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Noureddine Melikechi, Un scientifique algérien sur la planète Mars

Physicien atomique à la NASA, membre de la mission spatiale vers Mars
Noureddine Melikechi, Un scientifique algérien sur la planète Mars

Des chercheurs on en trouve ! C’est des  «trouveurs» que je cherche.
De Gaulle

Un chercheur d’origine algérienne établi aux Etats-Unis, Noureddine Melikechi, compte parmi l’équipe de la NASA qui lancera, samedi, une sonde spatiale en direction de la planète Mars en vue d’obtenir des informations cruciales sur la planète rouge à travers un micro imageur à distance. Cette recherche, si elle aboutit, permettra sans conteste une avancée appréciable dans la détection du cancer et ouvrira d’autres horizons aux scientifiques. Noureddine, qui se dit comblé, voit ainsi ses efforts, entamés en 1995, se matérialiser.
En fait, c’est son rêve qui se réalise depuis tout jeune à Thénia, sa ville natale où il a vu le jour en 1958.
Il y a vécu enfant et accompli ses études avant de rejoindre le lycée Abane Ramdane à El Harrach au début des années 1970. «J’en garde un excellent souvenir, où j’ai baigné dans une ambiance conviviale voire familiale, en nouant des liens amicaux avec bon nombre de mes camarades de lycée.» Son bac en poche, Noureddine intègre l’université des sciences et des technologies de Bab Ezzouar pour poursuivre des études de physique.
«Durant ces années, j’ai non seulement beaucoup appris mais aussi acquis une expérience très enrichissante sur le plan scientifique et humain. J’ai eu la chance d’avoir des professeurs qui sont non seulement très compétents mais aussi dévoués à leur travail et au développement scientifique et technologique du pays. Thénia, le lycée Abane Ramdane, l’université de Bab Ezzaour font toujours partie intégrante de ma personne», reconnaît-il humblement.
Pourtant, la carrière de Noureddine aurait pu avoir une autre trajectoire si l’on s’en tient aux convictions de certains hurluberlus, comme ce prof d’arabe au CEM de Thénia qui lui avait prédit une autre destinée. On était à quelques jours de l’examen du BEG, et le prof fait passer un devoir d’arabe aux élèves, dont Noureddine, qui n’a pas pu sortir indemne d’une conjugaison. Alors, le prof menaçant, de lui proférer cette sentencieuse phrase : «Va retirer tes frais d’examens, tu es trop faible pour réussir.» Trop vexante, cette phrase a eu pour effet de motiver davantage notre homme qui s’avérera un élève surdoué.
Un de ses amis, Slimane Boukhalfa, nous fera savoir que cet intermède n’aura pas d’effet sur le parcours élogieux de notre prodige, à qui la direction du CEG fera sauter deux classes, de la 4e à la 6e années, compte tenu de ses capacités intellectuelles !
Surdoué, mais attaché à son milieu et fou de foot, puisqu’il partageait avec ses amis d’interminables matches au quartier la Justice de Thénia en restant  un amoureux indestructible du ballon rond.
Attaché à sa famille, à son pays, Noureddine ne manque pas d’y retourner chaque fois qu’il en a l’occasion pour saluer sa famille et notamment son père Saïd, ancienne cheville ouvrière de l’hôpital de Thénia, à qui il doit beaucoup.
Noureddine a été choisi pour faire partie de l’équipe ChemCam qui est une des dix expériences qui font partie de la Mars Science laboratory Curiosity, dont le lancement est programmé pour le samedi 26 novembre, pour atteindre la planète Mars, si tout va comme prévu, le 6 août 2012. L’objectif est de savoir si la planète rouge est ou était habitable ou si l’on y trouve de l’eau.

«Un des axes de mes recherches touche les détections de biomarqueurs pour la détection de cancer. Pour ce faire, nous développons des méthodes optiques et des modèles mathématiques qui nous permettent de déceler très tôt des signes de cancer par des méthodes non invasives. Une des méthodes que nous utilisons pour le travail consiste à exciter un échantillon biomédical par le biais d’un laser suivant : une technique appelée Laser indice de Break Down Spectioscopie (LIBS). Cette approche est une combinaison de techniques laser et spectroscopiques dans les milieux très complexes avec de nouvelles méthodes mathématiques de classification et d’identification et qui s’avèrent très prometteurs pour la recherche de signaux spectroscopiques dans un environnement aussi complexe et extrême que la planète Mars. Il y a un instrument LIBS qui sera du voyage sur Mars. Du coup, je suis impliqué en tant que physicien dans l’équipe ChemCam».
Et, lorsque la mission sera terminée, il s’agira pour Noureddine de collecter toutes les données, de les analyser en collaboration avec des géophysiciens, des géochimistes et d’autres physiciens.
Melikechi mène ses recherches depuis des années. La consécration ou l’apothéose, c’est le lancement du DSU vers Mars qui emplit d’orgueil Noureddine, qui se dit honoré et favorisé pour faire partie d’un programme énorme. Son travail a consisté à établir un puits à dépression pour simuler les conditions atmosphériques sur la planète rouge pour examiner un laser sur le vagabond réel, un laser semblable tirera des éclats d’énergie assez forts pour produire de la chaleur, aussi intense que la surface du soleil — cinq milliardièmes durables d’une seconde. Le laser fondra la roche et le dispositif de spectroscopie mesurera la lumière émise du plasma des roches.
L’espoir caressé par le chercheur et ses collaborateurs est de déceler la présence d’eau dans ce voisin planétaire le plus proche de la Terre.
Aller sur Mars a toujours été un rêve sinon un fantasme. Depuis la nuit des temps, scientifiques, philosophes, mathématiciens se sont penchés sur cette lancinante question.
«Aller sur Mars l’explorer comme jamais cela n’a été possible est à présent réalisable et deviendra, In Challah, réalité le jour de l’atterrissage de la «Rover Curiosity» prévu en août prochain. Dans quelques mois, nous aurons la possibilité d’explorer Mars sans aucune présence humaine sur la planète, ce qui constitue déjà une nouvelle démonstration de la grandeur de la pensée humaine et de la capacité de l’être humain à innover.
Noureddine que passionnent à la fois la physique, la musique, la lecture et le foot et qui a connu un parcours classique, a creusé un sillon bien à lui.
Cet homme calme et discret se définit avant tout comme un «scientifique universaliste» qui revendique l’autonomie du savant à l’égard du politique. Il n’est pas peu fier d’être formé en Algérie, même s’il déplore la saignée qui affecte l’élite intellectuelle algérienne tentée d’aller faire valoir ses compétences ailleurs.
«Si le chercheur, le médecin ou le savant sont enclins à faire leurs valises et à s’exiler volontairement, c’est qu’ils trouvent dans cet ailleurs ce qu’ils n’ont pas, hélas, dans leur propre pays, où de surcroît ils sont peu considérés.» Ce constat amer nous dévoile une triste réalité. Ces dernières années, l’Algérie a perdu plus de 40 000 chercheurs dans tous les domaines. La matière grise algérienne, au départ limitée à la France pour des raisons de proximité géographique, est aujourd’hui présente partout, notamment aux Etats-Unis et au Canada. Aussi, les chercheurs algériens, à l’image des autres cadres de l’Etat victimes d’une politique salariale humiliante et surtout de l’absence d’une perspective d’avenir émigrent à la moindre occasion. Noureddine est parti au début des années quatre-vingts à l’université de Sussex en Angleterre, puis rejoint Delaware en début des années 1990 où il s’est définitivement établi.
«A l’époque, note-t-il, le contexte social économique et sécuritaire en Algérie ne s’y prêtait pas. On ne pouvait rien faire de probant. Et puis, je ne cache pas que je voulais participer à un effort universel plutôt que de me perdre dans les méandres  de l’incertitude. Arrivé en Amérique, il ne faut surtout pas croire d’emblée que c’était l’eldorado rêvé. Il fallait batailler dur, prouver ses compétences et ses capacités dans un environnement nouveau. Dans ce contexte, la nationalité ne compte plus. On est scientifique au service de l’humanité, c’est tout ; j’avais un PHD, une culture scientifique, je parlais anglais et puis j’ai eu la chance de trouver des profs qui m’ont donné l’opportunité de faire ce que je voulais, c’est-à-dire la physique atomique et moléculaire.»
Le gouverneur de Delaware, Jack Markell, a nommé récemment Noureddine, qui est aussi vice-président à la recherche de l’université d’Etat du Delaware, «ambassadeur de Mars» en reconnaissance de ses réalisations et surtout de son rôle dans le lancement, samedi, de la mission spatiale sur la planète rouge.
Avec une pointe d’humour prononcée, le gouverneur a déclaré : «En tant que  nouvel ambassadeur du Delaware, nous vous serions très reconnaissants si vous pouviez faire savoir aux touristes martiens et à leurs investisseurs que le Delaware est situé sur la côte est. Il est doté d’un grand port, d’une excellente main-d’œuvre et d’installations de recherche de premier ordre.» Et d’ajouter toujours sans rire : «Nous avons de belles plages, des sites historiques importants et bien sûr des boutiques hors taxes.»
Le gouverneur a expliqué que le titre original décerné à Noureddine «est une reconnaissance pour l’engagement et la contribution du scientifique qui a aidé à faire de l’Etat l’un des berceaux de l’innovation».
D’après la Nasa, le Mars Science Laboratory dispose de près de 10 instruments scientifiques consacrés entièrement à la recherche «d’environnements favorables à la vie microbienne, y compris les ingrédients chimiques pour la vie sur la planète Mars.»

Hamid Tahri

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