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Nous avons cassé nos frères du BUMIDOM

Yves-Léopold MONTHIEUX
Nous avons cassé nos frères du BUMIDOM

Selon le philosophe Erasme il est plus facile de convaincre l’homme de cent mensonges que d’une vérité. Alors que la grande faiblesse de la vérité est d’être une, l’histoire affichée du BUMIDOM a été fabriquée dans le bruit des mensonges et la négation de la vérité. L’instrumentalisation du BUMIDOM à des fins politiques est sans aucun doute l’escroquerie intellectuelle et politique la plus grave qu’ait connu la Martinique, de la part de compatriotes à l’endroit d’autres compatriotes.

Dans un article paru en 2013 intitulé « Taubira donne un "coup de vieux" aux indépendantistes », je soulignais la franchise de l’ancienne ministre guyanaise qui disait pourquoi, au lendemain de la décentralisation en Outre-Mer, en 1983, la revendication nationaliste lui était apparue obsolète. La migration d’Etat n’a pas disparu avec la fin du BUMIDOM qui a été immédiatement remplacé par sa fille, l’ANT, puis sa petite-fille, LADOM. Mais l’idée de séparatisme qui justifiait les attaques faites au BUMIDOM ayant fait long feu, il ne fut plus besoin de combattre ses continuatrices. Du coup, à l’opposition caractérisée contre l’ancêtre a succédé une adhésion gourmande et unanime à ses successeurs. On ne peut mieux dire que le sort des jeunes Martiniquais quittant leur pays n’a jamais obsédé les pourfendeurs du BUMIDOM qui sont aujourd’hui conquis par LADOM.

Il en est resté du BUMIDOM un fond de commerce politique qui permet, aujourd’hui encore, aux élus en place de se défausser de l’immense responsabilité qu’ils ont dans l’échec de la politique martiniquaise. En effet, dans tous les cénacles et rédactions de presse, le BUMIDOM est accusé de la baisse actuelle de la population. Aussi on ne sait trop par quelle tournure de l’esprit on pourrait croire que la perspective d’une population de 500 000 habitants, voire plus, permettrait de mieux développer la Martinique.

Mais tandis que les jeunes des années 1970 ont été impuissants à répondre au tombereau d’abominations cuisinées par les élites du moment, les jeunes de 2019 sont fermés à ces arguties qui tiennent autant de la prestidigitation qu’au « raisonnement » de tambour. Aujourd’hui encore, dans les cénacles vieillots de la bien-pensance, les allégations hostiles au BUMIDOM poursuivent leur œuvre. Même notre université s’y met. Elle a choisi l’enceinte politique pour dire la leçon supposée objective de l’Ecole. C’est le second transport en quelques jours de l’amphi vers l’hémicycle. D’où la phrase-slogan utilisée à contre-emploi : « le BUMIDOM nous a cassés ». N’est-ce pas la formulation politique d’une prise de position politique ? Laquelle a dû faire plaisir au maître de céans ?

Non, les Messieurs-Dames de l’Université, Non Messieurs-Dames, les élus, le BUMIDOM n’a pas cassé les Martiniquais, c’est l’inverse. Une campagne ininterrompue de dénigrement nourries, des thèses, romans, films, tous chargés de violence et d’opprobre, semble relever d’un unique architecte et procéder d’un même cahier des charges. Ces productions qui ne montrent jamais la moindre compassion pour les personnes ont fait plus de mal que l’éloignement, le froid ou le racisme. On ne sache pas que nos docteurs en sciences humaines aient eu le souci de trouver un antidote à cette souffrance.

Favorisés par la naissance ou parvenus grâce aux circonstances à un statut professionnel et social protégé, des Martiniquais ont abîmé pour plusieurs générations l’âme de compatriotes qui étaient moins bien servis qu’eux par la naissance, les moyens et souvent la couleur de la peau. Certains d’entre eux ont fini par se culpabiliser parce qu’ils ont décidé un jour de partir en France en toute liberté afin de se construire un avenir. Au point d’avoir parfois honte d’en parler à leurs enfants.

 « N’ayez pas honte et n’ayez pas de complexe », a-t-on envie de dire à nos frères et soeurs partis par le BUMIDOM. « Vous n’avez pas manqué à la révolution martiniquaise ; celle-ci n’a jamais eu un début de commencement d’exécution. Vous avez très peu manqué à l’effectif : la population est passée de 1960 à 1980 de moins de 300 000 à plus de 325 000 habitants, soit à près de 30 000 habitants de plus. Votre absence n’a pas nui au développement de la Martinique qui, depuis la fin de l’esclavage, n’avait jamais été aussi active que pendant les deux décennies 1960 – 1970 (Lire les années-BUMIDOM en Martinique, le vrai du faux). Parvenus au pouvoir depuis 30 ans, vos détracteurs n’ont fait qu’accélérer la dégradation de la Martinique, que deux chiffres suffisent à illustrer : la perte de 20 000 habitants en moins de 10 ans ! »

Fort-de-France le 17 mai 2019

Yves-Léopold MONTHIEUX

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