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Nous aurions beaucoup à apprendre de la Barbade

Nous aurions beaucoup à apprendre de la Barbade

    A quoi reconnait-on qu'un pays du Sud sans ressources minières a réussi ? A son PIB ? Au taux de couverture de ses importations par ses exportations ? A ses infrastructures routières, hospitalières ou scolaires ? Au classement qui est le sien au niveau mondial par le FMI, la Banque Mondiale ou l'ONU ? Certes, mais...

   Mais il y a une façon beaucoup plus triviale de le savoir.

   Il suffit de s'installer à l'aéroport et d'observer deux choses : le nombre de passagers refoulés à leur débarquement dans le pays et le nombre d'immigrants illégaux expulsés du pays. Comme on le sait, Barbade fête le 50è anniversaire de son indépendance cette année, chose qui ne donne guère l'impression de passionner les gens en Martinique et en Guadeloupe. Il est vrai que cette île minuscule n'a ni "lider maximo" ni "revolucion" ni rien de spectaculaire au plan politique qui puisse intéresser nos soi-disant indépendantistes dont certains se sont précipités à l'enterrement de Fidel CASTRO, mais n'ont pas daigné participer ni envoyer la moindre délégation aux très nombreuses cérémonies qui ont ponctué cette année du 50è anniversaire de l'indépendance de Barbade.

   A l'aéroport Grantley Adams de Barbade, on interdit d'entrée tous les jours des Saint-Luciens, Vincentiens, Grenadiens, mais chose plus surprenante, aussi à des Jamaïcains et surtout des Guyaniens (Guyane anglophone). Et on expulse autant d'immigrants illégaux qui ont accouru dans l'île pour bénéficier de son développement économique. Car si tout ce monde veut entrer par tous les moyens à Barbade, ce n'est pas pour ses (magnifiques certes) plages de sable blanc, mais pour y trouver du travail, s'y installer et se refaire une vie. Avant de s'émouvoir des interdictions d'entrée sur le territoire et des expulsions et de monter sur les grands chevaux de "la solidarité caribéenne", il convient de regarder les choses en face. Il convient de se demander pourquoi la minuscule Barbade (430KM2, trois fois plus petite que la Martinique et quatre fois plus petite que la Guadeloupe), peuplée de seulement 290.000 habitants, a réussi, même si ce n'est évidemment pas le paradis ?

   Oui, pourquoi y a-t-il 35.000 immigrés guyaniens à Barbade alors que le Guyana est un très vaste pays (270.000 km2), en tout cas plus vaste que le Portugal, que la Belgique, que la Hollande ou, plus près de nous, Cuba ? En bonne logique, ce sont les habitants des petits pays qui immigrent dans les grands. Pas l'inverse ! Les Irlandais ont émigré en Angleterre et aux Etats-Unis, les Siciliens aux Etats-Unis, les Corses en France, dans l'Algérie coloniale et en Afrique noire etc. En bonne logique, ce devraient être donc les Barbadiens qui émigrent et il y en a d'ailleurs (en particulier vers les Etats-Unis), mais il ne s'agit pas d'une hémorragie humaine comme au Guyana où 1.000 (mille) personnes quittent le pays chaque...mois !!!

   Il n'y a qu'une explication et une seule à la "success story" barbadienne : la bonne gouvernance.

   Quand on n'a ni pétrole ni fer ni manganèse ni gaz naturel ni diamants, on n'a qu'une solution : travailler dur et gérer le pays de la manière la plus stricte possible. C'est-à-dire combattre sans merci le gaspillage (spécialité de nos chers élus "domiens") et la corruption (maladie qui affecte nombre d'entre ces mêmes élus). Autant dire que les chers élus (es) en question auraient beaucoup plus à apprendre du côté de Barbade que du côté de Cuba, ne serait-ce que parce que Martinique et Guadeloupe sont confrontées à des problèmes liés à l'exigüité de leur territoire exactement comme Barbade alors que Cuba, avec ses 110.00km2 de superficie (c'est-à-dire plus vaste que la Guyane française ou le Portugal) ne l'est pas. La "revolucion" c'est bien joli, c'et exaltant, mais apprendre à gérer convenablement un petit pays, c'est bien aussi. Surtout quand on se proclame indépendantiste. En effet, on ne peut pas reprocher à un assimilationniste ou à un autonomiste d'être indifférent au 50è anniversaire de l'indépendance de Barbade puisque pour ces gens-là, Martinique et Guadeloupe sont vouées à rester éternellement franco-européennes (et à recevoir le biberon des subventions franco-européennes) jusqu'ad vitam aeternam. Par contre, il est inadmissible, il est tout simplement scandaleux que nos indépendantistes, toutes tendances confondues, n'aillent jamais voir comment et pourquoi ça fonctionne à Barbade. Surtout en cette année 2016 du 50è anniversaire de l'indépendance de cette île.

   Il ne s'agit aucunement de dire qu'il faudrait imiter Barbade. Il s'agit de s'initier aux responsabilités d'un pays indépendant.  Le président du Conseil régional de la Guadeloupe ni le président de la Collectivité Territoriale de Martinique n'ont pas, par exemple, à s'occuper ni se préoccuper de la paye des fonctionnaires chaque fin de mois car ce ne sont pas eux qui les payent. Le Premier ministre de Barbade oui ! CHALUS et MARIE-JEANNE n'ont pas à s'occuper des réserves de change de leur pays alors que le président ou le premier ministre de tous les pays caribéens ont les yeux rivés dessus. Martinique et Guadeloupe vivent dans des cocons, dans des bulles, dont on sait qu'elles éclateront un jour, forcément, et les premiers qui devraient préparer ce moment difficile (il ne faut pas se voiler la face !) devraient être les indépendantistes. Et quelle meilleure préparation que d'aller voir comment les choses se passent dans des pays proches par la taille et la population qui sont déjà indépendants ?

   Elémentaire, mon cher Watson...

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