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OBAMA : « L’OCCIDENT N’EST PAS RESPONSABLE DE LA SITUATION DU ZIMBABWE ! »

OBAMA : « L’OCCIDENT N’EST PAS RESPONSABLE DE LA SITUATION DU ZIMBABWE ! »

Apparemment, il n’y a pas que Nicolas Sarkozy à avoir urgemment besoin d’un petit cours d’histoire africaine.

Au moins le président français a-t-il des circonstances atténuantes en tant que descendant de Hongrois puisque ces derniers, à ma connaissance en tout cas, n’ont jamais colonisé un seul centimètre du territoire africain.

Mais lorsqu’on entend Barack Obama, en visite au Ghana, déclarer tout sourire que « L’Occident n’est pas responsable de la situation du Zimbabwe ! », on est quand même en droit de se poser un certain nombre de questions venant d’un homme dont le père était kenyan et donc africain. A mon humble avis, de même que 20 intellectuels africains se sont mis ensemble pour écrire un livre expliquant le continent noir à Sarko, il semblerait qu’il faille, hélas, faire la même chose pour son homologue étasunien.

Car enfin, quoi ?

Cela fait 2 siècles et demi que l’Occident ne cesse d’agresser le Zimbabwe, de le coloniser, de l’exploiter ! Et il n’y a jamais eu un jour, un seul jour, de pause dans cette entreprise destructrice. Je suis loin d’être un spécialiste de l’Afrique mais enfin, comme tout un chacun, quand on cherche à comprendre un pays, on se reporte aux livres écrits sur le dits pays. Et ce ne sont pas les livres (ni les informations-Internet) sur le Zimbabwe qui manquent, bon sang !

Donc, à travers l’abondante documentation existante, voici, en résumé, ce qu’on découvre :

. en 1888, un fils de pute d’hommes d’affaire anglais dénommé Cecil Rhodes obtient des droits de prospection minière du roi des Ndébélés (l’ethnie majoritaire du Zimbabwe qui ne s’appelait pas encore comme ça à l’époque). Le sieur Rhodes et sa BSAC (British South-Africa Company) viennent d’Afrique du Sud déjà colonisée par les Hollandais et les Anglais.

. en 1889, coup de théâtre ! Une Charte royale britannique accorde à la BSAC la gestion de tous les territoires situés au-dessus et au-dessous du fleuve Zambèze. On est donc passé d’une simple autorisation de prospection minière à l’appropriation pure et simple de la totalité du territoire ndébélé !!!

. en 1890 : 600 colons britanniques s’installent sur le territoire ndébélé et, outre les minerais, commencent à pratiquer l’agriculture en utilisant la population locale comme main d’œuvre non rémunérée !

. en 1893 : révolte des Ndébélés écrasée dans le sang par l’armée britannique.

. en 1896 : révolte des Ndébélés et des Shonas (deuxième ethnie du pays) à nouveau écrasée dans le sang par les colonialistes anglais.

. 1895 : finalement, tout le pays tombe sous contrôle des colons blancs et est appelée « Rhodésie » en hommage au fils de pute dont on a parlé plus haut.

. 1926 : pour donner un semblant de légalité à cette situation et comme l’autorisation de prospection minière accordée à la BSAC prend fin, le gouvernement britannique transforme le pays en colonie de sa Majesté sous le nom de « Rhodésie du Sud ».

. de 1926 à 1965 : pendant presqu’un demi-siècle, un régime raciste se met en place progressivement. Les meilleures terres sont accaparées par les Blancs. Les Noirs sont parqués dans des sortes de réserves, sur des terres ingrates.

. 1965 : putsch des colons blancs contre l’Angleterre ! Un deuxième fils de pute appelé Ian Smith et son « Rhodesian Front » proclament l’indépendance unilatérale du pays. A partir de ce moment-là, la Rhodésie va copier le système d’apartheid de l’Afrique du Sud. Des lois raciales très dures vont être édictées, des zones réservées aux Blancs et des zones réservées aux Noirs vont être créées. Les Békés rhodésiens, dits « Rhodies », détiendront évidemment la totalité du pouvoir économique, exactement comme leurs cousins « Afrikaners ».

. 1966 : très vite, deux organisations de libération noires vont se monter, la ZANU de Robert Mugabe et la ZAPU de Joshua Nkomo. Elles vont mener une guerre de guérilla sans merci contre le régime raciste de Ian Smith.

. de 1966 à 1979 : 30.000 morts à 90% noirs. Exactions à répétition de l’armée rhodésienne contre les villages ndébélé ou shona suspectés de soutenir la guérilla. Entre temps, l’Occident et l’ONU ont feint de décréter un embargo contre l’état autoproclamé de Rhodésie, mais les Etats-Unis importent en secret du chrome et du manganèse de cette même Rhodésie, permettant du même coup à Ian Smith de se maintenir au pouvoir.

. 1979 : l’armée de Ian Smith est finalement à bout de souffle. L’Occident fait pression sur lui pour lui faire comprendre que 400.000 Blancs ne peuvent pas dominer éternellement 4 millions de Noirs. A contrecœur, les Rhodies acceptent un gouvernement dirigé par la majorité suite aux accords de Lancaster House., mais ces accords comportent deux closes léonines :

. 20 postes de députés sont réservés aux Blancs pendant 10 ans.

. aucune expropriation de fermier blanc pendant 7 ans.

L’accord précise qu’au bout de ces 7 ans, les Blancs céderont petit à petit la terre aux Noirs et seront indemnisés par l’Angleterre. Rappelons qu’1% de Blancs détiennent 70% des terres arables au moment de ce qu’on peut appeler la deuxième indépendance du pays qui prend alors le nom de « Zimbabwe ».

. de 1979 à 2000 : pendant 20 ans, Robert Mugabe, premier ministre, a joué le jeu. Pendant 20 ans, soit davantage que ne le prévoyaient les accords de Lancaster House, il a maintenu des postes réservés pour les députés blancs et il n’a pas touché à la terre.

Oui, 20 ans !

Et pendant toutes ces années, l’Occident ne tarissait pas d’éloges sur lui. Sauf que malgré toute la bonne volonté de Mugabe, le peuple zimbabwéen croupissait dans la misère la plus crasse. Sauf que l’immense majorité de la population était exclue du foncier arable. Sauf que l’apartheid, non officiel, continuait de plus belle, Noirs et Blancs vivant toujours dans des quartiers séparés, fréquentant des écoles séparées etc…Sauf que des révoltes éclataient ici et là. Non pas cette fois contre un pouvoir blanc raciste, mais contre un pouvoir noir qui ne faisait pas suffisamment d’efforts pour changer le sort du plus grand nombre.

Sauf que la minorité blanche continuait à vivre dans l’opulence comme si rien ne s’était passé !

. 1992 : Mugabe bouge enfin ! Soit 20 ans, répétons-le, après les Accords de Lancaster House. Il commence à exproprier des fermiers blancs. Aussitôt, l’Occident se met à pousser des cris d’orfraie. Mugabe persiste : 6 millions d’hectares sont distribués à 200.000 familles noires. Londres et Washington crient à la dictature communiste ! Le Zimbabwe est placé sous embargo strict. Rien à voir cette fois avec l’embargo « light » qu’avait affronté la Rhodésie raciste de Ian Smith.

. 1993 : l’économie du Zimbabwe, frappée de plein fouet, commence à s’effondrer inexorablement.

. 2000 : le Zimbabwe est à genoux. L’inflation a détruit sa monnaie. Les produits de première nécessité manquent. Les hôpitaux ne sont plus approvisionnés en médicaments. Entre temps, un leader noir, adoubé par l’Occident, Morgan Tsvangirai, fait son apparition sur la scène politique zimbabwéenne.

. 2001 : Mugabe perd les pédales, il devient dingue. Il a beau dénoncer l’impérialisme occidental, rien n’y fait ! L’étau se resserre autour de son cou.

. 2009 : il est obligé de partager le pouvoir avec Tsvangirai.

Comment donc Barack Obama peut-il déclarer froidement que l’Occident n’est pas responsable de la situation du Zimbabwe ? Quand c’est Sarkozy qui dit la même chose, tout le monde, à commencer par les afrocentristes et autres négristes, lui tombent dessus à bras raccourcis. Si je comprends bien, puisqu’un Nègre dirige l’Empire, il est désormais interdit de critiquer ledit Empire ?

Oui, l’Occident est responsable de la situation du Zimbabwe depuis 2 siècles ! Certes, Mugabe a des torts, certes il est passé de l’état de guérillero héroïque à celui de tyran à demi-sénile, certes il a encouragé une bourgeoisie noire rapace et uniquement préoccupée de prendre la place des Blancs. Certes…Certes…

Mais c’est l’Occident qui a colonisé le Zimbabwe en 1888. C’est l’Angleterre qui a permis l’instauration d’un régime raciste dans ce pays et qui a bénéficié de ses énormes richesses minières. C’est l’Occident qui a fourni des armes sophistiquées à Ian Smith pour tenter d’écraser la guérilla noire, faisant 30.000 morts au passage. Et c’est aussi l’Angleterre qui a refusé d’appliquer les accords de Lancaster House de 1979.

Car, au fond, tout ce qui se passe ces dernières années vient de ce refus.

L’Angleterre était tenue d’indemniser ses propres colons. C’était écrit noir sur blanc dans le texte de Lancaster House. Or, elle a violé sa signature et n’a pas déboursé un centime, obligeant Mugabe à expulser les fermiers blancs par la force. Et cette indemnisation devait commencer 7 ans après l’indépendance, or Mugabe a eut la patience d’attendre durant 20 ans que les Anglais respectent leur parole, eux si à cheval soi-disant sur les lois.

Donc venir aujourd’hui accabler Mugabe de tous les maux et déclarer froidement que l’Occident n’est pas responsable de la situation du Zimbabwe, c’est soit une preuve d’ignorance abyssale soit afficher de la condescendance, voire du mépris, envers les Zimbabwéens.

Non, messieurs les afrocentristes et négristes, l’Empire, les Etats-Unis, ne seront jamais notre ami. Ne seront jamais l’ami d’aucun pays du Sud.

Sauf le jour où ils cesseront d’être un empire…

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