'assemblée plénière du congrès et la ministre de l'Outre mer (validé par la commission de suivi des travaux du congrès, au sein de laquelle l'ensemble des groupes politiques des deux assemblées étaient représentés) était la traduction d'un effort de consensus des élus martiniquais sur une réforme minimale (très en-deçà, par exemple, des ambitions de la Déclaration de Basse-Terre) destinée à permettre à la Martinique d'avancer, même modestement, sur la voie de la responsabilité et de l'efficacité des politiques publiques, tellement compromise par un morcellement institutionnel qui s'est d'ailleurs amplifié depuis.

Ensuite, la conception du courage politique défendue par Edouard Delépine a de quoi laisser pantois. Celui-ci ne résiderait pas dans la résolution d'aller défendre devant le peuple une option que l'on croit conforme à l'intérêt général, en acceptant évidemment de s'incliner devant le verdict des urnes. Non!

Selon notre homme, le courage politique serait plutôt décelable dans l'aptitude à renier ce que l'on a voté, par deux fois, en mars 2002 et en avril 2003, « sans y regarder de trop près» (quelle touchante considération pour les élus martiniquais !), après avoir, dit-il, constaté la réticence des électeurs. Il faut pourtant croire que cette réticence n'était pas si farouche puisque le scrutin ne s'est joué qu'à un millier de voix près. Il est vrai qu'Edouard Delépine fait mine de croire que la totalité des élus ayant voté les résolutions du congrès se sont effectivement mobilisés en faveur du OUI4.C'est même cela qui lui permet d'avancer l'argument d'un désaveu de la classe politique martiniquaise par 80 % de l'électorat (en additionnant de manière grotesque les NON, les bulletins blancs et nuls et les abstentionnistes). Mais, ce faisant, il omet soigneusement de rappeler ne serait-ce que l'origine du slogan « Chat dan sak ! ». Et, en actualisant son texte, il n'aurait guère eu de mal à prendre en compte les aveux de certains. Aucun mal, par exemple, à citer telle personnalité, en l'occurrence monsieur Daniel ROBIN, reconnaissant, il y a quelques mois, sur les antennes d'une radio du sud, que son parti avait une part de responsabilité dans l'issue de la consultation du 7 décembre 2003. Un sujet pourrait, en l'occurrence, alimenter la réflexion d'Edouard Delépine, c'est celui de l'art, pour certains, de ne défendre une réforme qu'à condition d'être assuré d'en être les bénéficiaires...

Il y aurait sans doute encore beaucoup à dire. A seule fin d'informer, en laissant le soin de polémiquer à ceux que cela peut occuper. Mais, enfin, l'heure est surtout à la réflexion et à la mobilisation pour l'avenir. Elle est, entre autres, à la recherche des conditions institutionnelles d'un meilleur développement de la Martinique et d'un meilleur épanouissement du peuple martiniquais. En tirant évidemment tous les enseignements de l'expérience de 2003. En procédant, comme il se doit, à un important travail d'explication. Les élus sont, en tout état de cause, investis - et a fortiori sur ces questions cruciales - d'un devoir de proposition. Un instrument est là, pour ce faire, à leur disposition: le Congrès des élus départementaux et régionaux.

{{Siméon Piquine}}

Article adressé au journal Sanblé du RDM et au journal le Naïf pour publication

1 Au lendemain du 17èmecongrèsdu PPM, d'octobre 2005, Edouard Delépine, évoquant, dans le journal France-Antillesdu 28 octobre, la désignation du nouveau président du parti, parlait de « pratiques ayatollesques » et précisait: « Je ne connais pas d'exemple de parti démocratique où le président ait été élu par acclamation. Ce même président qui va ensuite choisir les membres du bureau politique! Je ne connais pas de parti où il y ait une telle dérive ».

2 Loi d'orientation pour l'Outre-mer (LOOM) du 13 décembre 2000

3 Claude LISE n'a d'ailleurs eu de cesse de dénoncer le caractère extrêmement encadré et en trompe-l'oeil des soi-disant nouveaux pouvoirs d'adaptation accordés à nos collectivités par la révision constitutionnelle de mars 2003.

4 A l'exception notable, bien sûr de l'inénarrable Jean Crusol

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