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Ou lé bisui-a méritjen-an, mé ou pa lé Méritjen-an...

Ou lé bisui-a méritjen-an, mé ou pa lé Méritjen-an...

   ...ce qui signifie "Tu veux les biscuits américains, mais tu ne veux pas des Américains" autrement dit en français "Tu veux le beurre et l'argent du beurre". Lesquels Français ajoutent parfois "et l'arrière-train de la fermière". Comme nous, Créoles, sommes des êtres pudiques, nous nous gardons d'aller jusqu'à de telles extrémités.

   A quoi renvoie donc cette affaire de biscuit américain ?

   A la deuxième guerre mondiale (1939-45), quand l'Amiral ROBERT, allié du Maréchal PETAIN qui collaborait avec le pouvoir nazi, gouvernait (d'une main de fer) notre chère Martinique. Constatant cela, les Américains avaient instauré une manière de blocus contre notre île de façon à empêcher les sous-marins allemands qui rôdaient dans l'Atlantique Nord d'y faire escale. Pour des raisons humanitaires toutefois, l'un d'eux fut exceptionnellement autorisé à débarquer, du côté du Carbet, un sous-marinier allemand qui avait été gravement blessé à la jambe. Ce dernier passa alors toute la guerre dans notre île qu'il trouva si paradisiaque qu'il y fit souche. Mais chuuut !...

   Plus rien donc, plus aucune marchandise n'arrivait donc de France et le port de Fort-de-France; où s'était réfugiés l'ensemble de la flotte française et ses 4.000 marins, somnolait. Nos grands-parents entreprirent alors__débouya pa péché !__de fabriquer des chaussures avec des pneus de camion, de l'huile avec de la pulpe du coco, du sel avec de l'eau de mer mise à sécher au soleil. Et même du carburant avec de l'alcool de canne à sucre, le fameux éthanol largement utilisé aujourd'hui au Brésil.

   Seulement, l'Amiral ROBERT était assez malin et faisait mine d'être neutre dans le conflit mondial, si bien qu'il entreprit des négociations avec les Américains pour la fourniture de temps à autre de marchandises dont la population avait urgemment besoin. Mais, dans le même temps, tout en acceptant "les biscuits américains", il développait une politique pro-PETAIN, une politique vichyste, avec défilés patriotiques et bras levés pour clamer "Amiral, nous voilà !". Double jeu qui permettait de faire croire à la population que les Américains pouvaient envahir la Martinique à n'importe quel moment (ce qui n'était pas entièrement infondé) et qu'ils y instaureraient leur régime de ségrégation raciale.

   Les Martiniquais voulurent donc bien des "biscuits américains" car les privations, surtout alimentaires dues au blocus, étaient très fortes, mais ne voulaient pas du tout que l'Américain pose le pied sur son île. D'où l'expression :

   "Ou lé bisui-a, mé ou pa lé Méritjen-an"

   Final de compte, la guerre terminée, des bruits coururent comme quoi la France voulait donner les Antilles françaises aux USA en guise de remboursement de ses dettes de guerre. Tollé dans la population martiniquaise et on n'entendit plus du tout parler de cette transaction !

                                                                                                      R. CONFIANT

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